À l’occasion du 28 septembre, journée de mobilisation pour une harmonisation européenne du droit à l’avortement, trois femmes vivant dans des pays européens où l’avortement est interdit (ou sous hautes contraintes) nous racontent leur IVG.
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Publié par Avortement : les femmes décident sur mercredi 23 août 2017
Au sein de l’Union européenne, si certains de nos pays voisins semblent plus progressifs que la France, d’autres n’ont en revanche toujours pas légalisé l’accès à l’avortement pour toutes. Il est ainsi interdit à Malte, et sous hautes contraintes en Irlande, en Hongrie ou en Pologne. Chaque État européen est en effet libre de sa position légale sur l’IVG, d’où l’appel d’associations, syndicats, partis et collectifs de toute l’Europe à se mobiliser pour la journée mondiale du droit à l’avortement ce 28 septembre. De nombreux rassemblements sont ainsi prévus dans plusieurs villes françaises et dans toute l’Europe. À Paris, la mobilisation aura lieu place de la République et débutera à 18 h 30.
Une pétition doit parallèlement être déposée au Parlement européen, à Bruxelles, afin d’exiger “que les droits des femmes, la liberté à disposer de son corps, le droit à l’avortement et à la santé soient respectés dans tous les pays européens et inscrits comme droits fondamentaux pour l’égalité en Europe” en vue d’une “harmonisation européenne”. Ses signataires appellent ainsi “à la construction d’une mobilisation européenne autour du 28 septembre 2017”.
Dans cette perspective, trois femmes de trois pays européens interdisant ou limitant strictement l’avortement ont accepté de nous raconter leur IVG. Chacune est tombée enceinte sans le vouloir et n’a pas pu avorter dans son pays. Pour ne pas risquer leur vie au cours d’un avortement clandestin, elles n’ont eu d’autre solution que de traverser les frontières.
Izabela, polonaise, 36 ans
Preuve − s’il en fallait − que le droit à l’IVG ne semble jamais complètement acquis, elle a été légale en Pologne pendant plus de quarante ans, avant qu’une loi ne l’autorisant plus qu’en cas de viol, inceste, malformation fœtale grave ou risque pour la santé de la femme ne soit votée en 1993, et entre en vigueur en 1997. Et même cette petite “ouverture” de la loi est fragile : en 2016, un projet de loi proposé par l’Église catholique prévoyait une interdiction totale de l’IVG et des peines de cinq années de prison pour les femmes mettant fin à leur grossesse et les médecins pratiquant les IVG.
Ce projet a finalement été abandonné après le “lundi noir”, une journée de manifestation massive où des Polonaises ont déferlé dans les rues de Varsovie habillées de noir. Une mobilisation qui serait représentative de l’opinion générale : selon un sondage Millward Brown rapporté par Le Monde, 67 % des Polonais soutenaient le mouvement de protestation. Et les Polonaises n’entendent pas lâcher le combat pour le droit à l’avortement pour toutes. Le prochain grand rassemblement pro-choix est prévu le 3 octobre prochain à Varsovie.
Izabela, qui fera partie des manifestantes, nous a raconté comment elle a dû aller avorter en Allemagne :
“J’avais déjà deux enfants, tous deux souffrant de sphérocytose héréditaire. Ma fille allait relativement bien malgré tout, mais mon cadet a passé du temps à l’hôpital : il risquait d’avoir besoin d’une transfusion et avait alors seulement cinq semaines. Il était assez souvent malade et souffrait de différentes allergies et d’irritations cutanées, il se grattait jusqu’au sang. J’ai fini par être sacrément déprimée, j’étais épuisée à cause du manque de sommeil. C’est là que je suis de nouveau tombée enceinte.
Mon corps étant complètement déboussolé, je n’avais pas mes règles et je pensais juste qu’il ne s’était pas encore remis de la grossesse et de l’accouchement − d’autant plus avec la fatigue et le stress. C’est au moment de reprendre le travail, à la fin de mon congé maternité, que je me suis rendu compte que j’étais encore enceinte. Comme j’ai découvert ma grossesse assez tard − j’étais déjà dans ma huitième semaine −, j’ai décidé d’aller à l’étranger pour y mettre un terme en toute sécurité et légalité. J’en ai informé ma famille, mais personne n’a protesté. On était tous épuisés.
