Dans le cadre de sa loi sur les substances psychoactives, le gouvernement britannique a décidé de rendre illégale la vente de poppers, au grand dam de la communauté gay.
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Au plus grand désespoir de la communauté gay et des fêtards, le gouvernement britannique a décidé d’interdire le poppers.
Hier, le Parlement a voté une loi sur les substances psychoactives, afin d’interdire certaines drogues jusqu’ici légales, comme le gaz hilarant. À cette occasion, il a rejeté l’amendement du Parti travailliste (centre gauche) qui proposait d’exclure le poppers des produits concernés. Cette décision a été prise après un long débat : un député conservateur, Crispin Blunt, a même confié qu’il utilisait lui-même du poppers.
“J’utilise du poppers… J’avoue que je fais partie des utilisateurs de poppers, et je serai directement affecté par cette législation, a-t-il expliqué. Je suis surpris qu’on puisse proposer de l’interdire, et franchement, je pense que beaucoup de gays pensent comme moi.”
Sachant que les députés ouvertement gays sont rares au Parlement britannique, la déclaration de Crispin Blunt est remarquable et un peu irréelle… Ce n’est pas tous les jours qu’un conservateur propre sur lui déclare fièrement, devant tout le Parlement, qu’il consomme régulièrement de la drogue. Malheureusement, son témoignage n’a pas suffi pour empêcher cette interdiction.
Le poppers, qui appartient à la famille des nitrites d’alkyle, est vendu dans de nombreux sex-shops et boîtes de nuits. Si on n’en abuse pas, cette substance n’est pas néfaste en soi : elle détend les muscles, c’est pour cela que les homosexuels peuvent l’utiliser lors de rapports sexuels. Donc son interdiction est assez curieuse, surtout que, dans cette nouvelle loi, la consommation de poppers ne sera pas illégale, mais sa vente oui. Oh, et les députés vont peut-être revenir sur cette interdiction plus tard, parce que le gouvernement souhaite étudier à nouveau ce cas après étude lors d’une session cet été. En gros, ils veulent sauver leur peau au cas où ils auraient merdé.
Pendant longtemps, la communauté gay a été stigmatisée et associée au virus du sida. Bannir une substance, apparemment non dangereuse pour la santé, utilisée par les homosexuels pour maximiser le plaisir, ne rend service à personne, et cela risque même de les stigmatiser encore plus.
Le député travailliste Andrew Gwynne craint que l’interdiction du poppers encourage les homosexuels à utiliser d’autres substances.
“L’autre aspect, c’est que la loi est potentiellement discriminatoire pour un groupe de personnes qui ne font de mal à personne, et qui veulent juste ajouter du plaisir dans leur relation.”
Sans compter que la prohibition n’est jamais vraiment efficace. Dans une lettre adressée à la secrétaire d’État à l’Intérieur, Theresa May, le travailliste Andy Burnham a écrit :
“Je crains que votre nouvelle position (qui consiste à interdire le poppers en attendant une enquête plus poussée) ne cause du tort, notamment à la communauté gay. L’interdiction du poppers, même si elle est temporaire, va peut-être encourager sa vente sur le marché noir, ce qui exposera les consommateurs à de nouvelles substances, plus dangereuses.”
Cette nouvelle loi doit rentrer en application le 1er avril, donc les Britanniques peuvent encore en profiter du poppers quelques semaines.
Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois.