“Monsieur le président de la République, l’histoire s’écrit maintenant, donnez-nous les moyens, au plus vite, de la photographier” : c’est ainsi que se termine une tribune collective adressée au président de la République et publiée dans Le Monde.
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Plus de 450 photographes, dont Jane Evelyn Atwood, Sebastião Salgado, Véronique de Viguerie, Raymond Depardon ou encore Lise Sarfati, ont signé cette lettre ouverte qui demande à Emmanuel Macon de respecter ses engagements promis le 6 mai dernier lors de la crise du Covid-19.
En effet, lors d’une allocution télévisée tenue quelques jours avant le déconfinement, le chef de l’État avait annoncé le lancement d’un “grand programme de commande publique” sans cependant donner pléthore de détails. N’ayant plus entendu de nouvelles depuis plus de deux mois, des artistes ont souhaité s’assurer qu’Emmanuel Macron n’avait pas oublié ses déclarations.
Raymond Depardon, ici lors du 65e Festival de Cannes, est l’un des signataires de la tribune. (© Stéphane Cardinale-Corbis/Getty Images)
Les 450 artistes ont souligné l’importance historique, culturelle et sociétale de leur travail de documentation du monde : “Nos images sont des outils de réflexion et de compréhension du présent. Elles sont les archives de demain. Cette mission que nous portons est mise à mal depuis de nombreuses années par le manque de moyens de production. Nous subissons de plein fouet la crise de la presse.”
Un secteur fragilisé
Les signataires rappellent que le coronavirus a fragilisé leur secteur – comme tant d’autres –, déjà précaire : “C’est d’autant plus alarmant que de moins en moins de photographes ont droit à la carte de presse, la plupart n’ont pas droit au chômage. La situation des photographes auteurs est tout aussi préoccupante.” Pourtant, souligne le groupe, “dès le début de la crise”, les photographes ont fait en sorte de documenter l’épidémie, la crise hospitalière et le confinement, ces moments inédits, “par leurs propres moyens”.
Afin de concrétiser les paroles du 6 mai, les artistes appellent à un “new deal” photographique, “à la manière de la commande lancée par la Farm Security Administration aux États-Unis entre 1935 et 1942″. Pendant cette période, précise Le Monde, “une équipe de photographes américains voyage[ait] à travers le pays pour documenter les effets de la crise économique, puis de l’entrée en guerre”.
En plus d’insister sur la nécessité économique pour les photographes d’être aidé·e·s, les 450 noms mettent en lumière l’importance pour une société d’être photographiée. L’objectif de ce “new deal” permettrait de “produire un document historique sur la France durant cette période charnière, de participer à la mémoire collective, et donnerait une impulsion majeure à la photographie française”.
Il est noté que le projet souhaiterait inclure “les différents courants photographiques et les différentes générations de photographes”. On espère que cela signifie également l’inclusion de photographes moins connu·e·s, et de tous horizons.
La liste complète des signataires est visible ici.