Hier, mardi 13 décembre, décollait la fusée Ariane 5, emportant avec elle le satellite MTG-I1. Lancé depuis Kourou, en Guyane, l’engin observera les changements climatiques et météorologiques du continent africain en orbite.
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Le satellite ne part pas seul pour son exploration extraterrestre, il est accompagné de la reproduction d’une œuvre d’art réalisée par trois artistes du continent : Jean David Nkot, d’origine camerounaise, Géraldine Tobé et Michel Ekeba, originaires de la République démocratique du Congo.
Memory of today, Memory of the future, janvier 2022. (© Michel Ekeba, Géraldine Tobé, Jean David Knot/African Art Space Project)
Le trio, choisi grâce à un appel à projet, a passé un mois en résidence au Bénin au début de l’année 2022 afin de créer Memory of today, Memory of the future. L’œuvre collective vise à marquer “un geste symbolique dans l’histoire de l’Afrique et de l’espace”, avec l’espoir que cette relation, entre l’Afrique et l’espace, n’en soit qu’à son commencement.
Ayant foi en ce développement, les trois artistes ont inscrit “un message pour les générations futures” au dos de leur œuvre : “L’Afrique est le miroir du monde. L’espace n’appartient à personne. Il doit être ouvert à toutes les cultures pour cohabiter ensemble pour vivre en synergie, ouvert à toutes les nations pour un bien-être commun.”
Les messages inscrits au dos de Memory of today, Memory of the future, janvier 2022. (© Michel Ekeba, Géraldine Tobé, Jean David Knot/African Art Space Project)
Memory of today, Memory of the future évoque l’avenir au regard d’une histoire géographique, sociale et politique commune, en convoquant “l’Afrique d’hier et d’aujourd’hui engagée vers un avenir commun”. Ensemble, les six mains ont donné forme à une silhouette de femme “qui marche vers l’avenir” et des “Afronautes”, qui représentent la “symbiose de tous les peuples d’Afrique unis”, sur fond d’une “Afrique imaginaire” qui rassemble “toutes les capitales, toutes les villes, toutes les ethnies, toutes les langues, et tous les climats de la zone africaine”.
Pour Géraldine Tobé, il était crucial de représenter une femme, “une ménagère béninoise”, précise-t-elle, sur l’œuvre interstellaire. “En effet, j’espère, par ce projet, que la population africaine, surtout les plus démunis, pourront se saisir de cette problématique qu’est le réchauffement climatique.”
L’African Space Art Project est justement né de cette observation : “L’Afrique est le continent qui émet le moins de CO2 tout en étant celui qui souffre et souffrira le plus du réchauffement climatique.” Parti en orbite, le satellite prendra donc ses mesures climatiques et météorologiques coiffé de cette œuvre symbolique. En attendant, il ne reste qu’à espérer que les actions entreprises dans le futur seront plus de l’ordre du concret que du symbole.
Ce n’est pas la première fois que l’espace reçoit des œuvres d’art. En 1969, un musée rassemblait des œuvres miniatures signées Andy Warhol, Robert Rauschenberg, Forrest Myers ou encore John Chamberlain et l’exploit devrait être reconduit d’ici à 2025. De quoi donner aux extraterrestres un aperçu de nos capacités artistiques.