Je suis partie seule en Allemagne, où la méthode utilisée a été l’aspiration puisqu’il était trop tard pour la méthode médicamenteuse − c’était ma onzième semaine de grossesse. Mon ami m’a ensuite rejointe à Berlin, et nous sommes revenus en Pologne. Là-bas… disons qu’on avorte, mais qu’on ne parle pas d’avortement. Les femmes ne veulent pas en parler en public. C’est la conséquence de la propagande anti-choix qui dépeint l’avortement comme un péché et un meurtre. Même notre langage a changé : on ne dit plus ‘fœtus’, on dit ‘enfant à naître’. Qu’est-ce que c’est que ça ? Ce n’est même pas correct en matière de développement humain.
Côté vie privée, j’évolue dans une bulle sociale où le droit à l’avortement ne fait pas débat ; tout le monde soutient qu’il s’agit d’un droit humain fondamental. J’ai des amis pourtant fermement religieux qui croient en la liberté de choisir. Grâce aux manifestations qui ont été lancées l’année dernière, mes collègues sont désormais d’accord avec le fait que la loi anti-avortement devrait être libéralisée. Bien sûr, il y avait des manifestations avant le mois de juin 2016, mais pas aussi énormes. Il me semble que la dernière grosse manifestation date de 1993, au moment où la loi anti-avortement a été proposée au Parlement et acceptée.
Je suis une personne ouverte, et j’ai commencé à parler de mon expérience personnelle autour de moi, parce que les gens ont précisément peur de raconter les leurs : ils ne parlent que de choses assez abstraites pour les femmes lambda qui tombent enceintes et n’ont pas les moyens d’avoir un autre enfant ou ne sont pas prêtes. Ils parlent de loi, de justice, de religions, de droits, mais pas de l’histoire de ces femmes que cette loi concerne le plus.
Ici, beaucoup de personnes pensent que l’avortement devrait être légal pour toutes, mais c’est un stigmate, un péché. En gros, tu peux en avoir un, mais tu ne dois pas en parler parce que c’est sûrement ta stupidité qui t’a menée là, et tu devrais donc être morte de honte. Mais je sais que l’avortement est un droit humain fondamental. On l’a enlevé aux Polonaises et aux Irlandaises, et nous devons le reprendre. Ce n’est pas juste que d’autres personnes décident ce qui est bon ou mauvais pour moi.”
Roberta, irlandaise, 37 ans
Auparavant complètement interdit, l’avortement en République d’Irlande est autorisé depuis 2013 dans l’unique cas où la femme enceinte court un danger pour sa santé, danger qui doit être justifié par deux médecins. Autrement, l’IVG est un crime passible d’une peine de 14 ans de prison, le “droit à la vie d’un enfant à naître” étant inscrit dans la Constitution. Mais comme Libération le rapporte, lors d’un référendum organisé en 1993, si les Irlandais ont rejeté la légalisation de l’avortement, ils ont néanmoins reconnu le droit de pratiquer une IVG à l’étranger − ce que 4 000 Irlandaises feraient chaque année.
La législation est similaire en Irlande du Nord, où les IVG ne sont possibles qu’en cas de menace pour la vie de la mère. Comme le site des Terriennes l’explique, en juin dernier, le gouvernement britannique a en revanche annoncé qu’il financerait désormais les avortements en Angleterre des Nord-Irlandaises. Une bonne nouvelle qui a été suivie d’une autre très récemment : ce mardi 26 septembre, le gouvernement irlandais a annoncé un programme de référendums portant sur des amendements constitutionnels, dont le huitième amendement sur l’avortement.
En mai ou juin 2018, les Irlandais·es devraient donc pouvoir faire entendre leur voix et pourraient enfin obtenir l’abrogation de l’amendement − ce que le mouvement Repeal the 8th (“Abrogez le 8è”) demande depuis 2013. Les Irlandaises se mobilisent en effet depuis des années pour obtenir ce droit fondamental. Le 20 septembre dernier, elles défilaient devant le Parlement irlandais, et une grande manifestation est organisée ce samedi 30 septembre à Dublin, toujours comme les Terriennes le rapportent.
