Elle est née en Turquie, a fait une partie de sa scolarité à Paris et a voyagé en Europe, mais elle a passé la majorité de sa vie dans son pays d’origine, l’Irak, et a consacré son travail à représenter les femmes qui l’entouraient. Ses œuvres, ses écrits et ses actions font d’elle l’une des figures les plus importantes de l’histoire de l’art irakien. Voici trois choses à savoir sur la peintre Naziha Salim.
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C’est l’une des premières femmes irakiennes à recevoir une bourse d’études pour l’étranger
L’amour pour l’art de Naziha Salim est viscéral, il vient de sa famille : son père peignait, sa mère brodait et ses frères étaient tous des artistes, jonglant entre la caricature politique, la peinture, la sculpture et le dessin. Son frère Jawad Salim est considéré comme l’un des plus grands sculpteurs du pays – une ombre masculine qui a sans doute contribué à éclipser le travail de la peintre.
Il est rapporté que très jeune, elle a développé un grand intérêt et un talent pour les arts. Tant et si bien qu’elle étudie les Beaux-Arts à Bagdad et y reçoit une bourse. Selon les récits qui narrent son existence, elle serait la première femme à avoir reçu une bourse d’études lui permettant de poursuivre ses études à Paris, à l’École nationale supérieure des beaux-arts.
Naziha Salim, Femme d’un martyr, 1982. (© Sharjah Art Foundation)
En France, Naziha Salim se spécialise dans l’art mural et la peinture de fresques. Après ses études, elle poursuit son instruction artistique en “[s’immergeant] dans le monde des arts et de la culture” grâce à plusieurs années passées à l’étranger, rapporte la page Google Doodle consacrée à l’artiste. Elle finit par retourner à Bagdad, au Fine Arts Institute où elle était étudiante, et devient professeure, un poste qu’elle occupera le reste de sa vie.
Son travail représentait les femmes irakiennes
Si Naziha Salim est retournée en Irak, c’est aussi parce qu’elle a centré son œuvre autour de ses compatriotes, et plus précisément autour des femmes irakiennes, dans des scènes aux couleurs vives. Souvent montrés dans des milieux ruraux, travaillant la terre ou nourrissant le bétail, ses personnages féminins sont représentés avec force et indépendance, qu’il s’agisse de femmes de sa famille, de travailleuses ou de déesses.
Artnews précise que ses toiles incorporent des références à “l’histoire politique et religieuse irakienne”, afin de mettre en perspective la place des individus au sein de leur société et de leur culture. Figuratif, son travail est composé de larges traits et d’aplats réalisés au pinceau.
Naziha Salim, Sans titre, 1996. (© Collection du Cheik Mohammed bin Rashid)
Elle est un pilier de l’art moderne irakien
Forte de sa détermination et de sa soif d’échanges et de découvertes, Naziha Salim a cofondé Al-Ruwwad, une “communauté d’artistes ayant étudié à l’étranger et qui incorporent des techniques artistiques européennes dans l’esthétique irakienne”.
La peintre a également écrit un livre sur l’art moderne dans son pays intitulé Iraq: Contemporary Art. Sa contribution à la production et à la réflexion artistiques en Irak a poussé l’ancien président Jalal Talabani à la qualifier de “première femme irakienne à ancrer les piliers de l’art contemporain irakien”.
Cette influence a également convaincu Google de modifier sa page d’accueil grâce à un “Doodle” et un article en l’honneur de la peintre, le 23 avril 2022. La contribution de Naziha Salim à l’histoire irakienne est notamment visible au Sharjah Art Museum, situé aux Émirats arabes unis, et au MAIA, les archives d’art moderne irakiennes.