Derrière les écrans, la solitude mise en lumière par Lucas Zimmermann

Derrière les écrans, la solitude mise en lumière par Lucas Zimmermann

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

Le photographe allemand Lucas Zimmermann aborde le sujet sensible de l’hypercommunication et des smartphones dans sa nouvelle série Solitude Palace.

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À l’occasion du 20e anniversaire du smartphone, Lucas Zimmermann s’est concentré sur l’intimité de personnes connectées au moment du coucher. Leur visage est éclairé par une lumière : celle de leur smartphone, avec lequel elles passent finalement une bonne partie de leur soirée. Il soulève des questionnements autour de l’hyperconnexion, des problèmes de communication, de la dématérialisation de nos sentiments et de la dépendance à cet objet de partage paradoxalement néfaste.

Hyperconnectés… et pourtant si seuls

Lucas Zimmermann décrit ces lieux et ces moments d’isolement comme des “palais de la solitude” : vous savez, quand vous regardez votre smartphone le soir, que vous envoyez des textos avant de dormir et passez votre soirée sur des applications ou les news du jour, en oubliant complètement ce qui se passe autour de vous. C’est un sujet qui passionne ce digital native qui s’efforce de rendre compte ici de l’affection que nous pouvons avoir pour nos smartphones, en tant que personnes ultra-connectées. Il y a vingt ans, le premier smartphone a été créé et on avait quelques attentes concernant l’influence culturelle autour de cette nouveauté.

Lucas fait une mise au point à travers des visages mis en lumière par des écrans rétro-éclairés de téléphone. Il s’intéresse à ce que l’usage dit des visages de ces utilisateurs de tout âge : enfants, hommes, femmes, seuls ou en couple dans leur lit. Ces nouvelles technologies ont une place assez importante dans notre vie quotidienne et la manière dont on aborde la communication aujourd’hui. Le smartphone promettait de nous connecter au monde et finalement, il se produit exactement l’inverse. Il explique : “On se réfugie dans nos smartphones comme si c’était des cabanes. Ils nous séparent du reste du monde et de la vie qui se déroule tout autour et ils nous enroulent dans une réalité alternative. D’où le nom de ma série.”

Lui-même assez connecté, il a peur que sa série résonne de manière trop négative et critique. Il n’est pas anti-smartphone, il fait simplement un constat avec le recul et les années passées : “Cela sonne plus critique que je ne le voulais. Je ne méprise pas ces nouvelles technologies du tout, je pense juste qu’elles ont changé notre manière de communiquer, qu’il y a des bons et des mauvais côtés, et c’est tout. Parfois quand je m’allonge dans mon lit le soir et que j’utilise mon téléphone, je me dis que je ne me sens pas connecté du tout et que je ressens plus un sentiment d’isolement et de solitude. C’est ce que j’ai voulu montrer à travers ma série.” Avec brio, il illustre ce sentiment, sans critique acerbe de la technologie, que beaucoup de gens partagent. Et il est vrai que les personnes figurant sur les photographies ont l’air quand même assez seules et repliées.