Roberta, qui vit dans le centre de l’Irlande, a souhaité témoigner sur l’avortement traumatisant qu’elle a dû subir, afin de revendiquer le droit de choisir, de disposer librement de son corps, et un accès aux informations concernant la contraception, pour ne plus être victimes des soignants qui abusent de l’ignorance et de la vulnérabilité des femmes enceintes − sans forcément le vouloir :
“C’était en 2003. J’avais 23 ans quand j’ai rencontré Gavin, dont je suis tombée folle amoureuse. Un jour, après trois mois de relation, le préservatif a craqué alors que nous faisions l’amour. À cause d’antécédents de cancers dans ma famille, j’avais arrêté la pilule quelques mois auparavant. J’ai donc vu mon médecin le lendemain matin pour demander la pilule du lendemain. Gavin est venu avec moi, et nous avons tous deux signé un formulaire disant que si la contraception d’urgence ne fonctionnait pas, nous devions prendre en compte qu’elle pouvait affecter le développement du fœtus.
Quelques semaines plus tard, quelque chose m’a dit de faire un test de grossesse. Le premier a tout de suite été positif, avant même que je le pose sur l’évier de la salle de bains. Mon cœur s’est arrêté. J’en ai fait deux autres, qui ont également été positifs.”
Lorsque Roberta a appelé son copain pour le lui dire, il lui a répondu qu’il devait finir de se faire couper les cheveux et qu’il lui parlerait plus tard. Avant de finalement la rejoindre pour qu’ils retournent voir le médecin :
“Le médecin nous a alors dit que l’afflux d’hormones, etc., de la contraception d’urgence allait empêcher le fœtus de se développer correctement, qu’il fallait que j’avorte. Depuis, j’ai appris que c’était bien entendu faux (et je ne sais toujours pas pourquoi il m’a dit cela)…
Une seule solution était alors possible : aller avorter à Manchester. Mon père nous a conduits à l’aéroport, Gavin et moi. Je sais que ça l’a déchiré de faire ça. Mes parents avaient juré qu’ils m’aideraient à élever leur premier petit-fils ou première petite-fille, qu’importent les conditions. Mais comme je faisais confiance au docteur, je ne pouvais pas prendre de risques. Gavin, lui, n’a rien dit à ses parents, et il s’est endormi dans l’avion. J’étais seule. De la découverte de ma grossesse au moment où j’ai enfin réussi à me pardonner d’avoir avorté, je n’ai ressenti qu’un seul sentiment : de la solitude.
Notre vol étant très tôt, nous sommes arrivés à la clinique à 9 heures du matin, des heures avant mon rendez-vous. Ils se sont néanmoins débrouillés pour me voir tout de suite. On m’a appliqué un gel anesthésiant autour de l’entrée du vagin, mais je sentais quand même toute la procédure. Je l’ai revécue pendant des années, à chaque fois que j’avais des crampes à cause des règles, puisque c’est de cette façon que l’avortement a commencé. Ça a été une procédure extrêmement inconfortable, et je me souviens avoir pleuré tout le temps, de soulagement et de tristesse à la fois.
Quand je suis sortie de la salle de réveil, je pensais que Gavin allait me serrer dans ses bras et s’occuper de moi. À la place, il m’a juste tendu mes affaires, et nous sommes partis. Pendant que j’avortais, il était simplement allé manger. Nous sommes rentrés en Irlande ce soir-là. Mon père est venu nous chercher et a ramené Gavin chez lui. Il n’a plus jamais voulu parler de cette journée, et cela m’a beaucoup affectée. Nous avons rompu quelques mois plus tard.
En Irlande, peu de gens sont à l’aise quand il s’agit de parler d’avortement. C’est donc difficile de savoir ce que les gens en pensent, comme la plupart ne veulent pas en discuter ouvertement. La seule personne à qui j’en parle régulièrement, c’est mon mari.
