Pour se sentir utile contre la crise migratoire, la photographe Giovanna Del Sarto s’est envolée vers la Grèce afin de devenir bénévole et aider les réfugiés.
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Il y a six ans, une guerre a éclaté en Syrie, coûtant la vie à des centaines de milliers de personnes. Plusieurs civils ont été amenés à prendre la fuite pour des questions de sécurité, voire de survie. Beaucoup de ces migrants se sont réfugiés dans différentes régions d’Europe. Au cours de ce funeste périple, des milliers de personnes ont trouvé la mort.
Après des mois passés à regarder les informations et à écouter différents avis sur la crise migratoire en Europe, la photographe d’origine italienne Giovanna Del Sarto s’est envolée pour Preševo (Serbie) en octobre 2015. Durant cinq jours, elle a fait de l’humanitaire pour Volunteers of Preševo, au centre d’information, qui était le premier point de contact pour les bénévoles et les réfugiés qui arrivaient et qui avaient besoin de papiers :
“Être réfugié n’est pas un choix. On ne quitte pas un pays parce que l’on a tant envie d’aller en Europe qu’on serait prêt à mourir pour s’y rendre. On quitte son pays à contrecœur parce que l’on veut continuer à vivre. C’est pour cette seule raison que l’on est prêt à tout risquer”, écrit-elle sur son site.
En novembre 2015 et en janvier 2016, elle est allée sur l’île de Lesbos (une des îles les plus proches de la côte turque) et s’est engagée au camp de Moria ainsi qu’au camp de Kara Tepe. Récemment, elle s’est rendue à Athènes et à Idomeni, là où les déplacements de populations sont les plus tangibles.
Son Polaroid ne la quittait plus, et c’est ainsi que le projet est né. Avec A Polaroid for a Refugee (“un Polaroid pour un réfugié”), elle a souhaité mettre en place un projet très simple fondé sur le concept du don. Donner quelque chose en retour aux réfugiés, peut-être même leur rendre une petite part de leur vie pour un court instant :
“En fait, tous ceux que j’ai photographiés possèdent un de mes Polaroid maintenant. J’aime l’idée qu’un jour, ils regarderont ces images. Au dos de chaque photo, j’ai écrit : ‘Quelle que soit votre destination, dites-moi quand vous sentez que vous avez atteint un endroit sûr.’
C’est un message d’espoir qui, malheureusement peut-être, n’a pas pu être accompli. Les portraits que j’ai pris sont très similaires à des portraits de famille. Ils renvoient une impression de détente et de sérénité qui ne fait qu’effleurer la surface de la réalité de la vie d’un réfugié.
Cependant, c’est un moment unique perçu par les réfugiés comme une échappée loin de tout ce qu’ils endurent. Tous ont réagi très positivement. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les gens souhaitent qu’on les prenne en photo. Par exemple, les jeunes hommes adorent en avoir une juste pour le plaisir de poser, les mères parce qu’elles pourront la montrer plus tard à leurs enfants, et les petits… parce que ça les amuse.
Nous autres humains comprenons que nous sommes forts et que même lorsque nous traversons des évènements tragiques, nous restons fiers de ce que nous sommes. En plus, nous recevons l’antidote contre les médias. Je compte me rendre là où la crise bat encore son plein.”