À travers le pitch caractéristique d’une application de compagnons virtuels, Magali Barbé propose une vision terrifiante de la réalité augmentée.
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Alors qu’outre-Atlantique les géants de la technologie sont déjà en train de se pencher sur la réalité augmentée pour le titre de prochaine grande révolution technologique, le court-métrage Strange Beasts, réalisé par Magali Barbé et repéré par la rubrique Staff Picks de Vimeo, a de quoi jeter un froid sur les ardeurs des fervents technophiles. Quelque part entre l’approche glaçante d’un Black Mirror et l’atmosphère oppressante d’Hyper-Reality, qui dénonçaient déjà brillamment les effet pervers de la réalité augmentée, Strange Beasts débute comme l’une de ces énièmes vidéos de campagne Kickstarter pour un produit révolutionnaire à la croisée des chemins virtuels, un service d’animaux de compagnie en réalité augmentée, entièrement customisables et irrésistibles.
Pour nous le prouver, le PDG de cette entreprise fictive nous embarque dans son quotidien en compagnie de son adorable bestiole, que seuls ceux équipés d’une lentille composée de nanopuces injectée dans l’œil (ne vous précipitez pas, Google a déjà déposé le brevet) peuvent observer à loisir. Lorsque la caméra quitte la vision offerte par l’implant pour filmer les actions de l’homme IRL, il y a déjà quelque chose de gênant à le voir s’agiter dans le vide et discuter avec un animal invisible. Mais le propos de la réalisatrice s’éclaircit – et le film s’assombrit – lorsque l’on rencontre la fille du protagoniste, qui possède elle aussi son animal. Réflexion efficace sur l’isolement généré par des technologies pourtant censées nous relier les uns aux autres, Strange Beasts se déguste comme un bon épisode de Black Mirror… mais attention, ça se digère mal.