Dans son numéro du 22 février, Le Canard enchaîné a publié un texte incisif sous forme de récapitulatif des affaires qui éclaboussent le Front national – et elles sont nombreuses. Plutôt embêtant pour un parti qui a fondé toute sa stratégie de communication sur son côté anti-système.
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Dans un papier du 22 février intitulé “C’est qui, le parti le plus poursuivi de France ?”, Le Canard enchaîné s’appuie sur une liste de faits. Les affaires évoquées ne sont pas de possibles mises en examen ou des enquêtes, mais des procès. Contrairement à ses adversaires et en dépit des casseroles que se traîne le parti, Marine Le Pen ne perd pas de points dans les sondages et reste en grande forme. Le palmipède résume ainsi les choses : “Ah, ils s’accrochent, ils s’agrippent les électeurs frontistes ! On dirait des Fillon ! Ils sont comme des arapèdes sur leur cheftaine et leur parti.”
L’hebdo dresse un petit bilan judiciaire et financier de l’état du parti, auquel les autres n’ont de toute évidence rien à envier : les emplois fictifs au Parlement européen, un trésorier et un vice-président jugés dans l’affaire du financement de la campagne présidentielle de 2012, le micro-parti Jeanne également financé de manière douteuse, Jean-Marie Le Pen et son argent caché en Suisse, l’emploi du compagnon de Marine Le Pen (Louis Aliot) pour 5 000 euros à mi-temps et enfin la sous-évaluation du patrimoine du clan Le Pen afin d’éviter de payer l’impôt sur la fortune.
Le journaliste du Canard conclut ainsi :
“Marine est soupçonnée d’avoir sous-évalué ses biens de plus de 500 000 euros. Pourquoi ? pour payer moins d’impôts sur la fortune, pardi. Et donc s’enrichir… Ça devrait quand même finir par se voir.”
Mains propres et tête haute ou grosse tête et mains pleines ?
Loin d’être blanc comme neige, le Front national. Plutôt ironique quand on sait que pendant des années son slogan était “Mains propres et tête haute”. Étonnamment, on ne le scande plus comme avant, dans ce contexte marqué par la lutte contre la corruption, les scandales politico-financiers, ceux qui s’en mettent plein les poches avec l’argent public, les voyous, la finance… La candidate qui passe son temps à dénoncer les gabegies qui affectent la France n’a apparemment pas pris le temps de régler celles de son propre parti.
Mais heureusement, Marine Le Pen dit avoir un plan pour lutter contre les fraudeurs. Dans une vidéo postée par le Front national en 2011, la candidate y parle morale publique et insiste sur la nécessité de “lutter contre les profiteurs et les voyous” – et c’est assez comique. Elle accuse et prévient : “Concernant les employeurs voyous, qui fraudent en faisant travailler des migrants clandestins, ils seront très lourdement sanctionnés.” Du coup, on s’interroge : les voyous qui fraudent en faisant travailler fictivement leurs proches au Parlement européen, seront-ils aussi très lourdement sanctionnés ?
Elle termine son propos ainsi : “Nous connaissons tous autour de nous des exemples de profiteurs, de tricheurs, qui nous choquent, qui nous révulsent, qui nous révoltent. Et pourtant on voit, on sait que rien n’est fait et c’est encore plus insupportable.” Mais quand quelque chose est fait et qu’une procédure est engagée à son encontre, elle refuse de s’y soumettre. Étrange, non ?