Le nouveau titre de Dice montre que le studio a écouté les avis critiques sur la franchise.
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(© Dice)
Si le cinéma d’action a Michael Bay ou Tarantino, le FPS aussi a ses grandes figures. Autant je n’ignore jamais la popularité des Call of Duty mais j’ai une profonde affection pour la série des Battlefield, qui a toujours su traiter avec expertise et justesse les grands conflits.
Deux ans seulement se sont écoulés depuis la sortie de Battlefield 1, un épisode rempli de surprises qui plaçait son action pendant la Grande Guerre. Comme beaucoup, j’étais très enthousiaste car ce conflit a rarement été utilisé comme toile de fond dans les FPS – à part dans quelques jeux plus confidentiels, comme Verdun. La raison première étant que le choix de la “guerre de positions” (les tranchées) paraissait moins pertinent pour fournir leur dose d’action aux joueur·euse·s.
Si du côté du gameplay, Battlefield 1 était plutôt réussi, une grande frustration avait émergé vis-à-vis du système économique du jeu, qui faisait la part belle aux lootboxes, microtransactions et autres DLC aux prix exorbitants – ne serait-ce que pour jouer avec les Russes ou les Français. Ainsi, vous serez heureux comme moi d’observer un véritable mea culpa de la part de l’éditeur EA Games. À l’E3 2018, on nous avait promis la fin des systèmes d’achats “in game” à outrance, qui avaient par exemple complètement gâché Battlefront II.
Dans Battlefield V, exit la carte bancaire une fois le jeu acheté : toutes les customisations d’armes, de véhicules ou de tenues s’achètent via la monnaie du jeu (que l’on gagne en remportant des défis), et vous pouvez progressivement débloquer des armes. La communauté apprécie, croyez-moi.
Un retour à la Seconde Guerre parfaitement exécuté
Pour n’importe quel joueur de FPS ayant arpenté les champs de bataille numériques des années 2000 comme moi, le contexte de la Seconde Guerre mondiale n’est plus une nouveauté. Entre les Call of, Medal of Honor ou tout simplement Battlefield 42, le conflit a été très largement traité par pléthore de studios et d’équipes de développeurs. Pourtant, la direction artistique de Dice et le moteur Frostbite 3 continuent de m’impressionner.
Tout est beau, sans exception. (© Dice)
En toute honnêteté, je n’exagère rien en affirmant que le titre est magnifique. Comme souvent, tous les détails comptent et il y a peu à redire, que ce soit sur les textures proposées, le travail sur les lumières parfaitement exécuté, les superbes animations des explosions ou même cette physique toujours plus impressionnante – mention spéciale à la neige qui dévale des toits, une vraie petite claque.
Pour Battlefront 1, l’action avait primé sur le réalisme historique des combats de la Grande Guerre. Dans BFV, le contexte de la Seconde Guerre est beaucoup plus facile à adapter, car il y a eu beaucoup plus d’exemples de batailles éclairs intenses. Dès les premiers instants, le sound design magistralement orchestré nous plonge dans une apocalypse militaire, sans que le tout soit brouillon ou hasardeux une seule fois.
Un gameplay qui a appris, la co-op qui a repris
Pendant longtemps, le débat Call of Duty/Battlefield a tourné autour d’un unique point de divergence : l’importance du collectif. Du côté de CoD, on a une approche assez individuelle de la partie, chose que j’apprécie quand même pour son côté spectaculaire et très gratifiant. Mais dans Battlefield, l’accent a toujours été mis sur la coopération, ne serait-ce qu’avec le concept d’escouade.
Réjouissez-vous, car le collectif est de retour dans Battlefield V : alors que l’épisode de 2016 souffrait de nombreuses têtes brûlées et n’encourageait plus assez la co-op, Dice nous a bien écoutés et remet l’escouade au centre du gameplay. Quel plaisir de pouvoir enfin relever des membres de l’escouade sans passer par la classe des médecins (ces derniers le font quand même plus vite), ou de voir les bonus apportés au chef d’escouade par ses équipiers : plus vous faites d’actions collectives, plus le chef sera récompensé en bonus de type ravitaillement ou frappes aériennes.
