Le photographe Samuel Gratacap a passé plusieurs années à s’intéresser aux victimes de la guerre et aux transits que celle-ci cause. Son projet Fifty-Fifty est exposé à Arles dans le cadre des Rencontres de la photographie jusqu’au 27 août 2017.
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En 2007, Samuel Gratacap s’intéresse à un centre de détention administratif situé à Marseille. Il y rencontre ceux qu’on arrête dans leur quête de liberté, ceux à qui l’on refuse l’asile et à qui l’on reproche de tenter le tout pour le tout. Le photographe fait la connaissance d’hommes en quête d’un futur, dans cet espace transitoire appelé “15-15”, nommé ainsi pour illustrer les “quinze jours de détention pour un jugement pris en quinze minutes”, rapporte la galerie des Filles du Calvaire, qui le représente.
Intéressé par les thématiques de migration et la misère dans laquelle se retrouvent des centaines de milliers d’hommes, il rassemble aussi les témoignages de ces personnes qui prennent la route. Cette quête l’a mené de Marseille à Lampedusa, l’île italienne sur laquelle accostent chaque jour et chaque nuit des bateaux de migrants, puis jusqu’à la ville portuaire de Zarzis, au sud de la Tunisie, et au camp de Choucha, à sept kilomètres de la frontière libyenne, où il arrive pour la première fois en 2012.
Samuel Gratacap a commencé par se concentrer sur les conditions de vie des réfugiés du camp et à la façon dont ils se procurent de l’eau et de la nourriture, “quasiment sans prendre de photographies”, expliquait-il à Lens Culture. Il passe ainsi deux ans près du camp, puisque selon lui “pour vraiment comprendre ce que vivent les réfugiés pendant cette attente, il faut voir par soi-même et attendre”. S’il parvient à passer autant de temps sur le camp, c’est parce qu’il commence à donner des cours de photographie aux réfugiés. Il en profite pour photographier le camp, continuer à collecter des témoignages de ses “habitants” et il rédige aussi ses impressions, réalisant ainsi un projet complet et subjectif.
La situation ne s’améliore pas
Dans ses écrits, Samuel raconte la façon dont le sable détruit tout sur son passage, décrit comment, après la fermeture du camp Choucha en juin 2013, 300 personnes sont restées à l’intérieur de celui-ci, sans nourriture, sans eau et sans électricité. Un des hommes qu’il a rencontrés a résumé son séjour au camp en affirmant qu’en “trois ans à Choucha, on se transforme en vieillard”. Un autre appuie la nécessité que les migrants ont de fuir leur pays : “Si mon pays était en sécurité, je ne serais pas resté dans ce camp, même pas un quart d’heure.”
Dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles, le photographe expose Fifty-Fifty, une sélection de ses images consacrées aux migrants et aux lieux de transit. L’exposition met en lumière les conditions épouvantables dans lesquelles les migrants tentent de survivre, loin de l’intérêt du reste du monde, et elle questionne aussi la façon dont les médias traitent cette crise migratoire. En effet, malgré l’émoi que causent parfois les problématiques liées aux réfugiés, la situation dans les camps ne s’améliore pas et peu de politiques sont consacrées à leur sort.
La galerie Les Filles du Calvaire a coproduit l’exposition “Fifty-Fifty” de Samuel Gratacap, visible jusqu’au 27 août 2017 aux Rencontres d’Arles.