Galeries et centres d’art rouvrent progressivement mais le confinement aura bien modifié la façon dont se vivent les expositions. Après l’essor des visites virtuelles à travers le monde et l’engouement du public pour ces dernières (qu’il s’agisse de la maison de Frida Kahlo, d’une expo croisée sur Jean-Michel Basquiat et Keith Haring ou de performances contemporaines), nombre de musées continuent de proposer des visites à effectuer à travers un écran.
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C’est le cas de la Fondation Helmut Newton qui propose, depuis Berlin, de découvrir les beaux tirages qui composent son exposition dédiée au corps et au nu. “Body Experience” est visible jusqu’au 20 septembre 2020 et présente les œuvres d’Helmut Newton, Cindy Sherman, Erwin Wurm, Vanessa Beecroft, Viviane Sassen et Robert Mapplethorpe, entre autres.
“Ballet de Monte Carlo”, 1992. (© Helmut Newton Estate)
La fondation propose 45 minutes de vidéo commentée en anglais par le curateur du musée, Matthias Harder. On peut choisir de se laisser balader par les mouvements de caméra de la vidéo ou de s’attarder sur une œuvre, grâce à la vue à 360 degrés proposée. Six grandes pièces se font l’écrin des œuvres des treize artistes internationaux·les sélectionné·e·s.
Le dialogue de leurs créations – images de mode, mises en scène absurdes, en couleurs ou en noir et blanc, datant de la seconde moitié du XXe siècle ou des années 2010 – embellit, déforme et questionne le corps et sa représentation.
“Si un photographe prétend qu’il n’est pas un voyeur, c’est un idiot”
Qu’on adhère aux propos de Vivian Sassen, pour qui “le corps est une toile”, ou plutôt à ceux d’Helmut Newton, maître de “l’érotisme provocant” des années 1980, qui affirmait : “Si un photographe prétend qu’il n’est pas un voyeur, c’est un idiot”, c’est la relation entre le photographe, le modèle et le regardant qui est ici mise en lumière.
“VB55.004.NT – Performance”, 2005. (© Vanessa Beecroft/Neue Nationalgalerie, Berlin, 2005)
Un bel arc de l’exposition est consacré aux années 1990, leur apogée du grunge et de l’audace de leurs couvertures de mode. Plus que simplement l’idée du nu, c’est bien la façon d’immortaliser et de penser les corps et leurs mouvements que l’exposition met à l’honneur. Pour Matthias Harder, c’est d’ailleurs bien la salle consacrée à Helmut Newton qui constitue le cœur de “Body Performance”.
Les monochromes qui y sont exposés sont peu connus et présentent les corps des danseur·se·s du ballet de Monte Carlo, immortalisés dans les années 1990. Après un saut dans le temps, on pourra découvrir les performances agencées par la photographe américaine Vanessa Beecroft, qui travaillait récemment avec les Kardashian-West ; les One Minute Sculptures décalées d’Erwin Wurm, qui s’interroge sur le concept même d’œuvre d’art ou encore les clichés, comme une “ode à la féminité et la couleur”, réalisés par Viviane Sassen en collaboration avec sa modèle, la styliste Roxane Danset.
La visite, virtuelle ou physique, est une immersion thématique sur la représentation des corps qui permet de se frotter aux œuvres et aux styles de grands noms de la photo. “Body Performance” permet également de se questionner sur la question de la diversité de la représentation et du futur de cette dernière.
“Sans Titre” dans “Roxane II”, 2017. (© Viviane Sassen, courtesy Stevenson Gallery, Cape Town)
“Cindy Sherman – The Gentlewoman”, 2019. (© Inez & Vinoodh, courtesy The Ravestijn Gallery)
“Men in the Cities”, New York, 1976/1982. (© Robert Longo, courtesy Schirmer/Mosel Verlag)
“Lisa Lyon”, 1980. (© Robert Mapplethorpe Foundation)
“Exposure #129”, Munich Nederlingerstraße 68, 2017. (© Barbara Probst, VG Bild-Kunst, courtesy Galerie Kuckei + Kuckei)
“Body Experience” est visible virtuellement ou physiquement, à la Fondation Helmut Newton, jusqu’au 20 septembre 2020.