Konbini revient avec vous sur les rapports de force qui s’organisent autour des deux candidats à l’approche du deuxième tour de la primaire.
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L’étude des soutiens aux candidats d’une primaire est toujours une bonne occasion de se faire une idée des différents courants, parfois très conflictuels, qui parcourent une famille politique. À peine les résultats du premier tour de la primaire de la Belle alliance populaire étaient-ils tombés que les regards se tournèrent vers les perdants de cet exercice électoral, et sur les grands “barons” du parti socialiste : “qui soutient qui ?” Nous revenons avec vous sur les principales déclarations de soutiens de ces derniers jours.
Benoît Hamon
Arnaud Montebourg : “Je voterai Benoît Hamon et je vous invite à faire de même.” Le candidat du made in France n’a pas attendu longtemps avant d’appeler ses soutiens (18 % des suffrages exprimés) à voter pour un homme avec lequel il partage de nombreuses convergences de fond. Après avoir quitté ensemble le gouvernement, les deux hommes ont longtemps incarné le mouvement des “frondeurs” face aux politiques menées par le couple Hollande/Valls, une opposition qui les a poussés à faire front commun au cours de leur campagne contre le bilan de l’ex-Premier ministre. Arnaud Montebourg défend, comme Benoît Hamon, la nécessité de l’abrogation de la loi travail, la mise en place d’une VIème République ou encore l’émancipation de la “règle des 3 % de déficit” dictée par l’Union européenne. Si leurs vues diffèrent sur des points comme le revenu universel ou la légalisation du cannabis (défendus par Benoît Hamon), c’est bien leur opposition aux politiques néolibérales du gouvernement et à la vision de Manuel Valls de la laïcité qui explique aujourd’hui le ralliement d’Arnaud Montebourg. Ralliement qui devrait fournir à Benoît Hamon un matelas de voix confortable en vue du deuxième tour.
Martine Aubry : Trois mots, “Tout sauf Valls”. Sans grande surprise, l’hostilité de Martine Aubry envers Manuel Valls se traduit aujourd’hui par un soutien sans faille à l’ancien frondeur. Dans une lettre cosignée par vingt membres éminents du PS, elle explique que le vote Benoît Hamon est le choix “d’une gauche solide sur ses valeurs, lucide sur le défi social-écologique, porteuse d’une Europe refondée, et innovante sur ses solutions d’avenir”. Une manière de renvoyer l’ascenseur à celui qui lui avait aussi permis d’accéder à la présidence du PS en 2009 en se ralliant à elle, puis l’avait ouvertement soutenue lors de la primaire de 2011. Derrière le soutien de Martine Aubry, c’est celui de l’aile gauche du PS qui se dessine, à l’image du ralliement de l’ancien secrétaire général du PS Henri Emmanuelli.
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Manuel Valls
Sylvia Pinel : la présidente du Parti radical de gauche, qui a récolté 2 % des suffrages au premier tour de la primaire, a annoncé son ralliement à l’ex-Premier ministre. Les deux candidats se rejoignent sur de nombreux points qui furent la marque de fabrique de Manuel Valls pendant ses 2 ans d’exercice du pouvoir : politiques économiques en faveur des entreprises, affirmation de l’autorité républicaine, laïcité “rigide”, etc. “Le plus proche de mes convictions notamment sur la défense intransigeante des valeurs de la République”, a-t-elle expliqué lors de l’annonce de son soutien, qui renforce le positionnement centre-gauche de Manuel Valls.
Les ministres : à de rares exceptions, les ministres en poste ont décidé de soutenir celui qui fut leur chef pendant deux ans. Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Yves Le Drian, Myriam El Khomri, Jean-Jacques Urvoas, Michel Sapin, Jean-Marie Le Guen, Laurence Rossignol ou encore Bruno Le Roux se sont ainsi ralliés comme un seul homme à la candidature de Manuel Valls à l’annonce du retrait de François Hollande. Certains membres du gouvernement ont donc été forcés de faire le “choix du dauphin”, même après l’avoir parfois rudement critiqué lors de son passage au gouvernement.
Les indécis
Jean-Luc Bennahmias : le trublion de la primaire n’a pas encore dévoilé quel candidat il soutiendra pour le second tour, une annonce qui devrait tomber mercredi. S’il a déclaré vouloir discuter avec les deux derniers hommes en lice et avec ses partisans avant de donner des consignes de vote, les proximités affichées avec Benoît Hamon au cours des débats, notamment sur le revenu universel, laissent plutôt penser à un soutien envers ce dernier.
François de Rugy : le président du Parti écologiste ne soutient ni Hamon… ni Valls. “Je ne pourrai pas voter pour Benoît Hamon, mais à ce stade je ne vois pas, par rapport aux questions que j’ai portées, de dynamique non plus dans la candidature de Manuel Valls“, a-t-il ainsi déclaré au micro de France Info. Un “ni-ni” qui prive les deux hommes des presque 4 % de suffrages récoltés au premier tour et qui devrait pousser les électeurs écologistes à se tourner vers Yannick Jadot, candidat investi lors de la primaire d’Europe-Écologie Les Verts (EELV).
Vincent Peillon : l’ancien ministre de l’éducation est également partisan du “ni-ni” : il ne se retrouve ni dans le projet de revenu universel de Benoît Hamon ni dans la violence des 49-3 de Manuel Valls. Vincent Peillon appelle tout de même les électeurs de gauche à se mobiliser pour choisir leur candidat afin d’opposer à la droite le “rassemblement […] le plus fort possible“.
François Hollande : le président a visiblement décidé de prendre un maximum de distance par rapport aux primaires : “s’il avait voulu participer à la primaire, il aurait été candidat”, explique un de ses proches à France Info. Le soir du premier débat, François Hollande était au théâtre pour voir le dernier spectacle de Michel Drucker. Dimanche, il ne votera pas. Une volonté affichée de se placer au-dessus de la mêlée qui n’est pas pour rassurer le PS, surtout au vu des rumeurs d’un possible ralliement du président à Emmanuel Macron. Si l’Élysée a rapidement démenti, le flou savamment orchestré par les équipes de François Hollande laisse aujourd’hui une grande marge d’action.