Les débuts de Young Fathers
“On ne peut pas qualifier notre musique”
Après s’être séparés de leur premier label qui leur laissait peu de marche de manoeuvre, les Young Fathers signent chez le label américain Anticon basé à Los Angeles.
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On s’est d’abord dit : un label américain, les Etats-Unis c’est grand et comme on n’a jamais voulu être un groupe local, surtout qu’à Edimbourg le hip hop fait partie du milieu underground et qu’on avait une ambition beaucoup plus universelle, on a saisi cette chance”, nous raconte Kayus.
“On a commencé à bosser en studio, pour essayer de faire des choses que les personnes n’avaient jamais entendues“. Leur originalité, ils la tirent, entre autres, de leurs origines diverses. En effet, Alloysious a vécu jusqu’à ses quatre ans au Libéria , Kayus a des parents nigérians , et Graham est d’Edimbourg.
Entre pop, reggae, rap, trip hop, hip hop, soul et sonorités africaines et électroniques, les Young Fathers piochent dans tout ce qu’ils écoutent, sans jamais s’inspirer vraiment d’un groupe ou d’une personne. D’ailleurs, lorsqu’on les appelle “les Massive Attack du hip hop”, on sent un petit goût d’amertume :
Beaucoup de médias se sont amusés à nous appeler comme cela ou à nous comparer à ce groupe, mais on ne veut pas appartenir à une case en particulier. Les gens disent ce qu’ils veulent, il y a sûrement des personnes qui adorent Massive Attack et nous détestent et inversement.
En fait, on ne peut pas qualifier notre musique, si on te disait, notre musique est comme ça, ce serait un mensonge.
Ce refus de se conformer à un genre unique est certainement ce qui fait la force de ce groupe. “Quand on est en studio, on se coupe complètement du reste, on s’écarte de tout. On essaye vraiment de faire quelque chose qui n’a jamais été fait avant. Nobody sounds like us“, lance modestement Graham.
Leur premier album s’est ainsi fait d’une traite, sans que le groupe ne réécoute réellement les morceaux déjà composés, nous raconte Kayus :
Quand on a réécouté, on s’est dit : ah ouais en fait il y a des morceaux qui paraissent vraiment lourds, sombres. On pense que c’est pour cela que tout le monde nous dit que cet album est plus dark. Mais en fait ce que les gens perçoivent comme quelque chose de sombre, je le vois plutôt comme un espoir.
“Même si on s’est inspirés des processions funérales de la New Orléans pour des chansons, on a essayé d’amener la lumière là où c’est sombre. Dead, c’est plus une sorte de célébration par rapport au passé et pour cet album on est allés sur des territoires où on n’était pas allés avant“, complète Alloysious. Pour la suite, le trio a déjà plusieurs idées, “on en a même trop ! On est constamment inspirés mais il nous faut plus de temps“, lâche Graham.
Et alors que Dead s’est écoulé à quelques 2400 exemplaires seulement, on espère que les 20 000 livres qu’ils ont reçu en remportant le Mercury Prize, leur permettront de poursuivre et sortir un deuxième album prochainement.