De 1964 à 1967, le photojournaliste Nat Finkelstein a immortalisé le quotidien de l’atelier new-yorkais le plus productif et rayonnant des années 1980, la Factory, et de son chef de file, l’artiste Andy Warhol. Cette documentation visuelle d’un des écrins de la culture underground de la deuxième moitié du XXe siècle est exposée à Londres, à la Proud Gallery, jusqu’au 9 juin.
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Derrière son épais casque de cheveux gris et ses grosses lunettes, le roi du pop art a toujours intrigué les foules, même plus de 30 ans après sa mort. Peu prolixe et continuellement derrière l’objectif, Andy Warhol a polarisé l’intérêt de toute une génération grâce à son art et ses réflexions controversées.
“Andy avec une bombe de peinture en spray et une mobylette”, Andy Warhol au travail à la Factory, vers 1965. (© Nat Finkelstein Estate/Proud Gallery)
Documenter le “ventre pourri de la bourgeoisie américaine”
C’est en 1964 que Nat Finkelstein, habitué à couvrir des événements politiques, découvre le petit monde extravagant de la Factory. Comme nombre de personnalités de l’époque, telles qu’Edie Sedgwick, le Velvet Undergound et Nico, Bob Dylan ou encore Marcel Duchamp, le photographe est attiré par l’émulation créative, artistique et festive autour d’Andy Warhol.
“In and Out of Warhol’s Orbit: Photographs by Nat Finkelstein” [À l’intérieur et à l’extérieur de l’orbite de Warhol : des photographies de Nat Finkelstein”, ndlr] expose des images prises sur le vif de ce tourbillon. Ces trois années auront permis au photographe de documenter ce pivot important du monde de l’art, symptomatique des bouleversements que connaissait alors la société américaine, mais aussi d’affiner sa pratique artistique.
Les images de Nat Finkelstein ont la particularité d’être prises de l’intérieur par un artiste tout de même capable de se dégager de ce cercle parfois nocif. Dès sa première venue à la Factory, il décrit d’ailleurs l’entourage d’Andy Warhol comme “le ventre pourri de la bourgeoisie américaine”.
“Andy Warhol et un groupe d’amis à un arrêt de bus”, Andy Warhol et des amis, dont Gerard Malanga, Donyale Luna, Ingrid Superstar, Danny Williams, David Dalton, Sarah Dalton, entre autres, à New York, en 1966. (© Nat Finkelstein Estate/Proud Gallery)
Apparemment loin de partager l’appétit d’Andy Warhol pour la célébrité et la gloire de la production exacerbée, Nat Finkelstein a eu le don de s’intégrer à son cercle tout en gardant de la distance. La curatrice de l’exposition, Amy Thornett, rapporte d’ailleurs des paroles du photographe en ce sens :
“Je suis un photographe de situation. Ces images non posées ont été prises lorsque Andy Warhol et ses ami·e·s étaient des personnes, pas des produits ; des jeunes artistes et pas des célébrités. On appréciait sans vénérer.”
Après son passage à la Factory, le photographe a décidé de se consacrer à une carrière plus politique, mais heureusement pour les amateur·rice·s d’art du XXIe siècle, les réminiscences de cette période si particulière et hors du temps sont heureusement toujours visibles.
“Edie Sedgwick à la chaîne”, photo de l’actrice et mannequin Edie Sedgwick prise à l’apogée de sa relation avec Andy Warhol et le reste de la Factory, en 1965. (© Nat Finkelstein Estate/Proud Gallery)
“Andy avec le ‘Sunday Times Magazine'”, vers 1966 à la Factory, à New York. (© Nat Finkelstein Estate/Proud Gallery)
“Andy et la Bolex/Andy zoom”, Andy Warhol de profil, une caméra Bolex à la main, en train de filmer “Lupe Velez” à New York, en 1965. (© Nat Finkelstein Estate/Proud Gallery)
“Le reflet d’Edie Sedgwick”, reflet de l’actrice et mannequin Edie Sedwick pendant le tournage de “Lupe Velez”, à new York, en 1965. (© Nat Finkelstein Estate/Proud Gallery)
“Andy devant un papier peint à motifs vache, The Factory”, Andy Warhol pose pour un portrait en haut d’une échelle, devant l’emblématique papier peint vache, en 1965. (© Nat Finkelstein Estate/Proud Gallery)
“In and Out of Warhol’s Orbit: Photographs by Nat Finkelstein” est visible jusqu’au 9 juin 2019 à la Proud Gallery (Londres).