Outre-Atlantique, le tant attendu numéro de septembre de Vogue (charriant les plus grosses ventes de l’année) place cette année en couverture “huit mannequins américaines représentant une nouvelle génération de la mode” et interrogées quant à l’évolution de cette industrie “en mutation”.
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Aux côtés de Bella Hadid, Kaia Gerber et Lourdes Leon (danseuse et fille de Madonna) posent des visages un peu moins célèbres : Anok Yai, Precious Lee, Sherry Shi, Yumi Nu ainsi qu’Ariel Nicholson, qui devient la première mannequin transgenre à faire la une de l’édition fondée en 1892 et dirigée par Anna Wintour.
Connue depuis ses 13 ans pour avoir participé à la série documentaire Growing Up Trans (“Grandir en étant trans”), Ariel Nicholson a signé ses premiers contrats de mannequin au lycée et a depuis foulé les podiums des maisons Marc Jacobs, Miu Miu et Calvin Klein.
La représentativité en question
Tout en se sentant “incroyablement bénie” et fière de poser pour la référence des magazines de mode, la mannequin insiste cependant sur la nécessité de remettre en perspective ces efforts : “Il y a des limites à ce que la ‘représentativité’ permet de faire. Évidemment que c’est un sacré truc d’être la première femme transgenre à être en couverture de Vogue, mais c’est aussi difficile de dire à quel point ça l’est, sachant que les conséquences sont si intangibles”, déclare-t-elle au magazine.
Tout comme ses collègues posant à ses côtés, l’activiste des droits LGBTQIA+ affirme son refus d’être cantonnée à un seul rôle et de servir de “jeton”, un gage d’inclusivité et de diversité : “J’ai été mise dans cette boîte, celle de la mannequin trans. Et c’est ce que je suis, mais ce n’est pas tout ce que je suis.”
Parant de potentielles critiques (qui pourraient charger la publication de surfer sur la vague marketing de l’inclusivité, sachant que la rédaction a déjà été épinglée pour son manque de diversité), le mensuel prend les devants en reconnaissant qu’une “couverture de Vogue“ ne changera rien directement. “Le racisme ne va pas disparaître d’un coup et la centaine de projets de loi contre les droits des personnes transgenres déposée à travers le pays cette année ne va pas partir en fumée.”
Il était temps pour l’édition états-unienne de Vogue de prendre action, suivant les pas des versions française, mexicaine, britannique et indienne qui ont chacune mis en couverture une icône transgenre – respectivement Valentina Sampaio, Estrella Vasquez, Laverne Cox et Indya Moore ces dernières années. En septembre 2020, Ariel Nicholson avait déjà posé pour une couverture de Vogue, en Italie cette fois-ci.
Pour photographier cette génération reflétant la “beauté américaine actuelle”, l’équipe d’Anna Wintour a fait appel à Ethan James Green, habitué des shootings de mode tant derrière et devant l’objectif puisqu’il est lui-même ancien mannequin. Le photographe a immortalisé les modèles dans les bureaux du magazine, en référence à l’influence grandissante des mannequins dans l’industrie de la mode – grâce aux réseaux sociaux notamment – marquant leur transition “d’objet à sujet”, note le magazine.