Tout notre soutien va à l’accent circonflexe.
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Des accents circonflexes qui sautent, des traits d’union qui s’évanouissent ou encore des “ph” qui maigrissent pour devenir, tels des êtres faméliques, des “f”. Horreur et damnation. À la rentrée prochaine, les écoliers, collégiens, lycéens et étudiants verront leurs règles orthographiques mises à jour dans leurs manuels.
Vingt-six ans après avoir été votée, la réforme orthographique approuvée par l’Académie française en 1990 va être (enfin !) appliquée dans les manuels à l’occasion de la réforme des programmes scolaires. Vingt-six années pour quelque 2 400 modifications motivées par une volonté de simplification de la langue française, jugée, peut-être, trop complexe par les Sages, qui seront, comme le souligne le journaliste du Monde Samuel Laurent sur Twitter, appliquées d’un commun accord à la rentrée 2016 par les éditeurs de manuels scolaires, huit ans après que l’Éducation nationale l’a recommandée en 2008, tout en notifiant que les deux orthographes seraient justes.
Du coup, quels sont les points à retenir ?
1. “Oignon” défiguré
Place à une version plus simple, avec le kidnapping du “i”. Ça donne “ognon”. Exactement comment le cancre de votre classe l’écrivait en 4e. C’est moche, hein ?
2. “Nénuphar” perd de sa classe
Trois syllabes pour un voyage, avec ce magnifique “ph” qui se prononçait comme un “f”. Les Sages ont “compris” : allez le “ph”, tu sors, tu es remplacé par le gênant “f”.
3. “Porte-monnaie” s’individualise
Les traits d’union sont un classique de la langue française. On ne sait jamais où les mettre mais on s’attache toujours, comme dans un petit jeu de piste de grammar nazi, à savoir, à comprendre, avec cette pointe d’excitation qui nous donne des frissons. Oui, il nous en faut peu. Par exemple, “court métrage, mais “bande-annonce”. “On s’en bat les couilles” assume l’Académie, le trait d’union c’est fini. Place à “portemonnaie”, “weekend” et “millepattes”.
4. “Coût” perd un bon pote
L’accent circonflexe, tel le toit d’une maison qui sait protéger mieux que quiconque ses lettres égarées, réussit à distinguer des mots qui affichent des “u” et des “i”. “Du” est différent de “dû”, par exemple. Là aussi, ça change. La rigidité est Kaput. Certains mots n’auront plus d’accent, et encore moins de circonflexe. Place à un “cout” sans fantaisie, un “disparaitre” sans plaid. C’est moche mais c’est simple. Selon TF1, “cette partie de la réforme devrait faciliter l’apprentissage de l’orthographe pour les enfants”.
Pour résumer, les “a”, “e”, “o” ne sont pas concernés, à la différence des “u” et “i”, mais qui ont aussi leurs exceptions :
Récapitulons autour de 10 exemples de mots :
Oignon devient ognon
Nénuphar devient nénufar
S’entraîner devient s’entrainer
Maîtresse devient maitresse
Coût devient cout
Paraître devient paraitre
Week-end devient weekend
Mille-pattes devient millepattes
Porte-monnaie devient portemonnaie
Des après-midi devient des après-midis
Dès la rentrée, les éditeurs de manuels et les enseignants devront ainsi se mettre à la page avec ces 2 400 nouveautés – soit environ 4 % de la langue française – et retranscrire avec fidélité ces petits bouleversements orthographiques. Un récent sondage révélait qu’une majorité de Français (55 %) ne maîtrisaient pas, en 2015, les règles orthographiques.