Le 1er mars prochain, un temple bouddhiste situé au cœur des monts Oural en Russie sera détruit par une compagnie minière.
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Le photographe Amos Chapple est parti en Russie, il a traversé les monts Oural, il a gravi les 888 mètres du mont Kachkanar et a parcouru les sept kilomètres du sentier forestier qui mène à un monastère à l’histoire rocambolesque. L’endroit est un havre de paix, isolé au sommet de sa montagne et loin des préoccupations de notre société de consommation et de nos pourparlers économiques. Forcément, il fait des envieux. Dans le cadre d’un reportage pour Radio Free Europe, Amos Chapple s’est rendu dans ce monastère muni de son appareil photo afin d’immortaliser ce que seront peut-être les dernières images du temple avant sa destruction.
Un lieu disputé
Amos Chapple précise que les méditations sont souvent interrompues par le grondement des travaux de la compagnie minière située en contrebas. Des ouvriers extraient le fer et le vanadium (un minerai utilisé pour solidifier l’acier) qui se trouvent dans le sol. Et ce fameux temple est construit sur les mêmes terres riches de ces éléments. L’entreprise minière, qui emploie environ 6 000 personnes dans la région et qui est codétenue par un oligarque proche de Vladimir Poutine, déclare devoir raser le monastère afin d’extraire toute la richesse qui repose en-dessous.
La date de démolition est prévue pour le 1er mars, mais l’idée de raser un temple de spiritualité commence à échauffer une population assez divisée, entre ceux qui pensent que la démolition aiderait la région à se développer économiquement, et ceux qui refusent de voir disparaître ce temple à l’histoire atypique.
Un temple à l’histoire atypique
En 1995, c’est un ancien soldat de l’armée soviétique, Mikhail Sannikov, qui fonde ce monastère appelé “Shad Tchup Ling” (signifiant “lieu de pratique méditative et de conscience de soi”). Sannikov quitte l’armée, blessé, en 1987 après avoir été commandant pendant l’occupation de l’Afghanistan. Ses blessures et son passé le hantent, l’angoissent et l’empêchent de dormir pendant longtemps. Il trouve refuge dans la méditation et l’étude du bouddhisme, et décide de créer un lieu dédié à la spiritualité. Aujourd’hui, cet ancien militaire se fait appeler Lama Dokshit.
La construction de la statue du Bouddha, haute de six mètres, a été finalisée en été 2016. Malgré la menace constante de démolition, les moines continuent de construire leur temple, espérant même ouvrir une école de bouddhisme.
Quant à Chapple, qui milite contre la destruction du site, il propose une série poétique. Elle traduit l’atmosphère apaisante qui entoure le temple, emmitouflé sous un épais manteau de neige et entouré de brume. Les quelques hommes pris en photo semblent minuscules à côté de l’imposante statue de Bouddha qui surplombe les lieux de vie du temple.
Vous pouvez aussi suivre Amos Chapple sur son compte Instagram.