Nicole Ferroni est revenue, en larmes, sur le conflit syrien.
Sous la poésie, le chagrin. Intitulé “la guerre a avalé les couleurs pour mettre du noir à la place“, le billet de Nicole Ferroni dans le 7-9 de France inter était par bien des aspects différent de ce à quoi cette ancienne prof de SVT nous a habitués. Quittant provisoirement sa belle plume qui aime tant taquiner les mots, la chroniqueuse revient sur l’horreur de la situation en Syrie et nous bouleverse, véritablement.
Toujours dans un souci de vérité, elle raconte comment elle a commencé à s’informer sur le conflit à travers les tweets d’Hadi Alabdallah, un journaliste indépendant syrien qui “suit régulièrement le travail des casques blancs syriens, ces civils qui sauvent d’autres civils“, avant de le citer :
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“Des familles entières enterrées sous les décombres, des corps de civils éparpillés dans les rues ; nous n’oublierons pas comment le monde a forcé le peuple d’Alep a choisir entre deux options : la mort collective ou l’exil massif. Jusqu’à ce matin, le peuple d’Alep n’a pas dormi cette nuit en attendant l’évacuation promise des civils, rien de neuf nous continuons à attendre.”
N’étant pas sur place, Nicole Ferroni n’a “rien de concret pour en parler“, sauf ce Guide du routard de la Syrie daté de 2006. On y parle d’Alep comme étant “une des grandes cités mythiques de ce monde” où se déroule “une grosse bagarre entre Alep et Damas pour le titre envié de la plus ancienne ville n’ayant jamais cessé d’être habitée”. Le parallèle entre cette ville désormais en ruine et la description de ce qui semblait être un petit coin de paradis regorgeant de sublimes hôtels, restaurants, pâtisseries, etc., est douloureux.
Difficilement, en venant aux larmes — et nous avec –, elle conclut ainsi :
“Et quand j’ai lu ça, je me suis dit, que c’était bizarre, Hadi n’en a jamais parlé. En effet, si on compare les phrases d’Hadi en 2016, à celles du moustachu du Routard de 2006, on sent que je tiens là quelque chose de très concret sur la guerre en Syrie : à savoir que la guerre, ce n’est pas si loin que ça, la guerre, ce n’est pas un truc de loin là-bas. La guerre, ça peut avoir des allures d’un ici et maintenant qu’on prend, qu’on fracasse. C’est prendre un présent et le réduire en cendres. C’est remplacer le cosy par la terreur, mettre un chaos qui ne laisse plus aucune place à la douceur pas même celle des pâtisseries, car la guerre avale toutes les couleurs et met du noir à la place. La guerre, c’est l’horreur, et pas si loin dans l’espace ni dans le temps.
Alors vous allez me dire : ‘Nicole vous n’allez pas finir cette chronique comme ça…‘ Non. Je vais finir par un tout petit troop fait par les mots de mon papa qui, après avoir vécu des bombardements quand il avait 8 ans, après avoir été militaire, vit maintenant des jours paisibles et a pour la guerre un projet d’avenir. Il me dit :
‘Tu vois Nicole […]. Autrefois, les hommes se mangeaient et on appelait cela du cannibalisme, eh bien, un jour, peut-être que la guerre sera si loin derrière l’humanité, qu’on pourra dire que les hommes se tuaient et qu’ils appelaient cela la guerre.'”
Merci Nicole.
Vous pouvez suivre Hadi Alabdallah sur Twitter en cliquant ici.