Une Black Panther engagée
Née Alice Faye Williams en 1947, elle change son nom lorsqu’elle emménage à New York, dans les années 1960, pour rejoindre les Black Panthers. Arrêtée avec d’autres membres du mouvement en 1969, elle passe par la case prison avec, en son ventre, une future légende. Afeni Shakur finit par être acquittée de plus de 150 accusations de “complot contre le gouvernement des États-Unis”, contre lesquelles elle se défend elle-même au tribunal.
Quelques mois après avoir retrouvé la liberté, elle donne vie à Lesane Parish Crooks, le 16 juin 1971, dans le quartier de Brooklyn à New York. Si Afeni décide de lui donner ce nom, c’est parce qu’elle craint des attaques contre son fils. Elle déguise donc sa véritable identité avant de le renommer, quelque temps après sa naissance, Tupac Amaru Shakur, après son mariage avec Mutulu Shakur, un autre Black Panther, et en référence à Túpac Amaru (1545–1572), le dernier inca quechua de la dynastie de Manco Inca.
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Une mère en or
Après que son mari a quitté le foyer, elle élève seule Tupac et ses deux demi-frère et sœur. La famille, soudée, ne cesse de déménager, toujours dans une misère extrême que Tupac racontait notamment dans l’interview ci-dessous, l’une de ses nombreuses sorties où il rendait hommage à sa mère. Voilà pourquoi Afeni Shakur, souriante, brave, et battante, était si chère aux yeux de son fils.
“Et puis à leur Noël, il y a de grands et beaux arbres, toutes les jolies décorations, tout le monde a des cadeaux, et il y a des gens qui meurent de faim… Et ils ont un Noël blanc, un superbe Noël. Le lait de poule et tout le bazar. Je ne trouve pas ça juste. J’ai le sentiment que j’ai été lésé. Au lieu de réussir mon avenir, il faut que j’en crée un. Et c’est un sacré boulot, quand on a 21 ans, sans aucun héritage… C’est un sacré boulot d’avoir à bâtir un empire pour sa famille…”
Afeni et ses enfants atterrissent ensuite de l’autre côté des États-Unis, à Los Angeles, là où la carrière musicale de Tupac a explosé. En 1995, un an avant de mourir, Tupac rendait le plus bel hommage que l’on puisse rendre à une mère avec “Dear Mama”. Une incontournable chanson adressée à Afeni Shakur, qu’il a protégée toute sa vie et avec qui il a eu une relation spéciale, entre pauvreté, drogue, absence de père. Une mère qui l’a élevé avec sévérité et rigueur, une mère à qui il disait tout devoir alors qu’elle n’avait rien.
“Aucune femme sur Terre ne pourrait remplacer ma mère”
Tu étais toujours dévouée. Une pauvre mère seule recevant l’aide sociale, dis moi comment tu as fait. Il n’y a pas de moyens que je te rembourse. Mais mon plan est de te montrer que j’ai compris. Tu es appréciée.”
“Quand je déprimais tu étais toujours là pour moi. Et tu ne m’as jamais laissé seul parce que tu t’occupais de moi. Et je pourrais te revoir encore revenir tard à la maison après une journée de travail. Tu es à la cuisine essayant de nous préparer un bon plat chaud. Tu cuisinais juste avec les miettes qu’on t’avait laissées. Et maman faisait des miracles à chaque Thanksgiving. Maintenant les choses se sont gâtées, tu es seule.”
“Tu es appréciée.”
Fidèle garante de l’immortalité de Tupac
Après la mort tragique et prématurée de Tupac, Afeni Shakur a permis à son fils, durant toutes ces années, de rester immortel en préservant le riche patrimoine qu’il a laissé derrière lui.
En 1997, quelques mois après la disparition de son fils, elle créait le “Tupac Amaru Shakur Center for the Arts”. Il s’agit d’un programme communautaire de performances artistiques basé à Stone Mountain, un faubourg de la ville d’Atlanta en Géorgie aux États-Unis, qui donne l’opportunité à des enfants de s’essayer à la danse, au théâtre, à l’écriture et bien d’autres activités créatives. Au fil du temps, ce centre d’arts s’est transformé en un véritable lieu de culte, qui abrite désormais un musée en la mémoire de 2Pac.
Parmi les biens du Tupac Amaru Shakur Center for the Arts, une lettre manuscrite signée Eminem et adressée à Afeni Shakur. À travers ce document dévoilé en juillet dernier, le rappeur de Détroit remerciait la mère de Tupac en lui disant à quel point elle a influencé, au même titre que son fils, sa vie. L’inspirant et l’encourageant, à travers sa personne, à se battre au quotidien.
Par ailleurs, Afeni détenait et contrôlait l’intégralité des droits d’auteurs liés aux œuvres de Tupac, leur assurant une prospérité à toute épreuve. Alors que le tournage du biopic sur le rappeur déchu – dont elle était productrice – vient de se conclure, il est difficile de savoir à qui ces droits reviendront désormais, et s’ils reviendront un jour à quelqu’un. Car cette mission, Afeni Shakur était la seule personne à pouvoir la mener, tant elle était proche de son fils… qu’elle rejoint aujourd’hui.
R.I.P Queen Afeni Skakur. “You are appreciated”