L’actrice Emma Watson a pris la parole au siège de l’ONU à New York dans le cadre du lancement de la campagne HeForShe. Un discours émouvant dans lequel elle rappelle aux hommes qu’il est important qu’ils s’engagent pour l’égalité des sexes.
Tout juste diplômée de la prestigieuse université de Brown, l’actrice Emma Watson, connue pour avoir interprété Hermione Granger dans la saga Harry Potter, revêt aujourd’hui un nouveau costume. À tout juste 24 ans, c’est en tant qu’ambassadrice de bonne volonté de l’ONU Femmes qu’elle s’est fendue d’un discours émouvant, intelligent et maîtrisé à l’occasion du lancement de la campagne HeForShe (LuiPourElle) au siège des Nations Unies à New York.
La campagne, qui vise à “mobiliser les hommes contre les inégalités entre les sexes”, rappelle en effet que le féminisme n’est pas qu’une affaire de femmes. La jeune comédienne commence son speech en rappelant la définition d’un terme parfois considéré comme péjoratif :
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Pour information, voici la définition du féminisme : “Croire qu’hommes et femmes devraient être égaux en droits et avoir les mêmes chances. C’est une théorie d’égalité des sexes sur les plans politique, économique et social.”
Un engagement important pour lequel les hommes devraient se sentir aussi concernés que les femmes.
Pour appuyer ses propos, Emma Watson agrémente son discours d’exemples personnels :
Quand j’avais 8 ans, je ne comprenais pas pourquoi on me qualifiait d’autoritaire sous prétexte que je voulais diriger les pièces de théâtre que l’on présentait ensuite à nos parents. Alors que lorsque c’était un garçon qui voulait s’en occuper, on ne lui faisait pas de réflexion.
Quand, à l’âge de 14 ans, j’ai commencé à être sexualisée par la presse, quand, à 15 ans, mes amies ont arrêté de faire du sport pour ne pas “risquer” de prendre trop de muscles, quand, à 18 ans, mes amis garçons sont devenus incapables de parler de leurs sentiments, alors j’ai décidé que j’étais féministe.
Un mot encore trop impopulaire
Si s’affirmer en tant que “féministe” n’a pas été compliqué pour la jeune femme, elle explique que pendant de récentes recherches, elle s’est aperçu que le mot est devenu très impopulaire, comme en témoigne d’ailleurs le récent mouvement “Femmes contre le féminisme”.
“Les femmes choisissent de ne pas être identifiées comme féministes“, leurs revendications étant considérées comme “trop fortes, trop agressives […] et même comme pas séduisantes. Alors, pourquoi ce mot est-il devenu si dérangeant ?”
Je trouve qu’il est normal que je sois payée autant que les hommes. Je trouve qu’il est normal que je prenne les décisions qui concernent mon propre corps. Je trouve qu’il est normal que des femmes soient engagées en mon nom pour défendre des politiques et prendre des décisions qui affectent ma vie. Je trouve qu’il est normal que l’on me démontre socialement le même respect qu’aux hommes. Malheureusement, il n’y a pas un seul pays au monde dans lequel toutes les femmes peuvent s’attendre à recevoir tous ces droits.
Ces droits, je considère qu’ils font partie des droits de l’homme. Et je sais que je fais partie de celles qui ont de la chance. Ma vie est un ensemble de privilèges, car mes parents ne m’ont pas moins aimée car je suis née fille. Mon école ne m’a pas limitée car j’étais une fille. Mes mentors n’ont pas supposé que j’irais moins loin car un jour je pourrais donner vie à un enfant.
Et si vous détestez toujours ce mot, ce n’est pas le mot lui-même qui est important, c’est l’idée et l’ambition qu’il y a derrière. Toutes les femmes n’ont pas eu les droits que j’ai. D’après les chiffres, je peux même dire qu’elles sont peu nombreuses à les avoir. En 1997, Hillary Clinton a fait un discours à Pékin sur les droits des femmes. Malheureusement, la plupart des choses qu’elle voulait changer sont toujours d’actualité. Ce qui m’a marquée le plus, c’est que seulement 30% de ceux qui l’écoutaient ce jour-là étaient des hommes. Comment peut-on changer le monde si la moitié seulement est invitée à en discuter ?
Les hommes aussi sont victimes des stéréotypes de genre
Emma Watson parle aussi de ce que l’inégalité des sexes provoque chez les hommes. Elle poursuit son argumentation en rappelant qu’en Grande-Bretagne, le suicide est la cause de mortalité prédominante pour les hommes entre 20 et 49 ans. “J’ai vu des hommes se fragiliser et devenir peu sûrs d’eux en raison de la distorsion de ce que représente la notion de succès pour un homme.” Un cercle vicieux qu’elle exprime en ces termes :
Si les hommes n’ont pas à être agressifs afin d’être acceptés, les femmes ne se sentiront plus obligées d’être soumises. Si les hommes n’ont pas à contrôler, les femmes ne seront pas contrôlées. Les hommes et les femmes devraient se sentir libres d’être sensibles. Les hommes et les femmes devraient se sentir libres d’être forts.
Vous pourriez penser : qui est cette fille qui joue dans Harry Potter ? Que fait-elle en train de parler à l’ONU ? Ça serait une bonne question car je me suis demandée la même chose. Tout ce que je sais, c’est que cette cause m’importe et je veux aider. Et ayant vu ce que j’ai vu, si l’on me donne cette chance de parler, je me sens responsable, je dois dire quelque chose.
Un combat pour lequel de plus en plus d’artistes s’engagent. Il y a quelques mois, c’était Beyoncé qui avait publié un essai dans lequel elle écrivait que l’égalité des genres passait avant tout par l’égalité salariale, et elle appelait les hommes à se battre pour que les femmes l’obtiennent.