Alexis Pazoumian rend hommage aux habitants de Tremé, berceau culturel de la Louisiane

Alexis Pazoumian rend hommage aux habitants de Tremé, berceau culturel de la Louisiane

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

En ce moment, le photographe Alexis Pazoumian expose à Paris sa série Faubourg Treme, qui dresse le portrait, en images et en musique, des habitants du quartier mythique de La Nouvelle-Orléans.

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La porte de la galerie était déjà ouverte quand on est arrivés, et depuis l’extérieur, on pouvait entendre de la musique. Quand on entre, un orchestre de cuivres, une fanfare jazz accueille nos oreilles. On se sent tout de suite quelque part en Louisiane. C’est le quartier de Tremé, le berceau culturel mythique de La Nouvelle-Orléans, que le projet d’Alexis Pazoumian met en lumière dans son exposition “Faubourg Treme” qui aura lieu jusqu’au 11 novembre 2017, à la Art En Transe Gallery.

D’origine arménienne et vivant à Paris, ce photographe compare d’emblée ce quartier à son pays d’origine :

“Les similitudes sont nombreuses entre la Louisiane et mon pays d’origine, l’Arménie. Qu’elles soient victimes d’une catastrophe naturelle ou d’un crime contre l’humanité, un acharnement de l’histoire a meurtri ces populations mais n’est jamais venu à bout, bien au contraire même, de leur combativité…”, est-il écrit à l’entrée.

À travers des photos avec un beau grain, Alexis immortalise les visages de ceux qui habitent Tremé : les étudiants, les croyants qui se rendent à l’église du quartier et les musiciens d’une fanfare…

Dans son approche, il veut témoigner de la reconstruction d’un peuple qui souffre de précarité et qui a fait face à plusieurs catastrophes naturelles. C’est à travers leur regard puissant, qui construit un fil rouge entre chaque portrait, que le photographe veut leur rendre hommage. Mais il y a aussi les lieux vivants, les rues discrètes qui se réveillent la nuit, les lumières douces qui émanent des bars : tous ces espaces participent, comme des témoins des ruines, à la reconstruction de la ville.

La musique comme un “remède contre l’âpreté de la vie”

La musique est omniprésente dans l’exposition du photographe, un parti pris justifié puisque dans ce quartier, “la musique tient peut-être le premier rôle”. La musique résonne dans la galerie et un casque est mis à disposition pour écouter le sermon d’un prêtre et du gospel.

Alexis Pazoumian explique que la musique est pour ce peuple “la clef de cette renaissance comme une porte ouverte à l’évasion face à l’hostilité de la vie”. Il évoque Congo Square, un jardin public où les personnes réduites en esclavage se réunissaient pour danser tous les dimanches, mais aussi les “Creoles of color” qui donnaient des concerts de cuivre, la fanfare de la Saint Augustine High School et le gospel enivrant de la Munt Zion Baptist Church :

“Sans le savoir, ils [Créoles of color, ndlr] posaient les bases de ce qui deviendrait l’un des genres musicaux les plus féconds au monde : le jazz. Depuis, la musique n’a jamais quitté ces lieux. Au contraire, elle s’est mélangée aux multiples cultures locales et s’est immiscée partout”, rajoute-t-il.

Une vraie immersion pour ce photographe qui a vécu dans cette culture mélomane et fréquenté les habitants, tous imprégnés par la musique, comme un mode de vie et une cure infaillible. Il conclut :

“C’est l’histoire d’un quartier qui a survécu. C’est un hommage à la musique, art salvateur et d’émancipation pour ces habitants. Art qui s’est immiscé dans chaque aspect de la vie (religion, éducation, traditions). Art qui a permis à un peuple de vivre et de résister. Un art dont la force n’a jamais cessé d’habiter le regard de chacun.”

“Faubourg Treme”, exposition d’Alexis Pazoumian à la Art En Transe Gallery, du 12 octobre au 11 novembre 2017. Cette série a aussi fait l’objet d’un livre photo, en vente sur le site des éditions André Frère et à la galerie durant toute la durée de l’exposition. Il sera distribué en librairie à partir du 10 novembre 2017.

Design du livre : Studio Fables. Prochaine signature prévue le samedi 28 octobre, à partir de 17 heures, à l’espace Beaurepaire (Paris). Il fera également des dédicaces à Paris Photo, au Grand Palais, au stand André Frère éditions, le 10 et 12 novembre 2017.