L’Ina a posé les mêmes questions sur le viol à des Parisiens en 1976 et en 2017. Les réponses, radicalement différentes, montrent une évolution des mentalités, ou du moins de certains discours.
À voir aussi sur Konbini
Quels regards portent les Français sur le viol ? L'évolution des mentalités entre 1976 et aujourd'hui pic.twitter.com/CQtAXo8smC
— Ina.fr (@Inafr_officiel) 15 janvier 2018
“Attention, certains propos sont choquants”, prévient l’Ina au début de sa vidéo. Visant à observer quels regards les Français portent sur le viol, la vidéo en question, publiée sur Twitter le 15 janvier, compare deux micros-trottoirs effectués en 1976 et en 2017.
Trois mêmes questions sont posées à un même profil de personnes au cœur de Paris à 41 ans de différence. Ces hommes d’âges différents doivent dire s’ils ont “déjà eu envie de violer une femme”, “qui sont les femmes qui se font violer” et si “toutes les femmes ont envie de se faire violer”.
Les réactions, radicalement différentes, montrent une évolution des mentalités. Les hommes interrogés en 1976 répondent de façon décomplexée que “oui, d’une certaine façon” ils ont déjà eu envie de violer une femme, ou que “sa femme, c’est marrant” ! En 2017, les “non !” ou “jamais” sont catégoriques.
Concernant la question “Qui sont les femmes qui se font violer ?”, les réponses de 1976 montre un slut-shaming et une culpabilisation des victimes sans équivoque. Les interviewés disent : “Celles qui sont imprudentes […]. Les aguicheuses”, “ça dépend de leur tenue vestimentaire je crois” et “celles qui veulent bien”. 41 ans plus tard, l’accent est mis sur les coupables, les violeurs :
“À mon avis, ça peut être n’importe quelle femme, et beaucoup plus que ce qu’on pense. On entend que telle femme l’a cherché, mais non, je pense vraiment que ça peut concerner tout le monde.”
“Toutes les femmes. Y a pas de particularité, y a pas de profil type.”
“Ça peut être n’importe quelle femme, c’est juste une question d’hommes, en fait !”
Et si les hommes interrogés en 1976 pensent que “toutes les femmes ont envie de se faire violer”, ceux de 2017 ont un avis radicalement différent. Du moins ceux qui ont répondu au micro-trottoir, et d’après ce qu’ils disent. L’Ina finit par conclure :
“Au fil des années, les mentalités ont changé. Mais le nombre d’agressions sexuelles reste très élevé en France. 83 000 femmes sont victimes de viols ou de tentatives de viols, en France, chaque année.”
La vidéo montre en tout cas, s’il fallait des preuves, que non, ce n’était pas mieux avant, et que la société semble en bonne voie. Sans pour autant oublier de souligner qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que les mentalités et les comportements changent suffisamment.
En 2015, une étude Ipsos sur le viol et la façon dont il est perçu par la population montrait à quel point la culture du viol se porte encore bien en France. En effet, 40 % de la population considérait qu’une attitude provocante en public atténuait le viol ou responsabilisait en partie la victime. Et 27 % des interrogés affirmaient qu’une tenue sexy dans la rue (une jupe ou un décolleté) pouvait justifier le crime.