Une campagne Kickstarter tente de commercialiser le Golden Record, un vinyle en plaqué or lancé dans l’espace en 1977 à destination d’éventuels extraterrestres.
À voir aussi sur Konbini
C’est la bouteille à la mer la plus ambitieuse jamais lancée par l’espèce humaine : en 1977, sur une idée de l’immense astrophysicien Carl Sagan, la Nasa équipe les sondes Voyager I et II de deux vinyles dorés. Sur ces disques figure une série d’informations, probablement les plus importantes jamais compilées, qui ont pour ambition de résumer l’humanité, sa science, ses connaissances, sa culture et son art en quelques échantillons. On y trouve le dessin d’un homme et d’une femme, des phrases de bienvenue dans 55 langages, différentes images de paysages terrestres, les formules physiques les plus importantes de notre science, des schémas de la molécule d’ADN et, évidemment, 90 minutes d’une playlist ultime du genre humain.
Et qu’y trouve-t-on, alors? Du Bach, du Mozart, du Beethoven, évidemment. Mais aussi les bons vieux bluesmen Chuck Berry (n’importe quel alien doit absolument entendre “Johnny B. Goode”), Blind Willie Johnson et une flopée de rythmes traditionnels (japonais, navajos, péruviens ou zaïrois, entre autres). Depuis 1977, cette mixtape de l’espace se balade inlassablement dans le cosmos, sa trajectoire étroitement surveillée par le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de l’agence spatiale américaine.
En 2013, Voyager I est devenu le premier objet d’origine humaine à quitter notre système solaire, avec Voyager II sur ses talons (on n’est jamais trop prudent), après un voyage de près de 20 milliards de kilomètres — soit 50 000 fois la distance Terre-Lune. Sur Terre, seules 12 copies du vinyle existent : l’une destinée au président américain de l’époque, Jimmy Carter, et les 11 autres disséminées dans différents musées de la Nasa. Carl Sagan lui-même n’y a pas eu droit, et le vinyle n’a jamais été commercialisé. Pour les 40 ans de son lancement, une campagne Kickstarter propose d’y remédier.
98 dollars pour un morceau d’histoire
Le projet, mené par David Pescovitz, journaliste du site de technologie Boing Boing et membre de l’ONG Institute for the Future, vise tout simplement à ressortir l’historique vinyle pour célébrer les 40 ans de son lancement, en permettant à quiconque de se le procurer. Cette fois-ci, point de disque de cuivre recouvert d’une feuille d’or, mais un simple vinyle doré, encapsulé dans une boîte d’aluminium dépeignant les différents messages de paix envoyés par l’humanité dans l’espace, le tout accompagné d’un livret rappelant les secrets de fabrication de l’auguste vinyle. Un coffret à la fois solennel et élégant, imaginé par l’artiste Lawrence Azerrad (responsable de pochettes d’albums de Sting ou des Beach Boys, détaille le New York Times).
Prix de l’objet : 98 dollars (87 euros). Et les nerds du monde entier ont répondu présents : sur l’objectif initial de 198 000 dollars, le projet en a déjà récolté… 690 000. Pour ceux que le support physique n’intéresse qu’à moitié, David Pescovitz a prévu une option numérique, moins onéreuse, à 25 dollars (22 euros).
Tout cela est un peu inutile lorsqu’on sait que la Nasa avait déjà non seulement commercialisé une version CD-ROM en 1992 (collector, celle-là) avant de balancer ses sons sur Soundcloud l’année dernière. Les heureux Terriens contributeurs ne recevront pas le vinyle avant avril 2017, à quelque mois de la date du quarantenaire du lancement des sondes. Mais au final, un pavé d’histoire spatiale vaut bien une centaine d’euros et quelques mois d’attente.