Entre l’Ukraine et la Russie, la guerre se joue aussi sur Twitter

Entre l’Ukraine et la Russie, la guerre se joue aussi sur Twitter

Propagande sur Twitter

Après le largage d’images prises du ciel, c’est au tour de la diplomatie de se déployer sur le terrain numérique. Notons le triple tweet de Geoffrey Pyatt, ambassadeur américain en Ukraine, qui s’efforce à donner des nouvelles du front en n’hésitant pas à s’adonner massivement aux retweets pro-loyalistes. Selon lui, l’offensive russe, constituée de “tanks, véhicules blindés, artillerie et lance-roquettes”, a subi une première défaite face aux forces ukrainiennes .
Geoffrey Pratt, très à l’aise avec Twitter, connaît la force d’impact des réseaux sociaux. Contenue dans son deuxième tweet, l’information la plus terrifiante pour l’opinion est qu’un “nombre croissant” de troupes russes “interviennent directement” dans les combats en territoire ukrainien.
En trois fois 140 caractères, l’ambassadeur de la nation la plus puissante militairement explique alors officiellement qu’il assiste (depuis Kiev…) à un flagrant délit d’invasion armée de la part du vieux rival de l’Est. Message hautement significatif en termes de diplomatie, il renforce l’opposition américaine face à l’expansionnisme russe.



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Le Canada fait des blagues

Amusée par l’obstination de Moscou quant à déclarer que les soldats russes sont bien restés de leur côté de la frontière (à part les quelques “dizaines” d’entre eux soi-disant égarés), la délégation canadienne à l’Otan s’est permis un tweet plus taquin que va-t-en guerre. Afin “d’aider” les chefs d’état-major de l’armée russe à mieux distinguer les frontières, ils leur offrent gratuitement un petit cours de géographie :


Piquée au vif, la diplomatie du Kremlin a répondu dans un tweet sans équivoque. Dans un souci pédagogique bien entendu : “afin d’aider nos collègues canadiens à mieux comprendre la géographie contemporaine de #Europe”.

La Crimée, on la tient, on la garde

Plus qu’inscrire une bonne fois pour toutes l’annexion de la Crimée dans les esprits, l’auteur de ce tweet pro-russe dégaine un ample bras d’honneur à la communauté internationale “atlantiste”, qui n’a pas levé le petit doigt lors du rattachement de la région à la patrie de Vladimir Poutine. Humour russe, quoi.


De notre point de vue, l’Ukraine est en train de gagner la guerre – du moins, celle qui se trame sur Twitter. Le 27 août, une abonnée au réseau biélorusse tweetait : “Il faut 1000 retweets pour faire monter le hashtag sur l’invasion par la Russie dans les trends mondiaux #RussiainvadedUkraine”, qui signifie “La Russie a envahi l’Ukraine”. Peut-être grâce à sa force évocatrice, son usage a extrêmement bien rebondi.

En trois jours, le mot-clé fatal a franchi la barrière des 500 000 tweets – et ce même s’il émanait du compte d’une abonnée dont le fil Twitter fait bien souvent l’amalgame entre le président russe et un certain dictateur des années 30 à l’idéologie raciste.

Le hashtag #RussiainvadedUkraine s’impose

Italien, anglais, russe, ukrainien, français… Les abonnés qui se sont saisis de #RussiainvadedUkraine se sont exprimés dans de nombreuses langues, exhortant de nombreux responsables et organisations internationales, comme le précise le Global Voices Online. Ainsi, le ministère des affaires étrangères ukrainien postait tout simplement cette image.
On peut se demander, comme le journaliste du KyivPost Christopher Miller, s’il s’agit d’un signe comme un cri de ralliement à succès ou bien… d’une “annonce officielle de l’invasion russe option hashtag” :


Pour l’heure, l’Ukraine tient le jeu des réseaux sociaux. Mais sur le terrain, le vrai, des hommes et des femmes meurent chaque jour. Le pays, est en proie au chaos et incapable de mobiliser une aide militaire “d’envergure” – qu’il appelle du pied autour des tables rondes diplomatiques. À l’heure qu’il est, on estime que ce “conflit” (qu’on n’ose toujours pas appeler “guerre” ouvertement) a fait 2 600 morts.
Heureusement, certains saisissent l’occasion de cette catastrophe diplomatique pour détendre un peu l’atmosphère. Même si la blague risque de ne faire rigoler qu’un seul camp. Ouais. Pas sûr que la diplomatie russe goûte l’humour des Monty Python.