C’est un type d’art plastique un peu spécial que proposait La Mutinerie lors de l’un de ses ateliers. Entre des cours de cuisine, des classes de poterie et des sessions bricolage, notre professeure Velvet Belladona nous a confié sa recette pour fabriquer un sex-toy DIY. Ciao les vases, coucou les pénis !
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En plein après-midi, la salle de La Mutinerie, haut lieu du féminisme très animé en soirée, est méconnaissable. Velvet Belladona du collectif Polycrome y anime l’atelier “Fabrique ton propre sex-toy”. Diplômée d’art appliqué et d’histoire de l’art, elle décide d’utiliser ses compétences à des fins différentes. Une bonne idée.
Je me retrouve devant une table avec une dizaine de jeunes femmes et un jeune homme venus mettre la main à la pâte. L’idée ? Créer un sex-toy soi-même. Velvet Belladona nous invite à laisser libre cours à notre imagination, et les possibilités sont pour le moins infinies. Peut-être trop. Pour le meilleur… Et pour le pire ?
Pour créer son propre sex-toy
Temps de préparation : à peu près 6 heures – Difficulté : difficile – Temps de réflexion sur le sens de la vie : trop long
Matériel :
- De la plastiline (magasins d’art)
- Du talc
- Du plâtre à modeler (magasins de bricolage)
- Du vernis acrylique (magasins de bricolage)
- Du silicone SkinFX (Esprit Composite, Paris 14e)
- Du colorant et/ou des paillettes
- Des barquettes en aluminium
- De la vaseline
- Du white-spirit
Étape 1 : donner forme à ses désirs
C’est le moment de bien réfléchir. Il n’y a aucune règle. On se regarde tous du coin de l’œil. Peut-être que ce sont les multiples possibilités qui me font paniquer ? Je me revois au fond de la classe d’arts plastiques, sans aucune idée, à regarder faire les autres. Au bout de vingt minutes de réflexion intensive, où des pensées existentielles s’entrechoquent dans ma tête, je me lance sans grande conviction dans la confection de ce que je pense être un sex-toy “type” (c’est-à-dire la forme phallique classique, agrémentée d’un petit crochet).
Je malaxe et je coupe. Quitte à faire un sex-toy, autant le faire jusqu’au bout et lui donner une forme affirmée et reconnaissable. Certains diront que je n’ai pas d’imagination (et ils auront sans doute raison), mais je sauve la donne en utilisant un petit dé à coudre à picots, qui traînait sur la table parmi d’autres ustensiles. Plutôt créatif, non ?
À mes côtés, certains ont des idées géniales que je regrette ne pas avoir eues : une langue à ventouses, un marteau ou encore un sex-toy avec une surface faisant penser à des bulles. Mais loin de moi l’envie de copier, je continue sur ma lancée de meuf sans imagination.
Étape 2 : cacher cette horreur
Pas très convaincue par mon simili chef-d’œuvre, je le parsème de talc pour que le plâtre puisse ensuite bien y adhérer. Le temps est venu de le poser bien à plat dans une barquette en aluminium, sans qu’il ne touche les bords, sauf sa base (la poignée du sex-toy), qui doit adhérer à la barquette. Je coule ensuite du plâtre tout autour, jusqu’à remplir un tiers du moule. Une fois que la pâte a un peu séché, je fais quelques trous au couteau dans le plâtre encore mou. Quand cette première couche a totalement séché, j’y applique de la vaseline en faisant bien attention à ne pas en mettre sur mon sex-toy.
Il faut à présent mettre du colorant dans le reste du plâtre, mélanger la mixture puis finir de remplir le moule à gâteau en aluminium. L’idée ? Faciliter le repérage des deux couches de plâtre différentes grâce à cette seconde couche d’une autre couleur. Je dis donc, sans grand mal, adieu à ce petit bout de pâte à modeler assez effrayant, tandis que je le recouvre d’une belle couche de plâtre bleu.
Étape 3 : l’instant Bob le bricoleur
Après quelques heures de séchage, le meilleur moment de cet atelier est arrivé. À l’aide d’un marteau et d’un tournevis, je tape sur l’espèce de brique de plâtre démoulée pour faire de petites entailles sur la démarcation entre les deux couches. Une opération assez délicate, car il ne faut pas détériorer l’intérieur du moule en tapant trop fort. Une fois le premier tour effectué, je tape à nouveau sur les entailles déjà faites jusqu’à ce que le plâtre se fende en deux. Il faut à présent retirer la pâte à modeler pour pouvoir vernir le moule.
Étape 4 : peser, doser, mélanger (c’est une science de fabriquer des sex-toys)
Un petit pinceau à la main, je badigeonne la surface en creux d’un vernis. Il ne faut pas trop en mettre, mais assez quand même. Le genre d’indication approximative qui amène à improviser totalement.
Sur une table sale, tachée de plâtre et où se côtoient PQ et torchons, on mélange maintenant le silicone à du colorant rose dans une grande bassine. On peut préférer faire un sex-toy transparent, mais le choix est compliqué… Rose, c’est cliché, et puis c’est moche. Mais transparent, c’est un peu simple quand même. Puisque ce sex-toy prend la forme d’un jouet sexuel classique, autant aller jusqu’au bout en lui donnant une couleur que je n’aime pas.
J’entoure de ruban adhésif les deux parties de mon moule mises ensemble et y verse le silicone préparé. Il ne reste plus qu’à attendre. Un peu comme si un œuf était sur le point d’éclore, je m’apprête à ouvrir le moule. C’est l’heure de vérité. Après six heures de bricolage (un peu) et d’attente (beaucoup), je vais enfin découvrir à quoi ressemble mon sex-toy.
Résultat : j’ai créé un monstre
Ma création est tout bonnement affreuse, à tel point qu’elle me fait peur. D’autant plus qu’elle est encore imparfaite. Je dois couper les petits bouts de silicone qui dépassent. Mais rien n’y fait, même débarrassée de ses fils, je ne peux que constater l’aspect peu ragoûtant qu’elle a. En ayant mis trop de colorant rose, mon sex-toy est devenu rouge tomate et me fait penser au diable. S’il y a une couleur que j’aime encore moins que le rose, c’est bien le rouge. Peut-être aurait-il fallu le faire transparent et lui ajouter quelques paillettes ? C’est trop tard. Sa texture irrégulière, parfois fripée, n’aide pas son apparence…
En revanche, je me surprends à me dire que sa tenue, assez agréable, en ferait un bon gadget antistress. Malheureusement, utiliser un sex-toy au bureau en guise d’antistress est une idée pour le moins douteuse. Il ne servira pas non plus à son principal but, le silicone utilisé n’étant pas adapté à une utilisation au contact des muqueuses. Un peu comme les horreurs que l’on fabrique en classe de poterie, ce sex-toy connaîtra le bien triste sort de finir sous un amoncellement de bidules dans le fond de l’un de mes tiroirs. Et il ne reverra pas le jour de sitôt.