J’ai ignoré ces rumeurs qui circulent à mon sujet sur Internet parce que j’estimais que leur accorder du crédit serait en quelque sorte trahir mon travail et mon identité. Mais lorsque ces allégations ont refait surface, je me suis dit qu’il fallait que je réagisse face à cette chasse aux sorcières.
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Concernant le caractère explicite de ses shootings, Terry Richardson n’hésite pas à parler d’un accord passé avec ses modèles, soulignant même le fait qu’il travaille dans le respect :
Je travaille avec des femmes adultes et consentantes, pleinement conscientes de la nature de mon travail, et qui ont signé un contrat. Je n’ai jamais utilisé une offre d’emploi ou une menace de châtiment pour contraindre quelqu’un à faire quelque chose.
J’accorde aux gens avec qui je travaille assez de respect pour les considérer comme ayant la faculté d’exercer leur libre-arbitre et de prendre des décisions en conséquence.
Une shooting qui tourne mal
Terry Richardson a bâti sa réputation grâce à ses clichés sulfureux et son penchant pour les jeunes filles dénudées. Rihanna, Kate Upton, Miranda Kerr ou plus récemment la jeune Miley Cyrus – pour laquelle il a également réalisé le clip de “Wrecking Ball”, beaucoup de jeunes célébrités se sont bousculées pour passer devant son objectif et “casser leur image”.
Depuis des années, il est l’un des photographes de mode les plus reconnus et demandés. Bien qu’il ait de nombreuses fois fait l’objet d’accusations, Richardson semblait inébranlable.
Mais le dernier séisme en date provient d’une interview explicite accordée il y a quelques jour au site Vocativ par Charlotte Waters. Après des années de soupçons qui pèsent sur le photographe, elle pourrait enfin faire changer les choses : la jeune fille revient sur sa rencontre avec Richardson et pointe du doigt le cauchemar qu’elle a vécu pendant sa session photo, dans des termes très crus – et sans omettre le moindre détail.
“Il y a quelques semaines, j’ai commencé à voir circuler plusieurs articles sur Terry Richardson. Et je me suis dit: ‘C’est exactement ce que j’ai vécu!’ Ces articles étaient très vagues alors j’ai eu envie de dire : ‘Ce ne sont pas des rumeurs!'”. Charlotte Waters a donc décidé de raconter son calvaire.
Selon elle, les faits se sont déroulés en 2009 à New York, dans le studio du photographe à Soho. A l’époque, la jeune fille a 19 ans et étudie les Beaux-arts. Pour arrondir ses fins de mois, elle pose nue de temps en temps.
Après être passée devant l’objectif de Richard Kern pour le magazine Vice et de l’artiste Ron English, Charlotte Waters se retrouve à poser pour Richardson, mais le shooting tourne mal et prend vite des allures de tournage porno. Elle raconte que les choses sont allées crescendo :
Pendant la séance photo, il a mis son doigt dans ma bouche, j’ai pensé que c’était bizarre mais j’ai laissé faire. A partir de là, il m’a demandé de me déshabiller (…) Son assistante et lui me complimentaient beaucoup, ce qui était un peu différent des shootings auxquels j’étais habituée (…) Avec du recul, c’est évident que Richardson voulait que cette jeune fille de 19 ans se sente spéciale. (…) Après, il s’est rapproché de moi et m’a demandé de déboutonner son pantalon.
A partir de là, l’agression sexuelle commence et la jeune fille se retrouve paralysée :
Il a sorti son pénis de son pantalon et a commencé à prendre des photos de moi en train de le tenir (…). Ensuite on est allé sur un canapé et il a commencé à me lécher les fesses. Dans ma tête je me disais ‘Mon Dieu, qu’est ce qu’il se passe ?’ Son assistante est arrivée et a commencé à prendre des photos. (…).
Puis il m’a ordonné de lui faire une fellation. (…) Il s’est branlé sur mon visage. Il m’a dit de garder les yeux ouverts. Et son sperme a giclé dedans. Puis il est parti et son assistante m’a donné une serviette pour m’essuyer. J’étais paralysée.
Un appel au boycott
Il y a quelques mois, une pétition a été lancée sur change.org, appelant les grandes marques à cesser d’employer Terry Richardson, plus que jamais demandé par les professionnels de la mode. Intitulée “Vogue, H&M, Mango, Supreme, et toutes les autres marques : Cessez de faire appel au délinquant sexuel présumé Terry Richardson comme photographe”, elle a récolté 28 000 signatures.
Mais depuis, magazines et autres marques n’ont pourtant pas cessé de faire appel au photographe. La marque française Etam l’a fait il y a quelques semaines pour une campagne vidéo et même Beyoncé – se revendiquant pourtant féministe – l’a engagé pour réaliser le clip de son titre “XO”, extrait de son dernier album.
Et comme le rappelle Elizabeth Paton, correspondante mode et luxe pour le Financial Times, employer Richardson c’est cautionner ses agissements :
Le fait est que, jusqu’à ce que les éditeurs arrêtent de faire appel à lui pour leurs couvertures, jusqu’à ce que les stars hollywoodiennes arrêtent de le choisir pour leurs shooting, il restera comme il est.