SnapChat récidive. Pour la deuxième fois, le service de partage d’images a décliné une offre de Facebook. Le réseau social avait proposé fin octobre un chèque d’un milliard de dollars : une première proposition retoquée. Mark Zuckerberg est revenu à l’assaut ce 13 novembre en mettant sur la table près de trois milliards de dollars, selon le Wall Street Journal.
La somme est impressionnante, trois fois plus importante que celle allouée au rachat d’Instagram en mai 2012, pour moins d’un milliard de dollars. Mais Evan Spiegel, le co-fondateur de SnapChat âgé de 23 ans, n’a pas répondu aux sirènes bling-bling de Facebook : il a refusé, à nouveau.
La raison invoquée ? Attendre l’année prochaine afin que que SnapChat puisse prendre en considération chaque offre, le temps que l’évaluation de l’entreprise prenne du poids.
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Facebook contre Snapchat
Par définition, SnapChat est un réseau social qui frôle les aspirations de Facebook (partager des contenus, images ou vidéos à ses amis) tout en contournant ses problèmes de vie privée : les messages sont effacés dès lors qu’ils ont été consultés par leurs destinataires.
Cette auto-destruction fait de SnapChat un réseau social (presque) privatif. Car il ne faut pas croire que les contenus seront supprimés dans la seconde et ne se retrouveront pas sur la Toile : les utilisateurs peuvent prendre des captures d’écran des contenus qu’ils ont reçus. Un anti-Facebook et protecteur de la vie privée ? Pas si sûr, même si les refus de Evan Spiegel et Bobby Murphy, les fondateurs de SnapChat, le laissent penser.
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Pour le moment, le service répond à des attentes et à des utilisateurs spécifiques (adolescents en général) qui veulent apposer un petit vernis de protection sur leur quotidien 2.0 via un réseau social qui se veut “sécurisé”. Mais l’acharnement de Facebook à vouloir racheter le service, alors que son chiffre d’affaire tourne autour des 200 000 dollars, démontre à quel point Mark Zuckerberg veut éliminer (et pas forcément intégrer) la concurrence.
Résultat, SnapChat représente plus un nouveau nom au tableau de chasse des réseaux sociaux rachetés par Facebook, qu’une porte d’entrée vers l’innovation.
SnapChat : l’application qui monte
Et si Facebook veut tant avaler SnapChat, c’est parce que comme Instagram à son époque, le service de partage affole les compteurs. En mois de deux ans, SnapChat, fondé par deux étudiants de Stanford qui voulaient effacer les photos de leurs soirées arrosées, a réussi son pari.
L’application fait un carton à sa sortie, alors que son lancement est réalisé à un moment particulier de la vie politique américaine : au même moment, des images “not safe to work” de Anthony Weiner, un congressman américain, sont dévoilées sur Twitter. En France, on peut citer en comparaison le “DM Fail” d’Éric Besson en octobre 2011. D’ailleurs, SnapChat est actuellement l’application la plus recherchée sur l’Apple Store dans l’Hexagone (sans prendre en compte les jeux).
Cette année, Facebook a organisé sa défense en développant Poke, une application qui reprend le trait principal de SnapChat : l’auto-destruction programmée de contenus partagés. Sans succès. Aujourd’hui, Mark Zuckerberg peut prendre peur : près de 350 millions de photos sont partagées sur Snapchat, soit autant que sur Facebook. Et l’application commence à concurrencer Instagram : 9% des possesseurs de smartphones aux États-Unis la possède, 18% pour Instagram.
L’entreprise ne fait pas des bénéfices comparables à Facebook ou Twitter. Mais sa valorisation, au bout de deux années d’activité, impressionne. 60 millions de dollars ont déjà été levés pour une valorisation à 800 millions de dollars. En perspective, SnapChat prévoit une levée de fonds de 200 millions de dollars pour une valorisation qui pourrait être de l’ordre de… 3 à 4 milliards d’euros. Facebook peut trembler. Et ça se voit déjà.