Son compte Instagram regorge d’images acides et barrées : Cécile Hoodie nous parle de son univers détonnant.
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Alors qu’elle passe la plupart de son temps au bloc opératoire en sa qualité d’infirmière, Cécile Hoodie utilise son temps libre pour produire des images étonnantes. Si elle possède aujourd’hui un style bien à elle, cette jeune maman explique s’être tournée vers la photographie principalement par manque de temps :
“J’ai toujours eu un penchant artistique. J’ai un bac littéraire arts plastiques et j’ai beaucoup dessiné, peint et écrit. Avec mon métier et mon enfant de 4 ans, ce n’est pas évident de trouver le temps de sortir des pinceaux et de créer. La photo, c’était sûrement un moyen plus ‘facile’ pour m’exprimer. J’ai commencé mon compte Instagram avec des photos personnelles – et des filtres très moches, comme tout le monde je crois – et petit à petit, j’ai commencé à faire des photos plus artistiques, avec des couleurs dominantes, notamment le rose.
Pour l’anecdote, je faisais toutes mes photos avec mon téléphone à l’époque, mais, le soir du Nouvel An 2016, ce téléphone est passé par une fenêtre, chez des amis, et des jeunes qui passaient par là l’ont ramassé et sont partis avec. Je me suis retrouvée avec un téléphone plus ancien et j’étais tellement frustrée que j’ai investi dans un vrai appareil photo.”
Sa pratique des arts plastiques l’a donc aidée à avoir des notions de cadrage et de gestion de la couleur. Toutefois, c’est surtout à travers ses recherches et différentes expérimentations qu’elle a appris la photographie :
“J’ai toujours été autodidacte et j’ai mis un certain temps avant de comprendre comment faire des photos avec des éclairages colorés qui ressortaient bien à l’image. Pour les retouches, je n’ai aucun logiciel, je fais tout depuis mon téléphone, je ne modifie pas grand-chose, juste parfois la luminosité, la saturation, le cadrage, etc. Et pour les mises en scène, ce n’est que du système D fait chez moi avec ce que j’ai sous la main.”
L’explosion des sentiments est mise en images
Si au départ les photos de Cécile Hoodie étaient surtout esthétiques, elle a petit à petit pris conscience du pouvoir d’expression que pouvait revêtir le medium. Elle a donc commencé à introduire du texte dans ses différentes images, en écrivant sur les murs, sur des fleurs, avec du dentifrice, des banderoles… Une manière pour elle d’aborder de nombreux sujets comme l’identité, les tumultes des relations humaines, les conflits amoureux, les passions, les ruptures. Mais elle aborde aussi d’autres sujets plus engagés comme l’homophobie, le racisme ou encore la misogynie :
“J’essaie de jouer sur le sens principal des objets en les mettant en scène ou en les détournant complètement. Et j’essaie de faire passer des messages plutôt subversifs, tristes, ou provocateurs à travers des images qui au premier abord paraissent enfantines, colorées et joyeuses.”
La jeune femme s’inspire de tout ce qui l’entoure. Des images des magazines aux petites choses du quotidien en passant par sa vie personnelle :
“J’utilise ce que j’ai vécu, mon enfance, les 90’s, mon adolescence très mouvementée, mes blessures personnelles, ce que je vois tout autour de moi mais aussi dans mon emploi qui est souvent très éprouvant. D’un point de vue plus artistique, il y a les maîtres du cinéma Sofia Coppola, David Lynch, Gus Van Sant… Sur Instagram, il y a aussi beaucoup de gens qui m’inspirent comme Signe Pierce pour ses lumières et son esthétique, ou encore Witchoria pour les sentiments et la sensibilité.”
Pour la suite, Cécile Hoodie n’a pas nécessairement pour ambition d’exposer ses images et préfère se consacrer pleinement à Internet, notamment Instagram qui touche un public plus large et international. Son rêve serait de pouvoir travailler avec des adolescents en difficulté pour les aider à aller mieux grâce à la photographie ou une autre forme d’art. Un joli projet qui, on l’espère, pourra se concrétiser.
Vous pouvez retrouver le travail de Cécile Hoodie sur son compte Instagram.