Mariette Kouame le répète souvent : pour elle, “il y a de la beauté partout et en tout”. C’est pourquoi elle “capture des beautés depuis toujours, que ce soit le bleu du ciel ou la particularité d’un visage”. Née en 1999, l’ancienne étudiante en management des ressources humaines multiplie les cordes à son arc pour raconter le monde à travers son regard : “Je fais de la photo mais je m’intéresse aussi à la réalisation, à l’écriture, à la musique, au dessin, à la communication, au marketing et je n’ai pas fini de compléter la liste”, se réjouit-elle depuis Abidjan, où elle est née et a grandi.
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Déterminée, elle vient de créer son premier média “100 % dédié à l’art”, La Nich : “C’est le seul et le premier en Côte d’Ivoire. Il prend une place de plus en plus importante sur la scène créative abidjanaise. On organise aussi des évènements pour mettre les artistes de tout genre en avant. Dans ce média, je gère presque tout, de l’édito au montage en passant par le cadrage. Je m’investis à fond !”, se réjouit-elle.
“Wear a mask”. (© Mariette Kouame)
Pour Konbini, Mariette Kouame s’est confiée sur sa carrière de photographe, débutée officiellement en 2019 mais qui l’a, dans les faits, toujours accompagnée. Ses images lumineuses, dirigées avec précision et maestria, mettent à l’honneur l’émotion qu’elle détecte en toute chose. Du haut de son jeune âge, elle considère “cette année comme le début de l’aventure”, et on a bien hâte d’en suivre le déroulé.
Konbini | Bonjour Mariette. Peux-tu nous parler des thèmes principaux que tu abordes dans ton travail ?
Mariette Kouame | J’aborde la complexité de l’humain, l’amour de soi et l’amour pour mon continent. Tu auras remarqué que je mets beaucoup en avant les couleurs : car que serait le monde sans couleur ? Dans la nature, dans les objets, dans les êtres humains, leurs sentiments, leurs histoires : les couleurs sont partout, la diversité est partout et, pour moi, c’est ce qui rend ce monde intéressant.
Mariette Kouame.
Qui sont les personnes que tu photographies ?
Ce sont la plupart du temps des personnes de mon entourage. Si je recherche un type particulier de visage, de morphologie ou d’histoire et que personne n’y correspond autour de moi, je cherche hors de mon entourage.
Réfléchis-tu beaucoup à tes images avant les shootings, aux histoires que tu veux raconter ou improvises-tu ?
Les deux. Il y a des images que j’ai en tête avant, d’autres viennent pendant les shootings. Les images réfléchies peuvent ne pas remplir mes attentes ; tout comme les photos réalisées en improvisant peuvent se révéler surprenantes de beauté. Parfois un shooting découle d’une réflexion, et l’histoire ou le message est déjà pensé. Mais j’aime également créer librement, à l’aide d’accessoires (une éponge ou un ventilateur par exemple), sans vouloir forcément raconter une histoire précise. Dans tous les cas, le processus est, en lui-même, une histoire.
“Your story on your face”. (© Mariette Kouame)
Diriges-tu beaucoup tes modèles ? Choisis-tu les décors, les tenues par exemple ?
Oui, pour les trois ! Sinon, je ne pourrais pas obtenir ce que j’ai imaginé dans ma tête. Je fais aussi attention à la météo, à l’heure du shooting, ce sont des détails qui comptent. Il arrive que je maquille moi-même les modèles. C’est l’ensemble de tous ces facteurs qui me permet d’atteindre mon objectif. Après, j’ai des modèles qui font du bon boulot et qui sont libres de s’exprimer pendant les shootings. Ce sont aussi eux qui permettent d’obtenir la bonne image, quand ils comprennent la vision, prennent des initiatives, font parfois des propositions.
Les couleurs de tes images sont particulièrement éclatantes et lumineuses, pourquoi ce parti pris ? Travailles-tu parfois le noir et blanc ?
Pour moi, les couleurs font la beauté de l’univers. Imagine un monde sans couleurs ? Il serait triste. Les couleurs apportent instantanément de la gaieté. Je fais du noir et blanc, mais c’est très rare. Tout dépend de mon message et de l’émotion que je veux transmettre.
Une de mes photos préférées est en noir et blanc ceci dit. Elle s’appelle “Born Through Water”. J’avais une idée bien précise de ce que je voulais faire : mettre en image ce que représente l’eau à mes yeux. Pour moi, l’eau est un mystère. L’eau est à la fois douceur et férocité, bonheur et malheur, surprenante et puissante, paix et danger. Naître à travers l’eau, c’est naître avec ses pouvoirs, c’est naître indomptable, et pur aussi.
“Born through water”. (© Mariette Kouame)
Voilà pourquoi la modèle est entourée d’un tissu blanc. C’est tous ces symboles que j’ai voulu évoquer. À la base, je voulais le faire dans un cours d’eau naturel mais je n’ai pas pu, alors j’ai fait avec les moyens du bord : j’ai travaillé dans une piscine, avec une amie comme modèle.
Que souhaites-tu transmettre à travers ton travail ?
De l’émerveillement et de la remise en question pour aboutir au bien-être. Voici, en résumé, ma mission. C’est tout ce que j’espère : le bien-être des personnes qui croisent mon art.
“What’s on your mind”. (© Mariette Kouame)
“A gift is not always a gift”. (© Mariette Kouame)
“La Calebasse”. (© Mariette Kouame)
“Leaf”. (© Mariette Kouame)
“Looks and flowers”. (© Mariette Kouame)
“Sponge”. (© Mariette Kouame)
“The Mask”. (© Mariette Kouame)
Vous pouvez retrouver le travail de Mariette Kouame sur son compte Instagram. Elle sera à l’affiche du Lili Women Festival en mai 2023.
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