Dans ce pays, la loi en vigueur en matière d’avortement date du 19ème siècle…
À voir aussi sur Konbini
D’après le Guardian, une femme qui avait été contrainte d’aller en Angleterre pour avorter alors qu’elle n’avait que 15 ans s’apprête à poursuivre la sécurité sociale de son pays devant les tribunaux. En 2014, la Haute Cour de justice avait rendu un verdict refusant aux femmes d’Irlande du Nord l’accès gratuit à l’avortement.
Chargement du twitt...
Cette jeune femme, surnommée A, a dû aller à Manchester avec sa mère, surnommée B, et a dû débourser 600 £ (environ 665 euros) pour son avortement, en plus des 300 £ (330 euros) pour le déplacement. Une partie de cette somme a été fournie par le Abortion Support Network, organisme sans lequel elle n’aurait jamais réussi à bénéficier de cet acte médical.
David Steel, l’homme politique libéral-démocrate à l’origine de la loi autorisant l’avortement au Royaume-Uni en 1967, a récemment déclaré :
“Il est grand temps d’admettre que la loi en Irlande du Nord est tout simplement absurde.”
“Ils sont en 1861, si au moins ils pouvaient être en 1967, à défaut d’être en 2016.”
Depuis, A et B ont saisi la Haute Cour de justice et la Cour d’appel. Elles défendent l’idée qu’en tant que citoyennes du Royaume-Uni, le déplacement et l’acte médical auraient dû être gratuits pour elles. Elles critiquent également Jeremy Hunt, le secrétaire d’État à la santé, qu’elles accusent d’avoir failli à sa mission de veiller à l’égalité de traitement de toute la population.
Les coûts sont prohibitifs
En Irlande du Nord, les hôpitaux proposent l’avortement aux femmes dont la vie est menacée. Cependant, dans ce pays, la loi de référence dans ce domaine date encore du 19ème siècle. Les professionnels de santé qui pratiqueraient un avortement pour d’autres raisons que celle-ci sont passibles d’arrestation et de poursuites.
La loi sur l’avortement, qui date de 1967, s’applique partout au Royaume-Uni, à l’exception de l’Irlande. Depuis la réinstauration de l’assemblée d’Irlande du Nord (en 1998), les hommes et femmes politiques ont évité de remettre le sujet sur la table.
C’est pour cette raison que près de 2000 femmes doivent rassembler la somme nécessaire pour se rendre dans les cliniques et hôpitaux anglais pour se faire avorter. En 2015, un juge de la Haute Cour de Belfast avait estimé que l’interdiction presque totale de l’avortement en Irlande du Nord était une atteinte aux droits des femmes.
Angela Jackman, avocate de A et B pour leur procès, a déclaré :
“De nombreuses femmes doivent choisir entre un avortement illégal et dangereux, via des pilules, tout en risquant d’être poursuivies, ou un séjour très coûteux en Angleterre, où elles sont obligées de payer l’intégralité de leur avortement. Pour de nombreuses femmes, ces coûts sont prohibitifs.”
Elle a poursuivi :
“C’est la fin d’un long silence pesant. Je me félicite que la Cour suprême se saisisse enfin de ce sujet, qui est éminemment important.”
L’audience du procès de A et B contre le secrétariat d’État à la santé aura lieu en une journée.
Six associations importantes, dont le planning familial britannique et le réseau de soutien à l’avortement, ont eu la permission de faire entendre leurs arguments dans le cadre de ce procès. Espérons que ce procès puisse changer la situation des femmes en Irlande du Nord.