Dimanche 9 avril, la candidate du Front national était l’invitée de l’émission Le Grand Jury. À cette occasion, elle a déclaré que la France n’était pas responsable de la rafle du Vél’ d’Hiv.
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Le 9 avril, Marine Le Pen était l’invitée de l’émission Le Grand Jury, diffusée sur LCI, RTL et organisée en partenariat avec Le Figaro. À cette occasion, elle fut interrogée par le journaliste Olivier Mazerolle au sujet de la proposition numéro 97 de son programme présidentiel, à savoir “renforcer l’unité de la nation par la promotion du roman national et le refus des repentances d’État qui divisent”. Pour illustrer la forme que prendrait cette mesure si Marine Le Pen venait à être élue, le journaliste lui a demandé si Jacques Chirac avait eu tort de prononcer son discours sur le Vél’ d’Hiv.
Pour rappel, le 16 juillet 1995, le Président nouvellement élu avait reconnu la responsabilité de la France dans cet évènement tragique, expliquant que “la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable”. La rafle du Vél’ d’Hiv est la plus grande arrestation de Juifs ayant eu lieu sous le régime de Vichy sur le territoire français. En juillet 1942, plus de 13 000 personnes avaient été arrêtées et déportées. Dans son discours, Jacques Chirac avait déclaré : “Ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos tradition. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée, chacun le sait, par des Français, secondée par l’État français.” À l’époque, le père de la candidate, Jean-Marie Le Pen avait qualifié cette action de “dette électorale à l’égard de la communauté juive”.
Près de 22 ans plus tard, la présidente du Front national suit ses traces, en s’inscrivant en faux et en révisant l’histoire : “Je pense que la France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv, voilà. Je pense que de manière générale, plus généralement d’ailleurs, s’il y a des responsables c’est ceux qui étaient au pouvoir à l’époque, c’est pas la France.” Relancée par Olivier Mazerolle, elle ajoute :
“La France a été malmenée dans les esprits depuis des années. En réalité, on a appris à nos enfants qu’ils avaient toutes les raisons de les critiquer, de n’en voir que peut-être les aspects historiques les plus sombres, donc je veux qu’ils soient à nouveau fiers d’être français car je pense que ce lien d’amour qui existe entre les Français et la France, c’est un lien qui est fondamental. Ce lien de confiance aussi entre les Français et la France.
Encore faut-il aussi que la France leur rende et ne donne pas non plus le sentiment, comme l’ont fait nos dirigeants politiques pendant des années, de toujours mettre en place une politique qui vise à avantager les autres plutôt que les nôtres.”
La France qui l’arrange
Face à la polémique qu’ont entraîné ses propos, la candidate a publié un communiqué où elle dit “stop à l’instrumentalisation indigne” et considère que “la France et la République étaient à Londres pendant l’Occupation, et que le régime de Vichy n’était pas la France” :
“Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement, ou Nicolas Dupont-Aignan, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’Occupation, et que le régime de Vichy n’était pas la France. C’est une position qui a toujours été défendue par le chef de l’État, avant que Jacques Chirac et surtout François Hollande, à tort, ne reviennent dessus.
Cette position fait suite à l’ordonnance du 9 août 1944 qui a frappé d’inexistence juridique le régime de Vichy, régime collaborateur et illégal.
Elle n’exonère en rien la responsabilité effective et personnelle des Français qui ont participé à l’ignoble rafle du Vél’ d’Hiv et à toutes les atrocités commises pendant cette période.
L’instrumentalisation politique à laquelle se livrent aujourd’hui quelques personnalités politiques est indigne. En particulier celle des prétendus gaullistes qui salissent ainsi la mémoire et l’œuvre du Général de Gaulle. “
L’historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale Henry Rousso, inventeur du terme “négationnisme”, a ironisé sur la responsabilité de la France dans l’existence et les propos de Marine Le Pen :
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