La ville de Washington DC est connue, en plus de sa Maison-Blanche, pour ses dizaines de musées (gratuits pour la plupart). Outre des galeries dédiées aux femmes dans les arts, à l’histoire et à la culture afro-américaine, à l’espace ou aux portraits, touristes et locaux peuvent découvrir depuis le mois de juin le premier musée de la ville dédié au peuple palestinien.
À voir aussi sur Konbini
Alors que Palestiniens et Palestiniennes souffrent toujours à l’intérieur et à l’extérieur de leur terre d’origine, la création d’un musée consacré à leur histoire et à leur culture dans la capitale états-unienne constitue une étape importante dans la reconnaissance de leur identité.
<em>Un Palestinien tient la clef de la maison de laquelle il a été expulsé par les forces israéliennes lors de la Nakba</em>, 2015. (© Museum of the Palestinian People/kennorphan.com)
Le fondateur du musée, un Palestinien nommé Bshara Nassar, raconte avoir eu l’idée de ce centre après son arrivée aux États-Unis, en 2011 :
“Il n’y avait pas d’endroit pour voir ou entendre les histoires des Palestinien·ne·s. Pendant trop longtemps, nos histoires ont été racontées par d’autres, [et celles-ci] nous représentaient souvent de manière assez négative. Nous voulons montrer au monde qui sont vraiment les Palestinien·ne·s.”
Un musée résistant et plein d’espoir
L’exposition permanente du musée se concentre sur la richesse de l’histoire du peuple palestinien mais aussi sur ses douleurs et ses exils. Les œuvres et objets présentés (documents historiques, tissus ou artefacts) sont regroupés dans quatre sections : “Un peuple remarquable”, “La Nakba [l’exode palestinien de 1948, ndlr] et la diaspora”, “L’occupation” et “Un peuple résistant”.
<em>“Je veux devenir avocate pour défendre mon pays et la lutte palestinienne.”</em> (© Museum of the Palestinian People)
L’exposition d’ouverture du musée a quant à elle été conçue directement en lien avec des centaines de membres de la diaspora palestinienne, à qui le musée avait demandé d’imaginer le futur de leur territoire.
L’exposition, intitulée “Ré-imaginer un futur”, souhaite insuffler “un sens d’espoir et des possibilités qui a trop longtemps manqué à l’art contemporain palestinien”, dans une volonté de “courage imaginatif et de résistance créative”. Les travaux picturaux, musicaux, vidéo ou encore sculpturaux ont été réalisés par des“artistes palestinien·ne·s originaires des États-Unis, du Canada, de la Cisjordanie, de la bande de Gaza ou d’Israël”.
Passeport sous le mandat britannique de Hanneh H. Saah, 1946. (© Courtesy de James F. Saah et de sa famille/Museum of the Palestinian People)
Ana Michel Babyak, l’une des membres de l’équipe du musée, nous a raconté l’engouement suscité par l’ouverture du centre :
“Des gens d’origines différentes nous ont avoué que nos histoires leur rappelaient fortement les leurs. Des Sud-Africains nous ont raconté leur vécu sous l’Apartheid, des visiteurs bengalis nous ont dit que la Nakba leur rappelait la fuite de leurs parents lors de la partition de l’Inde et du Pakistan. Des visiteur·euse·s juif·ve·s ont lié l’exil des Palestinien·ne·s et de la Nakba à la déportation de leurs parents dans les ghettos puis les camps de concentration.
Les visiteur·euse·s palestinien·ne·s ont quant à eux exprimé beaucoup de fierté et d’émotion quant au fait d’être représenté·e·s à Washington DC.”
Depuis la mi-juin, plus d’un millier de personnes auraient visité le musée – “la moitié était palestinienne et l’autre moitié américaine”, précise Ana Michel Babyak.
Laila Abdel Meguid Tafesh, 78 ans, du camp de réfugié·e·s de Rafah, tient la clef de son ancienne maison de Jaffah, le 15 mai 2009. (© Museum of the Palestinian People/972mag.com)
Les informations concernant le Museum of the Palestinian People sont à retrouver ici.