Au pied du mur, le réseau social chercherait à acquérir une firme de cybersécurité pour rassurer ses utilisateurs, mais aussi pour blinder ses défenses.
À voir aussi sur Konbini
À en croire l’article de The Information paru le 21 octobre, Facebook serait en pleine chasse à la licorne. Sa cible : une entreprise de cybersécurité capable de restaurer la réputation du réseau social, entachée des pieds à la tête par une série de scandales liés aux données privées. Pas le moindre des défis, quand on connaît l’envergure clairement gigantesque de la plateforme aux deux milliards d’utilisateurs et que l’on se souvient qu’en 2011 – autant dire l’Âge du bronze à l’échelle de l’Internet social –, Facebook admettait subir près de 600 000 attaques par jour.
Pourtant, selon les sources interrogées par The Information, les négociations entre le réseau social et les candidats au poste avanceraient rapidement, et l’entreprise serait en bonne voie pour finaliser un accord avant la fin de l’année. L’objectif vise au développement rapide d’outils de protection sur-mesure, adaptés aux besoins spécifiques de la plateforme. Pour ce faire, l’entreprise rechercherait deux technologies particulières : des outils permettant de détecter des accès non autorisés aux comptes de ses utilisateurs, et des logiciels permettant à ces derniers de sécuriser eux-mêmes leur compte. Une manière de rassurer son monde tout en responsabilisant les membres du réseau social.
Besoins techniques et opération de comm’
Jusque-là, rappelle Numerama, Facebook ne s’était offert qu’une seule entreprise spécialisée dans la cybersécurité : le californien Private Core, qui développe des systèmes de protection pour serveurs. L’achat s’était fait en 2014, et dans une relative discrétion. Sauf que pour Facebook, en 2018, se payer un défenseur de la vie privée à coups de millions dépasse de très loin la simple réponse à des besoins techniques. Facebook a terriblement besoin de montrer à tout le monde – utilisateurs, mais aussi régulateurs, tant aux États-Unis qu’en Europe – qu’il répond de manière appropriée aux menaces qui pèsent sur son activité.
Fin septembre, Mark Zuckerberg annonçait que la faille béante de sécurité de sa plateforme, causée par un bug de la fonction “Voir en tant que…”, avait permis à des hackers de s’infiltrer dans les données personnelles de 29 millions d’individus (initialement, les estimations du nombre de comptes compromis variaient entre 50 et 90 millions). Une nouvelle claque pour le réseau social, toujours en pleine rémission post-Cambridge Analytica. Un an avant, Mark Zuckerberg avait déjà annoncé le doublement de ses équipes de sécurité, passant de 10 000 à 20 000 employés.
Avec la proximité des élections de mi-mandat américaines (les midterms) le 6 novembre prochain et les risques d’ingérence sur le scrutin, le réseau social a dévoilé, le 18 octobre, sa “war room” : une cellule de crise de 20 employés chargés de “protéger la démocratie” contre tout type d’interférence. Une ambition un poil naïve, et une jolie pierre dans l’édifice de communication que le réseau social tente péniblement de bâtir depuis un an. Insuffisante, toutefois, pour masquer la réalité : que ce soit du côté des fake news ou de l’escroquerie, le réseau social se débat sans amélioration concrète, tandis que chacun des deux grands partis politiques américains l’accuse de faire le jeu de l’autre.
À Menlo Park, on doit probablement allumer des cierges pour que le scrutin se déroule sans scandale. Et que Facebook puisse mettre en place sa cyber-ligne Maginot avant qu’une nouvelle faille de sécurité ne s’ouvre au grand jour.