Viols en Centrafrique : le parquet requiert un non-lieu pour les soldats français

Viols en Centrafrique : le parquet requiert un non-lieu pour les soldats français

En avril 2015, The Guardian mettait au jour une note de l’Organisation des Nations unies faisant état de soupçons d’abus sexuels dans l’armée française en poste en République centrafricaine. Mardi 21 mars, le parquet a requis un non-lieu.

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Mardi 21 mars, le parquet chargé de l’enquête au sujet des accusations de viol en Centrafrique a demandé aux juges chargés de l’affaire de prononcer un non-lieu.

En avril 2015, le quotidien britannique The Guardian avait révélé un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) intitulé “Abus sexuels sur des enfants par les forces armées internationales”relatant les auditions de six enfants centrafricains âgés de 9 à 13 ans.

Dedans, on découvrait qu’une enquête de l’ONU avait été effectuée au sujet de présomptions d’agression sexuelle à l’encontre de certains militaires français, au nombre de quatorze pour être exact, dans le camp de déplacés de l’aéroport M’Poko de Bangui. Les militaires soupçonnés, envoyés sur le terrain à l’occasion de l’opération Sangaris, auraient proposé de la nourriture à des enfants en échange de ces sévices.

Les faits se seraient déroulés entre décembre 2013 et juin 2014. Une fois l’information sortie dans les journaux, précise Le Figaro, l’ONU et les autorités françaises avait été accusées d’avoir enterré ce rapport et caché les témoignages pouvant embarrasser l’armée française.

Le lanceur d’alerte suédois à l’origine de cette fuite de documents, qui avait prévenu les autorités françaises, Anders Kompass, avait démissionné de son poste de directeur des opérations sur le terrain au Haut Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme le 7 juin 2016. Pour justifier sa décision, il avait déclaré dans une tribune publiée par l’agence de presse Irin qu’il lui était “impossible de continuer à travailler ici”, invoquant :

“La totale impunité pour ceux qui ont abusé de leur autorité, à divers degrés, associée au manque de volonté de la hiérarchie d’exprimer tout regret.”

“Le contenu des auditions a fortement varié”

Selon une source proche du dossier, interrogée par l’AFP, la justification de cette décision du parquet serait due à certaines incohérence dans le dossier : “La variation des témoignages ne permettent pas d’établir des faits circonstanciés et étayés à l’encontre des militaires qui ont pu être entendus comme mis en cause dans ce dossier.”

Néanmoins, le parquet a bien précisé qu'”il ne peut être affirmé à l’issue de l’information qu’aucun abus sexuel n’a été commis sur ces mineurs”. L’association ECPAT, qui lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants, a tenu à réagir à cette nouvelle, en exprimant toute son indignation :

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C’est désormais aux juges en charge du dossier de décider d’ouvrir un procès ou de prononcer un non-lieu, comme l’a requis le parquet. Aucun des présumés coupables n’ayant été mis en examen durant l’enquête, la balance semblerait plus vraisemblablement pencher vers le côté du non-lieu.