Personnellement, j’ai toujours eu beaucoup de mal avec la simulation de guéguerre où on se soigne en s’allongeant tout en vidant 250 chargeurs d’AK-47 sur ses ennemis. Je suis assez partisan des jeux de guerre réalistes (Red Orchestra, Rising Storm, Verdun, etc.) et je dois avouer que je ne m’attendais pas à retrouver une telle forme de réalisme dans un Battlefield. La difficulté tient notamment du fait que vous partez par défaut avec peu de munitions ou de soins, et quand je remarque que quelques balles suffisent à me mettre au sol, on comprend vite qu’il faut rester groupé.
La sensation de “Got your back bro” lorsqu’on est relevé est fantastique. (© Dice)
Enfin, le système se perfectionne aussi du côté des classes : toujours au nombre de quatre par défaut (“assaut”, “medic”, “soutien”, “éclaireur”), elles sont désormais complètement personnalisables et améliorables. Vous pouvez ainsi choisir dans un large panel de skins de femmes ou d’hommes. Mais c’est surtout le choix et la customisation des armes et gadgets qui donnent envie d’enchaîner les parties. Encore une fois, aucune microtransaction, que de la progression “in game”. Merci.
Court solo, riche multi
Soyons honnêtes : les solos de Battlefield, c’est loin d’être essentiel. Pour le moment, on a trois courtes campagnes, que j’ai finies en deux heures – libre à vous de les faire à 100 %, mais ce n’est pas super fun. Je n’ai pas eu autant d’excitation dans les campagnes que sur un serveur, mais en revanche les choix scénaristiques ont le mérite de mettre en lumière des histoires souvent oubliées.
Les cinématiques sont franchement à la hauteur du cinéma. (© Dice)
La première, sur les services secrets anglais, est complètement oubliable, mais le chapitre sur la résistance norvégienne est bien plus original et informatif. Enfin, la troisième campagne, sur le rôle des tirailleurs sénégalais, est éminemment politique : on y aborde très sérieusement l’invisibilisation de leurs actes héroïques après la guerre. La direction artistique léchée (musique comme images) m’a permis d’oublier un peu la pauvreté de ce solo.
Pour ce qui est du multi, je ne me suis pas ennuyé une seule fois. Il n’y a que huit cartes, mais elles sont disponibles dans de nombreux modes différents et il y en a pour toutes les envies. Vous voulez une partie rapide et détente ? Rotterdam en infanterie est parfaite. Envie d’un combat de grande envergure ? Choisissez les “Grandes Opérations” pour des ruées incroyables à 32 contre 32. Petite nouveauté : le mode “Percée”, absolument réussi – je n’ai pas été frustré une seule fois de devoir attaquer des zones qui se débloquent au fur et à mesure.
Seul bémol sur la politique d’EA Games : le jeu n’est pas fini. Ce sentiment de précipiter des sorties pour les fêtes de fin d’année m’énerve particulièrement, même si d’un autre côté on nous promet aussi des modes et des cartes inédits, via un système saisonnier pour varier les plaisirs. Cependant, une nouvelle campagne solo sortira en décembre, et fin janvier un mode fera la part belle aux véhicules, et il faudra attendre le printemps 2019 pour enfin avoir le droit à ce fameux mode “Battle Royale” annoncé…
Résultats : A-
Ce qui est cool :
- Absolument magnifique et immersif en termes d’image, de lumières ou de son.
- Le gameplay, moins brouillon et retravaillé, pour plus de co-op et d’amusement.
- Des nouveaux modes réussis et amenant un superbe rythme de combat.
- Customisation et personnalisation pour plus d’investissement, le tout sans aucune microtransaction.
- Des sujets originaux abordés dans le solo.
Ce qui est moins cool :
- Jeu incomplet, des modes qui manquent, un Battle Royale prévu dans quatre mois.
- Les véhicules n’ont pas beaucoup changé.
- Un solo beaucoup trop court et donc très frustrant.
- Quelques bugs de lobby et de serveur assez agaçants à la longue.