Témoignage : comment la photographie m’a aidé à faire le deuil de ma mère

Témoignage : comment la photographie m’a aidé à faire le deuil de ma mère

Le photographe David Martin a récemment perdu sa mère. Dans un texte émouvant publié sur son site, il raconte comment la photographie a été salvatrice et l’a aidé à faire son deuil.

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La mort de ma mère a été soudaine. Je ne pensais pas qu’elle allait mourir. L’été dernier, elle avait été admise à l’hôpital puis en était sortie sans incident. Elle avait 67 ans. Je n’avais jamais partagé ces images auparavant. Elles sont très personnelles. Mais elles saisissent un moment important de ma vie et je suis heureux de les avoir. Je voulais les partager afin de compléter la prochaine étape de mon deuil et de ma guérison. Je me sens maintenant plus léger.

Je lui avais rendu visite aux urgences quelques jours plus tôt avec mon père, mon frère et ma sœur. Et aussi deux jours plus tard, au service des soins intensifs. Puis, le lendemain de ma visite durant laquelle elle avait l’air d’être en voie de guérison, son état s’est empiré. J’étais chez mes voisins avec mon frère, en train de boire quelques verres, quand ma sœur a appelé de l’hôpital, en disant que nous devrions venir la voir, qu’elle n’allait pas bien du tout. Nous avons dû appeler un taxi.

“Je n’oublierai jamais ces instants”

Nous ne sommes pas restés à l’hôpital très longtemps. Mon père et ma sœur étaient dans la salle d’attente des soins intensifs réservée aux proches pendant qu’ils essayaient d’améliorer l’état de ma maman. L’infirmière est venue nous voir plusieurs fois en disant que son état ne s’améliorait pas et qu’ils prenaient des mesures supplémentaires pour l’aider. Ensuite, l’infirmière est venue avec un docteur et ils nous ont expliqué qu’elle venait de décéder. Nous avons passé un certain temps avec ma mère, essayant de comprendre ce qui venait de se passer. Je n’oublierai jamais ces instants.

J’ai senti l’odeur de ses cheveux. Ils avaient son odeur. Elle était là tout près et en même temps, elle n’était plus là. Ses mains étaient les mêmes. Ma mère me disait toujours que je ne pourrai jamais savoir à quel point elle m’aimait. Je me suis penché vers elle et je lui ai murmuré à l’oreille que je savais combien elle m’aimait. Quand nous sommes sortis, nous sommes passés devant la chambre dans laquelle elle était la veille, assise sur une chaise, essayant d’être confortable et au chaud.

“Regarder une photo peut vous ramener à un moment furtif”

Mon père nous a tous reconduits chez lui après cela. Nous étions debout dans la cuisine en silence. Nous avons commencé à parler de ce qu’il faudrait faire ensuite. Sa mort était si récente que tout cela semblait irréel. J’ai commencé à réaliser quand je me suis mis à faire un tour de la maison. J’y voyais toutes les traces de ma maman. Elle avait quitté la maison sans penser un instant qu’elle n’y reviendrait pas. Revoir toutes ses affaires. Les ranger à leur place.

Je sentais que les jours suivants allaient être flous alors j’ai pris la peine d’enregistrer les moments qui me seraient importants plus tard. C’est ce que j’aime dans la photographie. Regarder une photo peut vous ramener à ce moment furtif que vous avez photographié. Le funérarium, retrouver de vieilles photos à la maison, les visites chaotiques de toute la famille, les arrangements : le processus de deuil venait tout juste de commencer. Cela fait maintenant un an et demi et le temps guérit la douleur, vraiment. Mais le vide ne disparaît pas, vous le ressentez juste un peu moins.

Vous pouvez découvrir le travail de David Martin sur son site et sur son compte Instagram.