Aucune femme de moins de 53 ans n’a eu l’opportunité de voter pour l’abrogation du huitième amendement, et pourtant, ce sont elles qui sont, ou ont été, affectées par cette loi. Il s’agit d’une législation archaïque qui a été mise en place à une époque où les gens étaient plus facilement influencés et dirigés par l’Église, ses enseignements et ses croyances.
J’aimerais dire au gouvernement irlandais et à l’Union européenne d’arrêter de refuser aux femmes irlandaises des droits fondamentaux. Arrêtez de nous traiter comme si nous étions dénuées de toute intelligence. Arrêtez de faire comme s’il ne se passait rien. Ce n’est pas un sujet que nous voulons oublier, nous n’arrêterons pas de manifester, nous ne serons jamais réduites au silence. Les Irlandaises ont été oppressées par le patriarcat depuis des générations, traitées comme des criminelles par égard pour l’Église, et nous exigeons l’accès à un avortement sûr et légal dans notre propre pays.”
Une Maltaise anonyme
Difficile de trouver une Maltaise acceptant de témoigner à propos de son avortement. L’État insulaire est en effet le seul de l’Union européenne à strictement interdire l’avortement, quelle que soit la situation. En cas d’infraction à la loi, la peine peut aller de 18 mois à trois ans de prison pour la femme et le médecin ayant pratiqué l’IVG.
Conséquence : selon le site de la télévision nationale du pays, TVM, elles étaient 58 femmes à avorter au Royaume-Uni en 2015, ce qui est énorme pour un si petit pays. De nombreuses autres Maltaises se rendraient par ailleurs en Italie, sans qu’il n’y ait de données sur le sujet. Pour la militante pour les droits des femmes Francesca Fenech Conti, les droits sexuels et reproductifs des femmes constituent “l’un des derniers bastions du conservatisme dans une société patriarcale dominée par l’Église”, rapporte la BBC. Même si elle considère que le tabou autour de l’avortement s’assouplit, et qu’il y aura forcément des changements “bientôt”.
Preuve de cette ouverture, mi-septembre, un groupe de neuf jeunes Maltais a présenté une résolution au parlement national des jeunes intitulée “Sexual health and reproduction in Malta” (“La santé sexuelle et reproductive à Malte”). Il demande notamment que l’avortement ne soit plus tabou et puisse être ouvertement discuté.
Le site maltais Lovin Malta nous a autorisé à traduire des extraits du témoignage anonyme d’une jeune Maltaise qui a dû aller avorter en secret à l’étranger en 2015. Dans son texte “J’ai avorté. Voilà comment c’était”, elle raconte la culpabilité, la grande angoisse et la solitude qui ont entouré son avortement. Pour insister, à son tour, sur l’importance et l’urgence de respecter les droits des femmes, dont la liberté à disposer de son corps, et le droit à l’avortement.
“En décembre, j’avais décidé d’arrêter la pilule pour plusieurs raisons. Mon copain et moi traversions l’une de ces ruptures traumatisantes, le genre où vous vous hurlez dessus à un moment, et deux secondes après, vous avez des rapports super passionnés. Mais quand j’ai fait le test de grossesse, nous avions jeté l’éponge pour de bon et en étions à la phase ‘haine’ de la rupture. Donc tout ce que j’arrivais à me dire, alors que j’étais assise avec le test positif, était ‘MERDE’.
Je me sentais stupide, tellement stupide. J’avais supposé qu’il me faudrait un mois ou deux après l’arrêt de la pilule pour redevenir fertile, mais clairement, ça n’avait pas été le cas. Mon corps présentait les signes d’un début de grossesse. Mes seins étaient énormes. J’étais incroyablement constipée, et cela faisait environ trois semaines que j’avais des crampes dans le ventre par intermittence. Tous les signes étaient là. Pourquoi avais-je été si stupide ?
