En 2015, Star Wars est de retour. Critique garantie sans spoilers.
À voir aussi sur Konbini
C’est le film de l’année. Celui que tout le monde attendait. Celui dont tout le monde connaissait la date de sortie, après avoir croisé les affiches dans le métro, les produits “exclusifs” dans les centres commerciaux, les nombreux trailers et spots de télévision via YouTube, sans compter un nouveau jeu vidéo. En un mot : personne n’y a échappé.
Mais si la machine commerciale de Star Wars, soutenue par le géant du divertissement Disney, a soumis le monde à son temps médiatique, rien de l’histoire, ou très peu, n’a été divulgué. Le jour de l’avant-première, ce mardi 16 décembre, c’est dans une ambiance électrique qu’un représentant a imploré les journalistes et personnes présentes dans la salle, à qui on avait fait signer une longue décharge matinée de possibles représailles, de ne pas dévoiler une seule ligne de la trame scénaristique de ce septième opus afin de laisser “vierges” les spectateurs. Soit, c’est légitime.
Venons-en à ce que nous savons. Pour la suite de Star Wars, épisode VI : Le Retour du Jedi (1983), intitulée Star Wars : Le Réveil de la Force, Disney a demandé à un jeune Padawan âgé de 49 ans de s’en occuper. Il s’appelle J.J. Abrams et représente un certain Hollywood des années 2000 : sa carrière est tournée vers le passé, entre hommage à son père et mentor Steven Spielberg (Super 8) et reboot réussi d’une saga déjà trilogie (Star Trek, depuis 2009). Mais il incarne aussi la difficulté qu’a l’industrie cinématographique américaine à se renouveler, le réalisateur américain étant derrière des suites de franchises bien établies dans la conscience populaire, Mission : Impossible (le 3 et le 4) et Star Trek en tête.
Pas étonnant donc que Disney en appelle à un enfant des années 70, un connaisseur expérimenté du milieu du septième art pour sa capacité à reformuler un passé cinématographique flamboyant, afin de reprendre Star Wars et de se mettre à la place de feu George Lucas. En d’autres mots, J.J. Abrams, c’est l’une des pierres angulaires du divertissement américain tout puissant. Un cinéma populaire, commercial et souvent de qualité, né en 1975 avec un certain Steven Spielberg et ses Dents de la mer.
Nostalgie et modernité
Ces faits énoncés, qu’est finalement Star Wars : Le réveil de la Force après ses 2 heures et 15 minutes d’images ?
Il se déroule 30 ans après les événements de l’épisode 6. Le retour de ses personnages iconiques- Han Solo, Chewbacca et la princesse Leia – permet de lier deux films ayant trois décennies à rattraper. Si les nombreuses références et clins d’œil seront appréciés des fans, J.J. Abrams parvient à ne pas muséifier les héros légendaires de la première saga et à ne pas les citer seulement pour contenter les fans de la première heure : ils ont un rôle et toujours un sacré caractère.
Ainsi, les retrouvailles s’opèrent avec un humour et une prise de recul bienvenus, sans jamais ralentir un scénario qui entend ne jamais laisser une minute de repos au spectateur : explosions dans tous les sens, poursuites de vaisseaux hallucinantes, combats au sabre laser qui claquent dans la rétine et, évidemment, retournements de situation. À la sortie du film, on sait déjà que des dialogues seront connus par coeur, que des scènes resteront gravées dans la mémoire, qu’un culte sera voué aux nouveaux personnages.
Justement, parlons-en. Voici leurs noms : Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac et Adam Driver. Les deux premiers sont inconnus du grand public, les deux autres ont déjà une réputation dans le milieu, Inside Llewyn Davis et Ex Machina pour Isaac, la série Girls pour Driver. Tous, dans leur diversité, s’insèrent parfaitement dans ce Star Wars, incarnant les pièces-maîtresses du film, entre un Stormtrooper dissident (Finn), une pilleuse d’épaves (Rey), un Sith (Kylo Ren), un pilote de la résistance (Poe).
Ils donnent un nouveau souffle à l’univers pour correspondre aux attentes d’une population jeune qui n’a pas forcément regardé les six premiers épisodes. Là où Disney réussit après le rachat très médiatisé de Lucasfilm, c’est ainsi de donner corps à un nouveau bataillon de personnages aussi forts et attachants que ceux de la première trilogie.
Mais si Star Wars a bien un défaut, c’est celui de son manque de surprise : oui, les décors sont sublimes, la 3D fonctionne, l’histoire racontée modernise la saga, l’auto-parodie est évitée, mais la recette est tellement visible qu’on reste (un peu) sur sa faim. Star Wars : Le Réveil de la Force vous donnera ce que vous vouliez : un retour aux sources énergique, une invitation à se raccrocher à votre passé, celui qui vous voyait, gamin, scotché à l’écran de la télé, la bande magnétique de la VHS défilant, suivant les aventures Luke Skywalker, Han Solo et la princesse Leia.
Avec Le Réveil de la Force, vous serez toujours aussi scotché a l’écran – cette fois-ci de cinéma – mais la surprise, l’étonnement, ne sera plus. Et c’est une partie de la magie de Star Wars, dont la recette est désormais parfaitement préservée dans un coffre-fort nommé Disney, qui s’est un peu envolée.