Hier, mercredi 11 mars, Harvey Weinstein a été condamné à 23 ans de prison. L’annonce de cette décision, véritable “tournant sur la poursuite des criminels sexuels”, n’a évidemment pas été retransmise à la télévision ou en photographie, puisque toute prise d’image est interdite pendant les audiences. Afin de retranscrire visuellement les procès, il est cependant d’usage que des dessinateur·rice·s judiciaires croquent les accusé·e·s, les plaignant·e·s, les avocat·e·s, les juges et les moments-clés des instances.
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La sentence donnée à l’ancien magnat de l’industrie cinématographique était particulièrement suivie, tant l’affaire polarise de combats moraux, sociaux et juridiques depuis deux ans. Les dessins d’Harvey Weinstein étaient très attendus, étant donné qu’une grande partie de sa défense consistait à le faire passer pour un homme très malade.
Dessin de Jane Rosenberg, réalisé le 25 février 2020.
La dessinatrice judiciaire Jane Rosenberg, qui documente les procès de l’ancien magnat d’Hollywood depuis 2018, a commenté ses dessins auprès du site Yahoo :
“Il est arrivé en fauteuil roulant, l’air assez mal en point. Il n’était pas rasé, ses cheveux avaient poussé et il était ébouriffé. Il ne portait pas de cravate et le haut de sa chemise était déboutonné, bien qu’il ait fini par fermer son col plus tard. […] Quand il a parlé, il avait une voix claire et forte, il n’avait pas l’air abattu.”
Au contraire, les victimes “ont beaucoup pleuré” au moment de prendre la parole. Lors de l’annonce du jugement, “elles se sont effondrées, elles s’enlaçaient en pleurant” ; tandis que Weinstein était “évacué de la salle sur son fauteuil, sans changer d’expression”.
Jane Rosenberg souligne cependant une dégradation de son état depuis le 6 janvier, date de la lecture de son acte d’accusation : “Il fane à vue d’œil […]. Il mange des [bonbons mentholés] toute la journée. Il n’arrête pas de se les enfourner dans la bouche.”
“C’était difficile d’être témoin de tout ça”
Habituée aux procès sensibles mettant en jeu des célébrités (telles que Woody Allen ou Bill Cosby), la dessinatrice a confié que l’affaire Weinstein avait été particulièrement difficile à couvrir. “Personnellement, je suis vraiment rassurée que ce soit fini. […] C’était difficile d’être témoin de tout ça.” L’artiste souligne la difficulté de son travail, qui consiste à montrer ce qu’elle voit, à “capturer l’émotion d’un moment”, sans se laisser submerger par ses propres opinions.
Dessin du duo de dessinatrices mère/fille Shirley et Andrea Shepard, réalisé le 8 mars 2020.
Le compte Instagram “Courtroom Art”, spécialisé dans les dessins réalisés lors de procès, publie en ce moment les croquis réalisés par les dessinatrices présentes, Elizabeth Williams, Shirley et Andrea Shepard, Christine Cornell et Jane Rosenberg.
Une véritable victoire ?
Cette condamnation survient deux ans après le point culminant du mouvement #MeToo. L’avocate de l’une des plaignantes (l’ancienne productrice de cinéma Mimi Haley) s’est réjouie du fait que “les femmes savent désormais que, si elles en ont le courage, il y aura des conséquences pour leurs agresseurs. [… Elles] ne vivront plus dans le silence”.
Dessin d’Elizabeth Williams, réalisé le 24 février 2020.
Le 24 février dernier, Harvey Weinstein avait été reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles – bien que le jury avait décidé, après cinq jours de délibération, “de disculper Weinstein de la charge de ‘prédateur’ sexuel, une circonstance aggravante qui aurait pu le mettre derrière les barreaux à perpétuité”, rappellent nos collègues de Konbini news. Bien que le condamné fera vraisemblablement appel de cette décision, l’annonce du tribunal a fait souffler un vent de justice pour les victimes.
Dessin d’Elizabeth Williams, réalisé le 11 mars 2020.
Dessin de Jane Rosenberg, réalisé le 24 janvier 2020.
Dessin de Jane Rosenberg, réalisé le 7 janvier 2020.
Dessin de Jane Rosenberg, réalisé le 6 janvier 2020.
Dessin de Jane Rosenberg, réalisé le 25 mai 2018.
Dessin de Christine Cornell, réalisé fin février 2020.