Vidéo : dans l’enfer d’une “ferme à clics” chinoise

Vidéo : dans l’enfer d’une “ferme à clics” chinoise

Une vidéo publiée le 12 mai sur Internet montre l’intérieur d’une “ferme à clics” géante en Chine, dans laquelle des salariés génèrent des clics sur les applications mobiles.

Disons-le tout de go, les “fermes à clics” sont l’un des effets secondaires les plus infâmes de l’économie numérique, une déviance du marché du clic sur laquelle les consommateurs et professionnels ferment complaisamment les yeux. Ces installations, souvent situées en Chine ou en Inde, se présentent de la manière suivante : des milliers d’appareils mobiles reliés à quelques ordinateurs, un être humain devant un clavier, et du clic. Encore et encore. Du clic et du like, toute la journée, histoire de donner un coup de boost à la popularité des applications. Et les start-up de l’écosystème mobile sont prêtes à raquer plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers de dollars pour ce service capable de les propulser artificiellement tout en haut des listes algorithmes de l’App Store ou du Play Store.
Le 11 mai, une vidéo publiée par le site Zero Hedge et reprise par une partie de la presse britannique nous donne un aperçu concret de la structure de ces “fermes à clics”, bien souvent dissimulées derrière une opacité protectrice. La courte vidéo nous montre des murs de téléphones portables placés sur des sortes d’étagères et branchés à des câbles, de telle sorte que les clics soient centralisés via un PC. Chaque téléphone émet une mélodie à mesure que les clics sont effectués, dans une espèce de cacophonie électronique insupportable. Selon l’homme (russe) ayant visité cette “ferme”, les propriétaires posséderaient 10 000 téléphones pour mener leur affaire.

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Quand le million de followers sur Twitter coûte 600 dollars

En 2014, Zero Hedge avait déjà révélé qu’un million de followers sur Twitter coûte 600 dollars et que le département d’État américain avait acheté pour 2 millions de fans Facebook. C’est à peu près tout ce que l’on sait de ces structures, qui cultivent l’art du secret comme personne. Pourtant, ces systèmes ont une influence considérable : selon une étude menée par des chercheurs de l’université de Caroline du Sud, 48 millions de comptes Twitter pourraient être des bots, soit entre 9 % et 15 % du nombre total d’utilisateurs.
Le 24 janvier dernier, d’autres chercheurs tombaient par hasard sur le plus gros réseau de faux comptes jamais identifié, avec 350 000 bots dormants reliés les uns aux autres et prêts à l’emploi. Quant à Facebook, difficile de savoir quel pourcentage du site est concerné, mais les récentes “purges” de dizaines de milliers de faux comptes sont bien la preuve du succès de ces “fermes à clics”. De là à s’interroger sur l’artificialité de l’économie de l’appli mobile, il n’y a qu’un pas…