Dans le cadre de la campagne “Make Love Not Scars”, une Indienne dénonce la facilité à se procurer de l’acide dans son pays via un tuto maquillage.
Ceci n’est pas un tutoriel maquillage comme les autres. Au début de la vidéo, Reshma, une jeune indienne que l’on voit face caméra, explique simplement comment se mettre du rouge à lèvres. À la fin, son dernier conseil change la donne : “Finalement, le conseil le plus important. Vous pouvez acheter du rouge à lèvres aussi facilement que de l’acide concentré. C’est la raison pour laquelle chaque jour une femme est victime d’une attaque à l’acide”.
Le message est fort. Et Reshma sait malheureusement de quoi elle parle puisqu’elle a elle-même été victime d’une attaque à l’acide. Elle a perdu l’usage de son œil gauche et souffre de multiples brûlures au visage. Sa vidéo fait partie de la campagne “Make Love Not Scars” (littéralement “faites l’amour, pas des cicatrices”) visant à aider les victimes de ce genre de violence barbare. La jeune indienne participe plus spécifiquement au mouvement #EndAcidSale qui s’accompagne d’une pétition adressée au gouvernement de son pays.
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Une augmentation de 250 %
En Inde, il est possible d’acheter de l’acide pour 100 roupies (environ 1,34 euro) en moyenne le litre. Personne n’ira poser la moindre question. Ce laxisme conduit à des statistiques qui font froid dans le dos. Selon la pétition, 1000 cas d’attaques à l’acide sont recensés chaque année dans le pays. Entre 2012 et 2014, ce nombre a augmenté de 250%. En ce qui concerne les victimes, 90% sont des femmes.
En 2012, un changement avait tout de même eu lieu dans la loi. Après l’attaque atroce subie par Nirbhaya – jeune fille violée à plusieurs reprises et tuée dans un bus – le gouvernement avait décidé de considérer les attaques à l’acide comme un crime à part, désormais condamné à dix ans de prison voire à la peine de mort. Mais cela n’est pas suffisant d’après la pétition. Cette dernière demande au Premier ministre indien d’interdire les nettoyants à l’acide et d’inscrire les acides forts dans la liste des poisons. Rendre l’acide beaucoup moins abordable pour le porte-monnaie des habitants fait également partie des réclamations. Les taxes sur l’acide sont dérisoires contrairement à celles fixées pour le tabac par exemple.
Les attaques à l’acide restent donc un fléau en Inde et le chemin risque d’être long avant que les femmes ne soient en sécurité. Si vous voulez contribuer à changer un tant soit peu les choses, vous pouvez signer la pétition – qui compte pour l’instant plus de 2 400 signatures.