Banksy n’a pas pour habitude de commercialiser son travail – à moins que le jeu en vaille la chandelle et serve un intérêt particulier. Sur son compte Instagram, l’artiste a justement annoncé ce week-end la mise en vente de T-shirts sur lesquels est inscrit le nom de la ville de Bristol au-dessus du dessin d’un piédestal nu. Autour du socle, une corde ayant servi à le débarrasser de sa statue, une pancarte au sol et des débris.
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L’illustration fait référence au déboulonnage de la statue du marchand d’esclaves britannique Edward Colston, ayant eu lieu le 7 juin 2020 à Bristol. L’action s’était déroulée en même temps que nombre d’autres bustes esclavagistes tombaient à travers le monde, en lien avec le mouvement Black Lives Matter, et afin de “lutter contre les statues représentant des figures d’oppression”.
À partir de ce lundi 13 décembre, “les quatre personnes accusées d’avoir déboulonné la statue de Colston à Bristol [sont] jugées”, a prévenu Banksy sur Instagram. “J’ai créé des T-shirts souvenir pour marquer le coup”, poursuit l’artiste, avant de préciser la véritable visée de ces ventes “disponibles dans différents points de vente de la ville” : “(Tous les bénéfices vont aux personnes accusées pour qu’elles puissent aller se payer une pinte.)”
“Quatre personnes, âgées de 21, 25, 29 et 36 ans, ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête sur cette affaire. Poursuivies pour dégradations, elles ont plaidé non coupable en janvier”, déclare l’AFP. Dès l’annonce des lieux de vente en question, ces derniers ont été pris d’assaut par des foules venues acheter les T-shirts mis en vente 25 livres sterling (près de 30 euros). Connaissant l’engouement que suscite son travail (et sa revente à des prix astronomiques), Banksy avait bien précisé qu’une personne ne pouvait acheter qu’une pièce maximum. Selon la BBC, les T-shirts sont déjà proposés en ligne, l’un d’eux mis à prix 9 000 livres sterling.
Commémorer les actions antiracistes
Loin de rester silencieux sur ce genre de sujets – surtout dans son pays d’origine –, le street artiste avait déjà proposé une idée pour remplacer la statue en juin 2021 : “On sort [la statue] de l’eau, on la remet sur son socle, on enroule un câble autour de son cou, et on commande quelques statues en bronze grandeur nature de manifestants en train de la faire tomber. Tout le monde est content. Un jour célèbre commémoré.”
Jetée dans les eaux de l’Avon, qui traverse la ville, la statue de l’esclavagiste britannique avait été repêchée avant de faire partie d’une exposition temporaire consacrée au mouvement Black Lives Matter en Grande-Bretagne. Le mouvement, indique l’AFP, “a provoqué une introspection au Royaume-Uni autour du passé colonial du pays et de sa représentation dans l’espace public” :
“Edward Colston s’était enrichi dans le commerce des esclaves. Il aurait vendu 100 000 esclaves d’Afrique de l’Ouest dans les Caraïbes et aux Amériques entre 1672 et 1689, avant d’utiliser sa fortune pour financer le développement de Bristol, ce qui lui a longtemps valu une réputation de philanthrope […]
Plusieurs organisations britanniques de premier plan, comme la Banque d’Angleterre ou la Lloyds, qui assurait les navires esclavagistes, ont présenté leurs excuses et plusieurs autorités locales, comme la Cité de Londres, ont décidé de retirer des statues liées à l’esclavagisme. À Bristol, deux écoles et une salle de spectacle qui portaient le nom de Colston ont été rebaptisées.”
Avec AFP.