Le ministère de la santé veut l’interdire
… C’était sans compter l’avis de Marisol Touraine, qui s’en offusquait mardi matin à RTL :
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Aujourd’hui nous apprenons que des vapoteuses, des cigarettes électroniques, au chanvre, vont être accessibles. Moi je veux dire que je suis opposée à ce qu’un tel produit puisse être commercialisé en France.
La ministre de la santé de François Hollande a par ailleurs annoncé son intention de saisir la justice afin de rendre illégal ce produit qui, selon elle, “constitue une incitation à la consommation de cannabis potentiellement répréhensible par la loi”. Décidément, les fumeurs sont dans le collimateur du gouvernement : le projet de loi santé de la ministre dévoilé fin septembre comporte un “ambitieux” volet anti-tabac, portant notamment sur l’uniformisation des paquets de cigarettes et l’interdiction de vapoter dans certains lieux.
Un produit non psychotrope ?
Pourtant, KanaVape se présente comme un produit non psychotrope. Selon Vice, le cannabidiol est le cannabinoïde le plus présent dans la plante après le THC. Ses propriétés offrent “les bienfaits de la relaxation, contre le stress et l’anxiété” et n’a “pas d’effet euphorisant, pas d’effet secondaire néfaste”, affirme dans Libération Antoine Cohen, l’un des quatre parents de cette e-cigarette qui aura su faire parler d’elle.
Antoine Cohen est également le fondateur d’une association pour la promotion du cannabis médical : “L’Union Francophone pour les Cannabinoïdes en Médecine“. Pourquoi lancer KanaVape ? Il raconte à Vice France :
On s’est rendu compte qu’il n’y avait aucune information en français sur l’usage du cannabis médical, alors qu’on trouvait beaucoup d’études scientifiques et d’essais cliniques qui démontraient l’intérêt thérapeutique du cannabis, mais en anglais.
On a donc créé cette association avec mon associé Sébastien pour informer les médecins, les journalistes, les patients et les politiques sur l’usage du cannabis thérapeutique en France.
L’entreprise produit son propre chanvre, matière première avant extraction du CBD. Il est cultivé en France et en République Tchèque, “sans engrais chimique”. La substance est ensuite extraite selon un procédé au CO2, similaire à celui utilisé par les industries pharmaceutique et cosmétique.
“Ce n’est pas illégal”
Car c’est bien le but de KanaVape : profiter des bienfaits thérapeutiques du cannabis, et seulement cela. Pas remplacer le blunt, la douille, la pipe et leur promesse d’un état flagada et d’un sommeil sans rêves. Aussi, pour toutes ces raisons, Antoine Cohen est persuadé d’échapper à l’illégalité. Même s’il reste conscient que l’aspect fumette du cannabis pourrait lui faire une bonne pub.
À Libé, il raconte avoir “travaillé avec un cabinet d’avocats en France. Ce n’est pas illégal. Il n’y a pas de réglementation spécifique”, mais admet qu’il risque “de créer une petite controverse, c’est aussi notre objectif. Beaucoup de patients ont besoin de ce produit. Alors, on prend le risque. On se positionne un peu comme Uber qui fait concurrence aux taxis.”
Même sans contrat de distribution d’ampleur signé, il y a fort à parier que KanaVape va intriguer. Disponible en ligne à partir de mardi, Antoine Cohen assure avoir “rencontré beaucoup de personnes prêtes à le commercialiser” dans le réseau des boutiques de cigarettes électroniques.
En France, avec l’autorisation par l’Agence nationale de sécurité et des produits de santé (ANSM) d’octroyer des autorisations pour commercialiser des produits contenant “du cannabis ou ses dérivés“, les applications thérapeutiques du cannabis commencent à fleurir. Notamment avec le Sativex, spray buccal employé afin d’atténuer les souffrances des patients atteints de sclérose en plaques.
“On a diabolisé le cannabis au fil des années”
Alors que la plante est connue depuis toujours, pourquoi la législation française est-elle si méfiante envers l’utilisation thérapeutique du cannabis ? Lorsque Vice pose cette (légitime) question à l’entrepreneur derrière KanaVape, il n’hésite pas à dénoncer les lobbys pharmaceutiques, qui “font pression pour interdire ou pour maintenir cette interdiction sur la plante de cannabis”. Il ajoute :
Certains refusent d’y être associés pour des raisons politiques et d’image – ils ne veulent pas être apparentés à une molécule qui peut aussi être récréative. On a diabolisé le cannabis au fil des années, on en paie le prix aujourd’hui. Alors que ces laboratoires utilisent eux-mêmes des molécules qui sont largement utilisées de manière récréative. Il faut aussi savoir que la Police a de gros moyens pour combattre le cannabis. Donc s’il devient légal, le budget va baisser, et ça fait des vagues.
Le KanaVape ne serait donc pas à confondre avec le e-joint, produit de fabrication hollandaise et première véritable vapoteuse au cannabis dans les médias, qui ne met pas particulièrement ses caractéristiques santé en avant. Pourtant, avec le Ministère de la Santé qui souhaite l’interdire purement et formellement, pas sûr que le produit soit commercialisé longtemps.
Mise à jour le 17 décembre à 12:00