Les effets du réchauffement climatique sur la planète étaient prévisibles depuis des lustres, ce n’est pas un scoop. Même les compagnies pétrolières l’avaient vu venir, à l’instar de Shell. Mais de là à agir concrètement…
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Le Guardian a exhumé un film daté de 1991 produit par la multinationale pétrolière anglo-néerlandaise Shell. Intitulé “Climate Concern” (“Préoccupation climatique” pourrait-on traduire), il attirait déjà à l’époque l’attention sur les dérèglements climatiques engendrés par l’homme : hausse des températures préoccupantes, multiplication des réfugiés climatiques, augmentation du nombre de catastrophes naturelles…
Dans la vidéo, Shell elle-même reconnaissait que la combustion du carburant posait problème et était un potentiel danger pour le climat, notamment avec la hausse des rejets de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. En parallèle, l’entreprise mettait en avant le développement de solutions alternatives, comme le solaire et l’éolien – mais de manière insuffisante face à l’ampleur du problème.
Néanmoins, le Guardian rappelle que la seule véritable solution pour stopper la spirale infernale du réchauffement climatique et ses conséquences aurait tout bonnement été de réduire l’usage du gaz et du pétrole de manière drastique. Or, depuis un quart de siècle, Shell et les autres compagnies pétrolières n’ont cessé de poursuivre leurs explorations pour trouver de nouveaux gisements et lancer de nouveaux forages – jusque dans l’Arctique.
Le profit avant tout
Pire, Shell a continué à investir dans des techniques d’extraction d’énergies fossiles à hauts risques environnementaux – comme c’est le cas dans l’exploitation des sables bitumineux. Celle-ci consiste notamment à raser des forêts entières pour atteindre les couches inférieures des sols, en dégageant des agents polluants tels que le méthane, dont l’effet de serre est 20 fois plus puissant que celui du CO2. Le site Connaissance des énergies note ainsi : “Globalement, l’extraction d’un baril de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta [l’une des principales réserves mondiales, située au Canada, ndlr] génère plus de 190 kilos de gaz à effet de serre (GES), soit trois fois plus que la production d’un baril de pétrole classique”.
En plus d’avoir recours à ces techniques polluantes et destructrices, Shell finance aussi des lobbys mettant en doute les risques liés au changement climatique. Parce que lorsqu’il est question de profit, Shell n’est visiblement pas à une contradiction près. En bref, le Guardian donne à voir à travers cette vidéo le double discours de Shell qui se présente comme un acteur responsable et précurseur en terme de développement durable, tout en continuant tranquillement à investir massivement dans les énergies fossiles et à sacrifier la planète sur l’autel du profit. Rien de nouveau sous le soleil, mais c’est toujours bon de faire une petite piqûre de rappel aux amnésiques.