Anti, anti, anti…
Car, ne l’oublions pas, Mike Pence est républicain. Et pas n’importe lequel : proche des valeurs libertaires du Tea Party, il représente la caution droitière, chrétienne et conservatrice du clan Trump. Si bien, même, qu’il a apaisé une partie des conservateurs évangéliques, pas rassurés par les provocations du milliardaire. Ces dernières années, Pence s’est fait une réputation chez les conservateurs, qui voient en lui un homme loyal et un fervent défenseur des valeurs du Grand Old Party (GOP). Après six mandats consécutifs au Congrès, Pence est nommé numéro 3 du parti entre 2009 et 2011, période durant laquelle son nom reviendra également avec insistance parmi les militants pour se présenter face à Obama.
Mais c’est en 2015, alors qu’il devient gouverneur de l’Indiana, que Pence gagnera une attention médiatique nationale en faisant passer le Religious Freedom Restoration Act, une loi qui permettait aux commerçants de l’Indiana de ne pas servir les couples homosexuels en invoquant leurs convictions religieuses pour ne pas être inquiétés par la loi. Il amendera le texte une semaine plus tard face aux protestations des démocrates et du lobby LGBT… Avant de signer, au printemps dernier, une des lois anti-avortement les plus contraignantes du pays. L’Indiana est aujourd’hui le second État américain où il est interdit d’avorter lorsque le fœtus présente un handicap.
Anti-LGBT, anti-avortement… Pence se sera aussi illustré par son soutien à la directive militaire Don’t Ask, Don’t Tell, désavouée en 2011, qui conseillait — vivement — aux soldats de ne pas évoquer le sujet de l’homosexualité. Ou par son rejet, en mai, de la directive de l’administration Obama sur la possibilité pour tout un chacun, et surtout les transgenres, d’utiliser les toilettes de son choix. Interrogez-le sur l’homosexualité, Mike Pence vous parlera — en citant un chercheur d’Harvard — “d’effondrement sociétal”. En devenant le colistier de Trump l’été dernier, Mike Pence a tenté un gigantesque coup de poker, comme Sarah Palin en 2008. Dans 72 jours, ce coup gagnant fera de lui le vice-président républicain, chrétien, conservateur et homophobe des États-Unis. Et commencera alors sa mission pédagogique : faire rentrer Trump dans le moule de la politique internationale, débroussailler le milliardaire de ses épis, pour le bien de tout le monde. Voilà où nous en sommes : notre meilleur espoir est un homme flanqué de quatre adjectifs qualificatifs.
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