Le château de Chaumont-sur-Loire fête cette année la quinzième édition de sa Saison d’art, son festival dédié à la création contemporaine. Le lieu, qui se veut une sorte “d’utopie artistique, multidisciplinaire et multisensorielle” accueille une quinzaine d’artistes originaires de France, d’Allemagne, des États-Unis, d’Italie ou de Pologne.
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Leurs travaux viennent accompagner les œuvres pérennes qui datent des éditions précédentes et qui peuplent le château, ses écuries, ses granges et ses majestueux jardins. Pour la première fois cette année, une galerie d’art numérique présente également une œuvre créée pour l’occasion et inspirée des fleurs du jardin, signée Quayola. Coup de projecteur sur trois œuvres exposées qui ont retenu notre attention.
Flux, Alison Stigora
Alison Stigora, Flux. (© E. Sander)
Venue de Seattle, Alison Stigora a passé un mois à s’imprégner des paysages du Loir-et-Cher pour créer son impressionnante œuvre exposée à quelques mètres du pont-levis du château. L’artiste rapporte s’être inspirée de la Loire voisine et son flux pour créer cette œuvre éponyme.
Avec le bois d’un acacia abattu à cause de la sécheresse, Alison Stigora a réalisé une sculpture faite de contraires, à l’apparence aussi lourde, pesante et sombre qu’elle se veut lumineuse, porteuse de mouvement, d’élévation et d’espoir :
“Il n’était pas aisé de réaliser une œuvre destinée à être présentée à côté de l’architecture si impressionnante du château et ses vieux cèdres. Je voulais que la sculpture ait l’air aussi ancrée et aussi élevée que ces arbres. Je voulais représenter le mouvement de l’eau, de l’histoire et du temps qui passe ; rapporter l’histoire du lieu mais aussi notre histoire collective et individuelle. C’est une œuvre remplie d’espoir.”
Alison Stigora, Flux. (© E. Sander)
Réservoir, John Grade
Au milieu du parc historique du domaine, des yeux hébétés pourraient croire voir, suspendu “au-dessus d’une clairière dans un bosquet de pins”, un immense lustre de cristal. À bien y regarder, il ne s’agit pas d’un mobile ampoulé mais de Réservoir, une sculpture de John Grade composée de plus d’un millier de réceptacles de différentes tailles de broyat de résine.
John Grade, Réservoir. (© John Grade/Photo : Eric Sander)
Semblables à des petites carapaces de tortue, les réceptacles accrochés à un filet sont destinés à recueillir l’eau de pluie. L’œuvre change donc d’aspect selon la météo : elle se baisse, alourdie par la pluie, et remonte quand le temps est sec.
Cette canopée blanche et légère qui laisse passer et diffuse la lumière met en valeur l’environnement du jardin et les problématiques liées au réchauffement climatique. La sculpture “accueille la pluie comme synonyme de vie”, s’émeut Chantal Colleu-Dumond, commissaire historique de la Saison d’art.
John Grade, Réservoir. (© E. Sander)
Le chant des Ormes, Stéphane Guiran
À l’origine de l’œuvre de Stéphane Guiran exposée au château de Chaumont-sur-Loire, il y a la rédaction d’un roman, Le Chant des Ormes. L’artiste confie avoir eu “besoin de donner corps, matière, chair à son écriture”. En résulte une installation hypnotique, qui mêle sculpture et chant.
Stéphane Guiraud, Le chant des Ormes. (© Stéphane Guiran)
Stéphane Guiran confie avoir passé un mois dans le noir, à travailler des troncs d’ormes (un arbre en voie d’extinction) et d’amandiers afin de réaliser cette “création visuelle, musicale et littéraire” conçue pour “laver notre confiance en demain” et “se réconcilier avec la Nuit”.
Dans la pénombre, la sculpture faite de bois et de cubes mats et lumineux est à contempler au son du chant a cappella de l’artiste britannique Piers Faccini. Ce dernier s’est posté au milieu de l’œuvre, s’en est imprégné et a improvisé un chant de treize minutes “ensorcelant”, selon Stéphane Guiran. Une prise a été suffisante pour magnifier l’installation.
Stéphane Guiran, Le chant des Ormes. (© E. Sander)
La quinzième Saison d’art du château de Chaumont-sur-Loire est visible jusqu’au 30 octobre 2022.