Du haut de ses 27 ans, Harley Weir révolutionne l’univers de la mode avec son empreinte photographique teintée de réalisme à la fois étrange et érotique. La jeune Britannique s’est fait repérer sur Internet à l’issue de ses études au Central Saint Martins College.
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L’œil insolite de Harley Weir séduit autant les plus grandes marques, dont Céline, Stella McCartney, Missoni ou encore Jacquemus, que les artistes les plus exigeants tels que Rihanna, Kendall Jenner et Justin Bieber… Tous ont été conquis par cette vision délicatement naturaliste qui redéfinit les contours de la pudeur. Elle est aujourd’hui une photographe autodidacte (elle a étudié les beaux-arts et non la photographie) au sommet.
Connue pour sa tendance aux gros plans sur l’épiderme qui subliment par l’exagération les détails anatomiques de ses modèles, elle propose sa perception du beau ainsi que sa manière de désirer un corps et c’est sans aucun doute la raison de son succès. Les codes esthétiques de la mode n’ont aucune emprise sur la créativité de la jeune Harley Weir : “Je n’ai qu’un but : susciter une émotion. Que ce soit du dégoût ou un souvenir d’amour importe peu”, confiait-elle à Bullett, en 2012.
Son audace et la sincérité de sa démarche ont payé. La photographe a su se faire un nom dans un milieu très fermé et s’attirer les faveurs d’un large public : son compte Instagram comptabilise aujourd’hui plus de 200 000 abonnés.
Tendresse et impudeur
Dans le travail de Weir, on perçoit certains motifs récurrents : regards effrontés, épidermes texturés, angles insolites et gestuelle désarticulée. Ses images, aussi variées soient-elles, dégagent un magnétisme énigmatique qui se retrouve avec une intensité envoûtante dans chacun des univers qu’elle aborde.
Que ce soit Rihanna en couverture de Dazed (qui remporte d’après nous la palme du cassage d’Internet) ou la campagne pour Calvin Klein montrant entre autres l’actrice Klara Kristin en contre-plongée portant une culotte apparente, les photos de Harley Weir embrassent leur époque, non sans controverse.
En effet, la photo sous la jupe de l’actrice du film Love de Gaspar Noé a suscité la polémique et scindé l’opinion : ceux qui trouvent cette image sexiste et provocante, et ceux qui revendiquent le droit à la provocation dans la création. En imposant ses choix sans concession et en laissant son désir guider son objectif, Harley Weir montre que le politiquement correct et le beau n’ont rien à voir.
Ses photos à l’intimité tendre et décomplexée nous rappellent que le corps humain doit s’émanciper des catégorisations préconçues et sclérosées. Et cela, entre autres, pour le plaisir des yeux. Par ailleurs, Harley Weir ne se contente pas de conquérir le monde de la mode et d’immortaliser les plus grands artistes du moment. Elle a aussi photographié des zones de conflits, et a réalisé deux films documentaires : l’un au Sénégal auprès des lutteurs de Dakar, et l’autre en Inde où elle s’est intéressée à la question de la masculinité.