Les enfants en première ligne de la famine qui menace le Yémen

Les enfants en première ligne de la famine qui menace le Yémen

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Un enfant souffrant de malnutrition sévère dans un hôpital de Sanaa (© Capture d’écran BBC)

Conséquence de la guerre civile, la famine guette au Yémen. D’après les Nations unies, plus de la moitié de la population souffre de pénurie alimentaire.

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La guerre civile au Yémen fait rage depuis plus de deux ans maintenant, et la situation humanitaire ne fait qu’empirer. Les combats dans le pays entre forces gouvernementales, djihadistes islamistes et rebelles houthis ont déjà fait plusieurs milliers de morts civils. Mais aux balles et aux bombes s’ajoute le blocus opéré par l’Arabie saoudite et ses alliés, qui soutiennent les loyalistes, afin de couper les vivres aux Houthis, appuyés par l’Iran. Voilà les forces militaires en présence pour les livres d’histoire. Mais sur le terrain, ce sont les civils qui trinquent.

Selon les Nations unies, plus de la moitié des 28 millions de Yéménites est à court de nourriture et les enfants sont en première ligne : des centaines de milliers d’entre eux risquent la famine. Ainsi, 370 000 enfants sont en proie à une malnutrition sévère qui endommage leur système immunitaire, et 1,5 million endure la faim, d’après le Guardian qui cite l’Unicef. Pire encore, d’après l’ONG, la moitié des enfants Yéménites de moins de cinq ans souffre de retard de croissance à cause de malnutrition chronique.

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“Je demande aux Nations unies de lever le blocus au Yémen (résolution 2216), car des millions d’enfants meurent de faim […]”, tweete un compte qui prétend habiter Sanaa, l’ancienne capitale du pays, désormais aux mains des rebelles Houthis.

La famine toute proche

La presse britannique le dit, les conditions s’aggravent – notamment dans les territoires contrôlés par les rebelles houthis. D’après Reuters, alors que l’hôpital Al-Thawra de Sanaa accueillait 10 à 20 enfants par mois pour traiter la malnutrition en avril, les équipes de santé en comptent désormais 120.

Le 23 septembre, un reportage de la BBC montrait en vidéo la lutte de la population yéménite contre la malnutrition infantile. Attention, images sensibles :

Avec la guerre et le blocus, les sources de la malnutrition sont également financières. Afin de couper les vivres aux Houthis, le président Abd Rabbo Mansour Hadi fait jouer son pouvoir sur la banque centrale pour faire pression sur ses adversaires. En conséquence, les civils sont à court de liquidités et les commerçants sont privés de couverture financière. Or, le Yémen importe 90 % de sa nourriture, comme le rappelle l’Independent. Autant de facteurs qui expliquent pourquoi la pénurie alimentaire s’aggrave.

D’après Ibrahim Mahmoud, du Fonds social de développement au Yémen, l’aide aux populations ne pourra fonctionner qu’en actionnant deux leviers : assouplir le système bancaire du pays pour donner de l’oxygène aux finances des ménages les plus pauvres, et attirer une aide internationale d’urgence. Il ajoute :

“S’il n’y a pas d’intervention directe et immédiate de la part de la communauté internationale et d’organisations d’État, nous serons menacés par la famine et une catastrophe humanitaire.”

Guerre sale

D’après une info du Guardian, plus d’un tiers des raids aériens menés entre mars 2015 et août 2016 ont frappé des civils. Le Yemen Data Project, projet indépendant, a relevé que sur 8 600 bombardements, 3 577 ont touché des cibles militaires, contre 3 158 qui ont touché des cibles civiles. On se souvient du bombardement d’un hôpital de Médecins sans frontières (MSF) survenu le 15 août dernier et qui a fait 11 morts et 19 blessés. MSF accuse la coalition menée par Riyad.

En mars 2016 déjà, de courts articles dans la presse française faisaient état de la situation humanitaire inquiétante au Yémen, comme cet entrefilet du Figaro qui évoquait alors une nation “au bord de la famine”“Dix des 22 provinces du Yémen sont classées en situation d’urgence, qui est la dernière étape avant la famine”, précisait Adham Muslim, directeur adjoint du bureau du Programme alimentaire mondial à Sanaa.

Au-delà des mots, un reportage photo de deux photographes de Reuters,  et