Arles 2018 : à travers ses images, Matthieu Gafsou dresse un état des lieux du transhumanisme aujourd’hui

Arles 2018 : à travers ses images, Matthieu Gafsou dresse un état des lieux du transhumanisme aujourd’hui

Avec sa série H+, Matthieu Gafsou explore le transhumanisme et nous montre que nos corps sont déjà transformés. Une étude photographique passionnante actuellement exposée à Arles.

À voir aussi sur Konbini

Le transhumanisme est un mouvement interdisciplinaire visant à développer des techniques permettant de surpasser nos limites biologiques et d’améliorer nos conditions de vie en utilisant la science et la technologie. Cela signifie vivre plus longtemps et en bonne santé tout en augmentant ses capacités physiques, intellectuelles ou émotionnelles.

Ce sujet a des applications actuelles, qui sont déjà en place, comme l’utilisation de stimulateurs cardiaques ou de smartphones. Mais le transhumanisme se réfère aussi à des fantasmes qui prônent l’immortalité et revendiquent même l’abandon du corps humain en faveur de la machine. C’est ces thématiques que le photographe suisse Matthieu Gafsou a décidé d’explorer avec sa série H+.

Traiter en images de manière exhaustive un sujet aussi vaste et épars que le transhumanisme était impossible, le photographe a donc décidé de se concentrer sur les traductions contemporaines de ce phénomène : ce qui existe vraiment aujourd’hui. Il a donc sillonné le monde, de la Suisse à la Russie en passant par l’Allemagne et la République tchèque, afin de comprendre de quelle manière et dans quelles mesures nous sommes déjà des êtres humains augmentés.

Nos corps sont déjà transformés

Loin de se focaliser uniquement sur des éléments dignes de films de science-fiction, Matthieu Gafsou s’est intéressé à notre quotidien pour nous montrer que nous transformons déjà notre corps de nombreuses manières sans en avoir conscience : de la tasse de café à l’appareil dentaire, en passant par le stérilet, la nourriture en poudre ou les smartphones – qu’il qualifie très justement de “prothèses mémorielles”–, nos corps sont déjà bien différents de ceux de nos ancêtres. Les images et recherches du photographe nous obligent alors à faire une introspection sur nos propres pratiques et à réfléchir à ces transformations qui nous semblaient jusque-là banales et anodines.

Il est aussi allé à la rencontre de personnes plus investies dans le champ des technosciences puisqu’il a suivi des biohackers qui travaillent – certains dans leur garage d’autres dans de grands laboratoires – sur des objets et technologies liés à l’augmentation des capacités humaines via la technique. Il a alors photographié des personnes prêtes à se lancer dans des expériences folles : on découvre un homme qui s’est implanté un aimant sous la peau, un autre qui possède un implant électronique, d’autres qui se font cryogéniser.

Sans faire l’apologie des technosciences, mais sans pour autant porter un regard critique, Matthieu Gafsou dresse un état des lieux non exhaustif des pratiques existantes. À l’image de son sujet, ses photos éclairées à la lumière artificielle semblent futuristes et désincarnées. Un travail passionnant qui ouvre une réflexion sur notre quotidien, notre rapport au corps, à la science et à la technique. À découvrir à la Maison des peintres dans le cadre des Rencontres d’Arles jusqu’au 23 septembre.