À Paris, une exposition nous plonge dans “l’atelier” du peintre Botticelli

À Paris, une exposition nous plonge dans “l’atelier” du peintre Botticelli

Image :

© Christophe Archambault/AFP

photo de profil

Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

L’exposition regroupe une quarantaine d’œuvres de l’artiste florentin et témoigne de son "atelier physique et mental".

Où Sandro Botticelli puisait-il l’inspiration ? Comment fonctionnait son atelier ? Comment faisait-il pour se renouveler ? Vingt ans après la dernière rétrospective parisienne consacrée au virtuose de la Renaissance italienne, une exposition lève le voile sur “l’atelier physique et mental” du peintre.

À voir aussi sur Konbini

Fruit de cinq ans de travail, cette exposition, qui ouvre au musée Jacquemart-André à Paris, regroupe une quarantaine d’œuvres de l’artiste florentin : de ses débuts dans l’atelier de Filippo Lippi à ses dernières œuvres, marquées par le sceau de l’austérité prônée par le prédicateur Savonarole.

“Un retour aux fondamentaux”, explique à l’AFP l’historienne Ana Debenedetti, co-commissaire de l’événement. Elle a voulu montrer le rôle de formateur mais aussi d’entrepreneur de Botticelli, à travers son atelier, lieu devenu mythique du Quattrocento et véritable “laboratoire d’idées” où des artistes italiens sont venus se former.

Un travail de collaboration

Adulé de son vivant, Alessandro Filipepi dit Sandro Botticelli est né en 1445 à Florence. Peintre majeur du XVe siècle italien, il est le protégé de la famille Médicis. Pourtant, il tombe dans l’oubli après sa mort en 1510, supplanté par Michel-Ange et Raphaël.

Un oubli qui perdurera pendant quatre siècles. Ses toiles ne sont redécouvertes qu’au XIXe siècle. La Naissance de Vénus et Le Printemps sont désormais parmi les plus célèbres de l’histoire de la peinture. Exposées à la galerie des Offices à Florence, elles n’ont pas pu faire le voyage jusqu’à Paris.

Mais l’exposition du musée Jacquemart-André présente de nombreuses toiles, dont celle que l’on surnomme la bella Simonetta ou deux Venus pudica, ainsi que de nombreux dessins. Au fil du parcours, le public découvre que les toiles sorties de l’atelier de Botticelli étaient en réalité un “travail de collaboration”, ce qui questionne la notion d’œuvre originale telle qu’elle est aujourd’hui entendue.

Sandro Botticelli n’était pas un génie solitaire : il était entouré d’une kyrielle de “collaborateurs”, des artistes talentueux qui l’assistaient dans le travail de reproduction et de copie, si nécessaire à la bonne marche – économique – de l’atelier.

“Génie d’invention”

Mais attention, prévient l’historienne, la commercialisation ne voulait pas dire travail à la chaîne. “Il fallait sans cesse se renouveler, la copie ou la variante devait être une réinterprétation de l’œuvre originale”, analyse-t-elle, précisant que chaque peinture qui sortait de l’atelier avait été supervisée par le maître.

Il existe bien des “Botticelli pur[s] et dur[s]”, mais “si vous prenez des œuvres emblématiques comme Le Printemps ou La Naissance de Vénus, il y a forcément des petites mains en plus, ce n’était pas possible de faire autrement”, insiste l’historienne.

Ces petites mains, dont le travail consistait à fondre leurs traits dans ceux du maître, sont des artistes “qui sont bons mais qui n’ont pas le génie d’invention, qui n’arrivent pas à composer” et peinent à mener une carrière indépendante.

“Ce génie d’invention, Sandro Botticelli l’avait”, d’après la co-commissaire de l’exposition. L’artiste trouvait l’inspiration dans la vie à Florence, fréquentait peintres, poètes et philosophes. Ces rencontres nourrissaient ses créations dont il estimait qu’en plus de leur esthétisme, elles devaient susciter “la curiosité et la discussion” chez ses client·e·s, principalement des familles patriciennes.

Comme ses contemporain·e·s et celles et ceux qui lui ont succédé, Sandro Botticelli a largement puisé dans l’imaginaire mythologique et religieux. Mais à sa manière et avec son propre regard. À l’image du portrait Simonetta, où le pendentif que porte la jeune femme fait référence au sceau de Néron, à l’origine sculpté dans la cornaline, et que l’artiste a transformé en camée.

Mais surtout, rappelle l’historienne, Sandro Botticelli est le peintre qui a créé et mis au goût du jour le genre du nu féminin avec ses représentations de la déesse romaine Vénus. “Un travail presque révolutionnaire pour l’Italie et l’Europe du XVe siècle.”

Konbini arts avec AFP