Les deux jours suivants ont été intenses. Je suis passée de moments de joie, de crises d’angoisse extrême, à des moments de déni complet. Je ne suis plus une adolescente et j’ai toujours voulu avoir des enfants, mais pas comme ça. Pas avec un homme qui était toxique et pas avec ce manque total de préparation. J’avais vu des enfants dont les parents étaient séparés qui étaient balancés de leur mère à leur père, leur grand-mère, la mère de la copine du père… et je ne voulais pas ça.
Je n’étais pas prête à le dire à qui que ce soit. Je ne sais pas pourquoi, j’ai des amis plutôt logiques et progressistes, mais les voix dans ma tête me donnaient suffisamment leurs avis. Je n’avais pas besoin d’en entendre d’autres. [..]
Après quelques jours, j’ai envisagé l’avortement.
Au cas où vous ne le sauriez pas, l’avortement est illégal à Malte, très illégal. Ce n’est pas quelque chose dont l’on parle, ni socialement, ni politiquement. Nous n’en parlons que dans un contexte religieux, où le message est clair : c’est mal, point.
À l’école, les filles en dernière année de primaire sont emmenées dans un hall et doivent regarder la vidéo d’une femme qui se fait avorter. La vidéo est très choquante, elle montre une femme à la grossesse très avancée ayant un avortement chirurgical. C’est horrible. Non seulement, la femme a l’air de souffrir au-delà du supportable, mais vous pouvez voir les os et la chair du fœtus, proche du terme, être dépecés et jetés. Il n’y a pas de discussion pédagogique après, on vous dit juste : ‘Vous voyez comme c’est mal, ne faites pas l’amour, et si vous le faites, ne pensez même pas à avorter.’
Comme je n’avais absolument aucun point de référence, je me suis tournée vers Google, et j’ai appris à peu près tout ce qu’il y a à savoir sur l’avortement.”
La décision s’est imposée pour la jeune femme, qui en a parlé à son ex, qui était d’accord avec elle. Elle a donc pris un rendez-vous pour avorter dans une clinique anglaise, à Birmingham. On lui a promis une confidentialité totale, et fourni toutes les informations nécessaires. La jeune femme a réservé un hôtel près de l’établissement et s’est envolée seule pour l’Angleterre en racontant à sa mère (chez qui elle vivait) qu’elle prenait des petites vacances :
“J’étais terrifiée et seule. Je n’avais aucun soutien des personnes qui m’étaient chères, et même si je savais que c’était ce qu’il fallait que je fasse, les voix dans ma tête avaient des doutes. Plus je m’approchais de Birmingham, et plus je me sentais mal. J’avais l’impression que tous les gens que je connaissais étaient là, et que tout le monde me jugeait. Du réceptionniste à l’hôtel au gars du service de chambre, en passant par le chauffeur du taxi, tout le monde devait penser que j’étais une horrible tueuse de bébés.”
La jeune femme a fait un avortement médicamenteux, qui lui a coûté 600 livres (environ 686 euros). Et a dû rapidement retourner à Malte, avec un voyage très difficile puisqu’elle saignait beaucoup et avait peur du regard des autres. Elle a ensuite repris sa vie quotidienne, sans oublier.
“Au bout de deux semaines, j’en ai parlé à quelques amis qui m’ont beaucoup soutenue. J’ai pris rendez-vous avec une psychologue que j’ai vue régulièrement pendant un moment. Maintenant que le temps a un peu passé, je n’ai aucun regret. Je me suis un temps demandé si la décision était égoïste. Peut-être que oui, mais je ne voulais pas mettre un enfant au monde dans ces circonstances. Je savais que cela aurait été dur pour moi, dur pour l’enfant, et dur pour les personnes m’entourant. Il y avait une autre option.
J’ai toujours cru que, quand une personne doit faire un choix, le plus souvent, elle fait le bon. Certains pensent que les gens ne peuvent que mal se comporter s’ils ne sont pas guidés par des législateurs et des éducateurs omniscients, mais je ne suis pas d’accord. […]
Je pense qu’il est grand temps que nous envisagions une discussion sur l’avortement à Malte, pour que les femmes de tous les âges puissent avoir un meilleur contrôle de leur corps, leur vie et leur bonheur.”
À lire -> “J’avais honte” : après avoir avorté en France, elles dénoncent des conditions indignes