Comme de nombreuses femmes victimes de viol, Sheeva Weil s’en est longtemps voulue. Elle raconte son parcours du combattant dans une vidéo.
À voir aussi sur Konbini
Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir quand on parle d’agression sexuelle. Contrairement aux autres crimes, les cas de viol et de violences sexuelles sont souvent entourés de doutes et de confusion.
Alors que de plus en plus de femmes parviennent à parler (à la police, à leurs proches) de leur expérience traumatisante, beaucoup sont trop déconcertées et choquées par ce qui leur est arrivé pour ouvrir la bouche. D’autres sont carrément dans le déni.
Dans une vidéo récemment postée sur le site du Guardian, Sheeva Weil raconte comment elle s’est confrontée à la douloureuse réalité. Après quatre ans de déni, elle a enfin pu mettre des mots sur son viol.
Elle a été agressée lors de sa première année à l’université et jusque-là, elle pensait qu’elle en était l’unique responsable. On notera que cette réaction n’a rien d’inhabituel.
Cette vidéo marque un tournant pour Sheeva Weil, et les nombreuses femmes qui ont réagi de la même manière qu’elle. Pendant toutes ces années, elle s’est demandé ce qu’elle aurait pu faire pour éviter cet acte non consenti : ce sentiment de culpabilité illustre encore une fois le cercle vicieux dans lequel sont prises les victimes de viol.
“Entre 37% et 52% des victimes d’agression sexuelle se sont senties paralysées”
Dans cette vidéo, elle raconte qu’en plus de se blâmer, elle a toujours eu du mal à digérer son absence de réaction pendant le viol.
Pourquoi je n’ai pas crié et je ne me suis pas enfuie en courant ? Ou retournée et battue ? J’ai exprimé très clairement que je ne voulais pas coucher avec ce garçon…
Les études montrent qu’entre 37% et 52% des victimes d’agression sexuelle se sont senties paralysées. J’aurais aimé le savoir quand je passais mon temps à me blâmer pour ne pas avoir réussi à empêcher mon viol.
Malheureusement, l’expérience de Sheeva Weil n’est pas un cas isolé. Elle affirme que ce genre de situation est bien plus habituelle que nous l’imaginons.
Dans une émission consacrée au consentement sexuel, et diffusée sur la BBC, Is This Rape ? Sex On Trial, des jeunes adultes doivent “voter” pour déterminer si une fille a été violée par un ex-petit ami. Ils visionnent donc un petit film qui retrace une soirée et cette relation sexuelle fictive, avec des scènes délibérément déroutantes. Et c’est assez surprenant de constater que beaucoup d’entre eux ne sont pas forcément capables de reconnaître un viol.
Sheeva Weil a longtemps gardé ce lourd secret enfoui en elle. Après trois thérapies différentes, une dépression et des bouffées de stress post-traumatique, elle n’a plus honte. Elle prépare actuellement un master en psychologie et se concentre, en connaissance de cause, sur l’étude des traumatismes.
Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois.